Partager la publication "Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 114 / 27 juin"
Brigitte Challande, 28 juin 2024. Dans la soirée du 27 juin, Abu Amir nous envoie ce texte qui fait écho à un article de Lubna Masarwa et Rayhan Uddin
publié sur le site de l’Agence média-palestine : « La faim est pire que les bombardements… »
Cliquez ici pour consulter les Récits complets.
« Au 265e jour de la guerre contre Gaza, l’occupation poursuit sa brutalité contre les civils dans diverses régions du nord au sud de la bande de Gaza, exerçant sa brutalité dans l’effusion de sang et la destruction de biens.
Aujourd’hui à l’aube, les chars ont envahi la région de Shujaiya au milieu d’intenses bombardements aériens, laissant un certain nombre de martyrs et de blessés qui ont été transférés à l’Hôpital national arabe.
Centre de la bande de Gaza : Selon des témoins oculaires, les chars sont entrés et ont ouvert le feu sur les maisons des citoyens sous couverture aérienne, obligeant les habitants à quitter leurs maisons et à fuir, mais les avions quadricoptères les attendaient pour tuer et blesser un grand nombre d’entre eux.
Des milliers d’habitants de la région ont été de nouveau déplacés vers les zones à l’ouest de Gaza après être retournés chez eux, pensant que l’occupation ne reviendrait plus dans cette zone. Le déplacement a donc été très douloureux cette fois-ci, car l’occupation est entrée dans la région de manière soudaine et sans avertissement préalable, selon ce qu’ont dit les témoins. Depuis le matin, l’occupation n’a pas arrêté sa guerre d’extermination et a non seulement envahi la zone d’Al-Shuja’iya, mais a bombardé de nombreuses zones depuis l’aube d’aujourd’hui, notamment le quartier d’Al-Saudi dans la ville de Rafah, le quartier de Fukhari à l’est du gouvernorat de Khan Yunis, et la région de Beit Lahia et Al-Nuseirat.
L’occupation a également détruit un puits d’eau dans la région d’Al-Zaytoun, au sud de Gaza.
Pour forcer les habitants à partir, la machine à tuer continue dans toutes les zones de la bande de Gaza. La situation humanitaire se détériore rapidement du fait que l’armée d’occupation israélienne continue de fermer le poste frontière de Rafah, stoppant le flux de l’aide humanitaire et des fournitures médicales et privant des milliers de malades et de blessés de partir à l’étranger pour recevoir un traitement.
Depuis 45 jours, l’occupation continue de fermer le passage de Rafah, après en avoir occupé spécifiquement le côté palestinien le 7 mai, au lendemain du début de son invasion terrestre de la ville de Rafah, dans le sud de la bande. Depuis lors, l’occupation a empêché l’entrée de l’aide et des fournitures vitales dans la bande assiégée, et aucune personne malade ou blessée n’a pu sortir pour se faire soigner. La fermeture continue du terminal de Rafah menace le retour de la famine dans la ville de Gaza et dans le nord de la bande, ainsi que sa propagation au sud et au centre, après que les citoyens ont épuisé leurs réserves alimentaires restantes en raison de la rareté de l’aide. Cette rareté s’est reflétée dans le nombre élevé de décès dus à la famine faisant 46 morts, dont la majorité étaient des enfants du nord de la bande et de Gaza-ville.
Le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires, Martin Griffiths, a déclaré : « Environ 96 pour cent de la population de Gaza (2,1 millions de personnes) fait face à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë, dont plus de 495.000 personnes (22% de la population) qui sont confrontées à des niveaux catastrophiques d’insécurité alimentaire aiguë au cinquième stade (cf. un rapport international) ; à ce stade, les familles sont exposées à de graves pénuries alimentaires, à la famine et à l’épuisement de leur capacité à faire face. » Griffiths a déclaré que l’accès humanitaire aux gouvernorats du sud, où vivent plus d’un million et demi de personnes, a considérablement diminué avec la fermeture du terminal de Rafah. Il a souligné que la concentration de la population dans des zones qui manquent largement d’eau, d’assainissement, d’hygiène, de soins de santé et d’autres infrastructures augmente le risque d’épidémie.
