Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 47 / 23 mars (suite)

Brigitte Challande, 25 mars 2024. Par WhatsApp le 23 mars, Marsel confirme toutes les informations horribles concernant la situation à l’hôpital Al Shifa dans la ville de Gaza : il nous envoie, comme Abu Amir, le même témoignage qu’a donné J. Al-Hissy à Al Jazeera :

« Témoignages horribles de la région de Shifa à Gaza : les forces d’occupation ont violé des femmes et tué des familles entières.

Hôpital Al-Shifa, 23 mars.

De son côté, l’Observatoire Euro-méditerranéen des Droits de l’Homme a documenté, samedi 23 mars 2024, plusieurs témoignages identiques concernant l’utilisation délibérée par l’armée d’occupation israélienne de civils palestiniens comme boucliers humains dans le complexe médical d’Al-Shifa et ses environs ; contre leur gré en les plaçant dans des conditions mettant leur vie en danger, afin de sécuriser et de protéger ses forces et ses opérations. Les militaires sont là.

Les forces israéliennes utilisaient des civils malades et déplacés à l’intérieur du complexe médical de Shifa en les exploitant pour renforcer leurs opérations militaires à l’intérieur de l’hôpital, ou pour former une couverture à leurs forces et leurs véhicules militaires, ou en les envoyant sous menace vers les maisons et immeubles d’habitation situés à proximité du complexe médical, pour exiger l’évacuation de leurs résidents.

A l’aube de lundi dernier, l’armée israélienne a pris d’assaut le complexe d’Al-Shifa, à l’ouest de la ville de Gaza, au milieu de tirs nourris et de vols de drones, ce qui a fait des centaines de martyrs et de blessés et l’arrestation de centaines d’autres, en plus des destructions et incendie de dizaines de maisons d’habitation adjacentes au complexe après leur prise d’assaut. »

« A 10h30 ce matin : L’armée d’occupation appelle par haut-parleurs à l’évacuation immédiate du complexe médical d’Al-Shifa. L’armée d’occupation israélienne annonce l’arrestation de 500 Palestiniens de la zone du complexe médical d’Al-Shifa dans la ville de Gaza depuis le début de l’opération d’assaut la semaine dernière. »

Des voix au milieu de la famine dans le nord de la bande de Gaza

« Un rapport met en lumière le crime de génocide et l’utilisation de la famine comme arme de guerre, en présentant certains des témoignages fournis par des hommes et des femmes palestiniennes aux trois institutions palestiniennes des droits de l’homme, le Centre Al-Mezan, Al-Haq et le Centre palestinien pour les droits de l’homme.

La famine contraint des milliers de Palestiniens, hommes et femmes, à fuir du nord de la bande de Gaza vers le sud. Depuis le début de son attaque militaire contre la bande de Gaza le 7 octobre 2023, l’État d’occupation israélien utilise la famine comme arme de guerre, ce qui a conduit à une véritable famine dans certaines zones de la bande et de nombreuses personnes sont mortes de faim, y compris les enfants.

En préparation de leur attaque terrestre sur la bande de Gaza, les forces d’occupation israéliennes ont isolé la zone nord de la bande de Gaza du sud en bombardant des routes et des ponts et en établissant des points de contrôle militaires sur la route côtière et la route Salah al-Din. L’approbation israélienne est désormais requise pour fournir à la population de la nourriture et permettre aux camions d’atteindre la zone nord de la bande de Gaza, dans laquelle il y a environ 300.000 individus. Renforcer le siège et le bouclage de la bande de Gaza et empêcher les mouvements. Empêcher aussi et entraver les opérations de secours : les fournitures médicales et les fortifiants nécessaires aux enfants, en particulier le lait destiné à l’allaitement. Couper l’alimentation électrique et interdire l’entrée de carburant et de diesel en quantités suffisantes pour faire fonctionner les installations et services de base, constitue une méthode fondamentale pour exterminer la population et la pousser à émigrer.

