Partager la publication "Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 138 / 3 août"
Brigitte Challande, 4 août 2024. Le 3 août, Marsel envoie plusieurs informations articulées autour d’un appel qu’il nous lance. Sous la photo d’un petit enfant dont le corps est abîmé, brûlé, Marsel écrit :
Cliquez ici pour consulter les Récits complets.
« L’occupation a confisqué leurs maisons et les a déplacés, a sculpté leurs corps avec une politique de famine, et brûle maintenant leurs corps avec une épidémie de peau, en raison de son refus d’introduire des onguents cutanés. Dans la croyance des seuls criminels et auteurs de génocide, l’onguent peut être perçu comme un missile menaçant leur entité occupante.
Bien que je travaille en silence et que je parle rarement, maintenant je suis obligé de lancer ce cri, et pour la première fois je crierai fort pour secouer vos consciences, ne laissez pas le sort de nos enfants être comme le sort des déplacés du roman « Des Hommes dans le Soleil », ces personnes déplacées qui se sont réfugiées à l’intérieur d’une citerne et sont mortes étouffées parce qu’elles n’ont pas frappé aux parois de la citerne.
Je frappe maintenant aux parois du réservoir de vos cœurs, et je lance cet appel pour aider à arrêter la brûlure de la peau de nos enfants, qui apparaît sur leur peau comme les cratères d’un volcan crachant sa lave sur toutes les peaux et tous les corps de nos petits enfants. »
Marsel envoie une série de photos du corps des enfants, brûlés couverts de maladies de peau.
« Tous les enfants sont infectés par des maladies de la peau, et c’est apparu de manière importante lors de notre mise en œuvre d’une journée médicale gratuite pour les enfants.
Il faut mentionner que l’environnement à l’intérieur des camps, en raison de la pollution de l’eau et de l’utilisation de salles de bains sommaires, de la faiblesse actuelle constitutive des enfants avec la malnutrition, tout cela a grandement contribué à la propagation de cette maladie cutanée incendiaire.
Ce qui a rendu la situation plus catastrophique, c’est que l’occupation empêche l’entrée des pommades cutanées, pensant que la pommade est une bombe nucléaire. Après enquête et recherche avec des médecins, nous avons trouvé que nous pouvons faire une intervention urgente pour arrêter le saignement du corps de nos enfants (vos enfants) en injectant un antibiotique très efficace qui est une excellente alternative aux pommades cutanées et montre une amélioration chez l’enfant après la troisième dose, sachant que chaque enfant a besoin de 5 injections, mais je cherche toujours à trouver des pommades cutanées, car chaque pommade peut bénéficier à plus d’un enfant. »
Photos de la journée de consultation dermatologique gratuite pour les enfants, le 4 juillet, ICI
La suite de cette situation sanitaire extrêmement détériorée dans les camps : le problème de l’eau.
Une partie de la distribution d’eau en partenariat avec la Tente de Solidarité, c’est leur réalité, leur besoin le plus simple.
« L’eau, les médicaments et un abri, ils ont perdu le lieu et l’abri, ils sont devenus des numéros et maintenant ils perdent la valeur du temps parce que la réalité de notre époque est que chaque seconde signifie la chute de beaucoup de nos enfants et de notre peuple à cause de la guerre d’extermination depuis 303 jours.
Le 30 juillet 2024, en partenariat avec la Tente de Solidarité, 5.000 litres d’eau potable ont été fournis aux déplacés du camp d’Al-Ezza, au sud de Deir al-Balah. Il faut noter que cet immense rassemblement de camps de personnes déplacées au sud de Deir al-Balah manque cruellement d’eau, ce qui nous a incité à communiquer d’urgence avec des amis pour fournir cette quantité d’eau, qui n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan des besoins des déplacés en raison de la guerre d’occupation en cours dans la bande de Gaza. »
Photos de la distribution d’eau potable, le 30 juillet, ICI
« Le 31 juillet a eu lieu un atelier de formation et de soutien psychologique en groupe pour les hommes sous la Tente de la Solidarité en partenariat avec l’Association Culture et Libre Pensée. L’atelier vise à réduire les pressions psychologiques, la colère et le désespoir chez les hommes et à leur fournir des compétences pour gérer correctement les membres de leur famille en temps de guerre et de crise. »
Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :
*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.
*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se consacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.
Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.
Pour participer à la collecte "Urgence Guerre à Gaza" : HelloAsso.com
Les témoignages sont également publiés sur UJFP; Altermidi.org