Hanna Nasser, 17 décembre 2021. Mardi à l’aube, les autorités d’occupation ont pris d’assaut le campus de l’université de Birzeit, et, parmi les diverses insultes exprimées pendant l’inspection des locaux, elles ont abaissé le drapeau palestinien de son mât à l’entrée de l’université.
Les forces d’occupation ont violé le caractère sacré de l’université en l’envahissant, ce qui est condamné par les conventions internationales qui insistent sur la préservation du caractère sacré des établissements d’enseignement. Cependant, l’abaissement du drapeau n’est pas seulement condamné, c’est aussi un acte méprisable. L’occupation ne se rend pas compte de ce que le drapeau signifie pour les Palestiniens, non seulement pour les étudiants et les professeurs de l’université, mais aussi pour des millions de Palestiniens dans chaque partie de la Terre Sainte de Palestine. Ils ne savent pas ce que le drapeau représente pour les Palestiniens de la diaspora (*). Le drapeau est un symbole de leur identité palestinienne et de leur existence où qu’ils soient. Chaque Palestinien est un drapeau et un mât, marchant dans la rue et déclarant fièrement « Je suis fier d’être Palestinien ».Il y a plus de 50 ans, lorsque j’étais président de l’université de Birzeit, dans son petit campus situé au centre de la ville de Birzeit, le nombre d’étudiants ne dépassait pas 200 à l’époque. La cour de l’université a été prise d’assaut, et lorsque les soldats d’occupation sont partis, ils ont constaté qu’un étudiant avait dessiné un petit drapeau palestinien, pas plus grand qu’un timbre-poste, sur le portail de l’université depuis l’intérieur. L’officier israélien a alors décidé qu’il ne permettrait pas aux étudiants de quitter le campus de l’université tant qu’il ne saurait pas qui avait dessiné le drapeau. J’ai fait de mon mieux pour convaincre l’officier qu’il n’obtiendrait pas cette information parce que chaque étudiant « avouerait » l’avoir dessiné, et qu’il ne découvrirait donc pas l’identité du véritable artiste. Après des heures de discussion, l’officier a été « convaincu », ses forces ont quitté les lieux et les étudiants ont pu rentrer chez eux.
Les Palestiniens sont très attachés à leur drapeau. Nous voyons des Palestiniens de la deuxième, troisième et quatrième génération en diaspora porter des T-shirts arborant le drapeau palestinien. Des étudiants universitaires à l’étranger accrochent le drapeau palestinien dans leur lieu de résidence. Le drapeau palestinien n’est pas seulement un morceau de tissu coloré. Le drapeau palestinien est la Palestine elle-même ; c’est le symbole de la liberté, c’est le symbole du départ de l’occupation, c’est le symbole de la lutte, c’est le symbole de tout ce à quoi nous aspirons dans le futur.
Mercredi, l’université de Birzeit a hissé une nouvelle fois le drapeau palestinien, sur un mât plus haut qu’auparavant. Ainsi, l’université de Birzeit restera un lieu sûr pour les étudiants, les professeurs et les travailleurs, quelle que soit leur affiliation politique ou partisane. Ils se rencontrent, ont des opinions différentes et se querellent parfois à ce sujet, mais ils sont tous d’accord pour dire que personne ne touchera à leur drapeau palestinien.
(*) On peut penser qu’au contraire, les autorités d’occupation savent parfaitement ce que représente leur drapeau pour les Palestiniens, et que c’est la raison pour laquelle elles s’acharnent à le faire disparaître chaque fois que les Palestiniens le brandissent. (ndt)
Première publication de cet article en arabe sur Al-Ayyam le 15.12.2021.
Publication en anglais sur Middle East Monitor le 17.12.2021 / Traduction MR
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