Des maladies qui auront des effets catastrophiques sur la nutrition et l’état de santé d’une grande partie de la population. Le rapport souligne que la moitié des familles ont été obligées de vendre leurs vêtements pour acheter de la nourriture, tandis qu’un tiers des familles ont eu recours à la collecte des déchets pour la vendre.
Plus de la moitié des familles ont déclaré qu’elles n’avaient souvent pas de nourriture et plus de 20 % des familles passaient des journées et des nuits entières sans manger.
Plus de 330.000 tonnes de déchets se sont accumulées dans ou à proximité des zones peuplées de Gaza, posant des risques catastrophiques pour l’environnement et la santé. Des sources médicales ont annoncé aujourd’hui la perte de 70% de la liste des médicaments essentiels, mettant en garde contre un épuisement imminent des médicaments et du matériel médical pour des maladies spécialisées telles que le cancer et l’insuffisance rénale. Une mise en garde contre les répercussions de cette grave pénurie de médicaments et de consommables médicaux sur la vie des patients, qui ne peuvent pas quitter la bande de Gaza pour suivre un traitement à l’étranger.
Les sources ont indiqué qu’il existe une grave pénurie de traitements pour fournir des services de soins primaires aux mères et aux enfants, ainsi que de médicaments pour la santé mentale. Il a également mis en garde contre la propagation d’épidémies parmi les patients en raison de leur manque d’hygiène personnelle et de bonne nutrition.
Le représentant de l’Organisation mondiale de la santé en Palestine, Rick Pepperkorn, a souligné que la fermeture du terminal de Rafah a empêché l’évacuation d’au moins 2.000 patients et a appelé à la réouverture du terminal et d’autres routes. »
Mais malgré tout, Abu Amir peut écrire et expliquer qu’à partir du système d’organisation interne des campements de réfugiés : « La société gazaouie est vivante »
« Depuis le début de la guerre en octobre, Israël cherche à détruire tout ce qui est palestinien. Les institutions/organisations civiles n’ont pas été épargnées par l’oppression de l’occupation. Des centaines d’organisations réparties dans la bande de Gaza ont vu leur siège et leur matériel détruits. L’occupation connaît bien l’importance de ces organisations et leur rôle dans la construction de la nation et du citoyen.
Pendant la guerre, ces institutions/organisations ont commencé à travailler à l’intérieur des campements de tentes et à se déplacer d’un endroit à l’autre avec le déplacement des citoyens, afin d’être toujours présentes par leurs services. Beaucoup de ces organisations ont travaillé avec des institutions internationales pour recevoir de l’aide et la distribuer à des centaines d’organisations partenaires, qui à leur tour la distribuent aux personnes déplacées de la bande de Gaza, chacune en fonction de sa région.
On peut dire que plus de 85% des organisations de services et d’aide sont indépendantes dans leurs décisions et leurs affiliations. La plupart de ces organisations ne procèdent que des citoyens, ce qui leur permet de jouer leur rôle de manière transparente.
Malgré la guerre et les déplacements, des dispositifs fonctionnent à l’intérieur des centres d’hébergement et des camps. Tous les camps et centres d’hébergement ont un conseil d’administration, un directeur et des listes de noms et d’identifiants des personnes déplacées dans le camp. Chaque camp a son propre nom et reçoit de l’aide des institutions de la région.
C’est le système utilisé pour le travail des organisations dans la bande de Gaza dans le contexte de la guerre brutale que l’occupation s’obstine à poursuivre afin de tuer les Palestiniens et de détruire leur existence. »
Une vidéo sur la réalité de la vie dans les campements de déplacés.
https://drive.google.com/file/d/1PtfBN3UJH2_rFOxpAIWia5G4jDVG7mwV/view?usp=sharing
Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :
*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.
*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se concacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.
Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.
Pour participer à la collecte "Urgence Guerre à Gaza" : HelloAsso.com
Les témoignages sont également publiés sur UJFP; Altermidi.org