Le nombre de camions d’aide humanitaire entrant dans la bande de Gaza révèle la difficulté des mesures restrictives imposées par les autorités d’occupation à la bande de Gaza depuis le début de l’attaque militaire. Alors que les institutions internationales estimaient le rythme quotidien des camions entrant dans la bande de Gaza en février 2024 à environ 97 camions, ce qui est bien inférieur au minimum qui était estimé à environ 500 camions par jour avant l’agression. Cela a empêché de répondre aux besoins de plus de deux millions de Palestiniens dans la bande de Gaza, dont la survie est désormais menacée.

Empêcher le passage de l’aide humanitaire et du matériel alimentaire vers le nord de la bande de Gaza a provoqué une famine généralisée, car des milliers de personnes ont été privées d’accès à la nourriture et à l’eau qui leur permettraient de survivre. La famine a détérioré davantage la santé des enfants, des femmes enceintes, des malades chroniques et des personnes âgées.

Selon le dernier bilan du ministère palestinien de la Santé à Gaza, le mardi 12 mars 2024, le nombre de décès dus à la malnutrition et à la déshydratation dans le nord de la bande de Gaza s’est élevé à 27 personnes, ce qui a incité certains habitants à s’aventurer dehors et fuir vers le sud de la bande de Gaza dans des circonstances impérieuses, à la recherche de nourriture.

Ces dernières semaines, il est apparu que les forces d’occupation israéliennes ont délibérément ouvert le feu sur des milliers d’habitants affamés, poussés par la faim et l’épuisement de toutes les réserves alimentaires dans le gouvernorat de Gaza et dans le nord de Gaza. Ces personnes se dirigeaient vers des endroits proches des deux frontières israéliennes aux points de contrôle des rues Salah al-Din et Al-Rashid, dans le sud de Gaza pour se retrouver vulnérables à être prises pour cible, ce qui a fait des centaines de martyrs et de blessés.

Le rapport de l’association pour les droits humains https://www.mezan.org/en aborde un ensemble de témoignages donnés par des hommes et des femmes déplacés fuyant la famine. »


Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :

*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.

*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se concacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.

Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.

1ère partie des témoignages : du 20.11 au 15.12. 2ème partie : du 18 au 27.12. 3ème partie : du 30.12.2023 au 01.01.2024. 4ème partie : les 3 et 4 janvier. 5ème partie : les 7 et 8.01. 6ème partie : les 9 et 10 janvier. 7ème partie : du 11 au 15 janvier. 8ème partie : du 16 au 18 janvier. 9ème partie : nouveaux récits, du 16 au 18 janvier. 10ème partie : les 18 et 19 janvier. 11ème partie : les 19 et 20 janvier. 12ème partie : les 21 et 22 janvier. 13ème partie : 22 janvier. 14ème partie : 23-24 janvier. 15ème partie : 25 et 26 janvier. 16ème partie : 25 au 27 janvier. 17ème partie : 28 janvier. 18ème partie : 29 et 30 janvier. 19ème partie : 30.1 et 2.2. 20ème partie : 3 au 6 février. 21ème partie : 7 et 8 février. 22ème partie : 8 février. 23ème partie : 10 au 12 février. 24ème partie : 13 et 14 février. 25ème partie : 16 février. 26ème partie : du 17 au 19 février. 27ème partie : 20-21 février. 28ème partie : 23 février. 29ème partie : 24-26 février. 30ème partie : 26-29 février. 31ème partie : 29 février/1er mars. 32ème partie : 1-2 mars. 33ème partie : 3-4 mars. 34ème partie : 4 mars. 35ème partie : 5 mars. 36ème partie : 6-7 mars. 37ème partie : 8-9 mars. 38ème partie : 10-11 mars 2024. 39ème partie : 13 mars. 40ème partie : 14 mars. 41ème partie : 14-15 mars. 42ème partie : La situation des pêcheur.e.s. 43ème partie : 17 mars. 44ème partie : 19 mars. 45ème partie : 22 mars. 46ème partie : 23 mars.


Pour participer à la collecte "Urgence Guerre à Gaza" : HelloAsso.com

Les témoignages sont également publiés sur UJFP; Altermidi.org