Partager la publication "PALESTINE / Jaffa – Gaza – Jaffa / Prélude à la libération de la Palestine"
Association de Palestiniens en Ile de France, Paris, le 24 mars 2024. Jadis, il y a plus de 2000 ans en Palestine et au Moyen-Orient, lors des funérailles, il était important de recueillir les larmes des vivants pleurant leurs défunts dans des larmoirs que l’on déposait à côté de leur tête. Cette forme d’hommage montrait à ceux qui un jour allaient ouvrir la tombe et voir ces larmoirs, que l’ont avait pleuré les morts qui étaient des êtres chers et aimés.
Aujourd’hui, non seulement il n’y a pas assez de larmoirs afin d’honorer nos morts, mais dans de très nombreux cas, il n’y a plus de tête ou de corps à côté desquels on pourrait les poser. Il n’y a même plus assez de place pour creuser les tombes dans les cimetières et recevoir les innocents massacrés. Et même les cimetières (16) sont régulièrement profanés par l’armée israélienne.
Honneur et mémoire à nos martyrs. Ils sont et seront toujours parmi nous jusqu’à la victoire, jusqu’à la libération de la Palestine de l’occupation et de l’injustice.
La Palestine, terre sainte pour les juifs, les chrétiens et les musulmans, a le malheur d’être comme le reste de la région, le carrefour stratégique de trois continents, l’Afrique, l’Asie et l’Europe. Elle a de tout temps été convoitée, jusqu’à aujourd’hui, par les grandes puissances aussi pour ses richesses.
Du temps des Pharaons, des Assyriens, des Romains, des Hittites, des croisés, de Napoléon, de l’Empire turc, britannique, français, russe et américain, les Palestiniens juifs, chrétiens et musulmans ont subi ou combattu ensemble ces occupations.
Lors de l’occupation anglo-sioniste en 1917, ils luttent ensemble contre cette dernière qui déjà aidait l’installation des premiers colons sionistes après la déclaration du ministre britannique des Affaires étrangères Balfour, promettant l’installation d’un « foyer national juif » en Palestine. Le malheur des Palestiniens est aujourd’hui de subir le jeu des puissances impérialistes soutenant le mouvement colonial sioniste né de l’antijudaïsme européen. Le peuple palestinien paye très cher cette guerre coloniale depuis plus de cent ans avec des souffrances continues à tous les niveaux.
Voyez ci-dessous, cette alliance anglo-sioniste avec la création des S.N.S1 (escadrons spéciaux de nuit) (source : Khalidi Walid, Avant leur diaspora, une histoire des Palestiniens par la Photographie 1876-1948, éd. la Revue d’Etudes Palestiniennes, 1986) composés de colons juifs extérieurs à la Palestine et de soldats britanniques, organisés par ces derniers en 1938-1939 pour les raids sur les villages palestiniens. On voit ici une patrouille de S.N.S conduite par Orde Wingate, officier britannique d’une brutalité peu commune, qui créa les S.N.S, et mit sa tactique au point sur les Palestiniens avant de l’utiliser contre les Italiens en Ethiopie et contre les Japonais en Birmanie durant la seconde guerre mondiale. Comme devait le dire Moshe Dayan, lui-même formé par Wingate dans les S.N.S, « tout officier de l’armée israélienne est, encore aujourd’hui, un disciple de Wingate », l’un des fondateurs de la doctrine sécuritaire sioniste.
L’Irgoun et la Jordanie : Une affiche de l’Irgoun Zvai Leumi (organisation militaire nationale), communément appelée Irgoun (scission de la Haganah, qui engagea une campagne terroriste contre les Palestiniens en septembre 1937. Le terme « Erez Jisraël » signifie « la terre d’Israël » et les lettres hébraïques signifient « la seule solution ». Cette dernière, comme l’indique la carte et le fusil, était l’installation d’Israël, par la force, sur les deux rives du Jourdain, c’est-à-dire en Palestine et en Jordanie. L’affiche peut être datée de 1931 environ .
Lors d’une rencontre publique en mars 2023 à Paris, le ministre israélien des Finances Smotrich reprend la même carte comprenant la Palestine et la Jordanie afin d’afficher les ambitions coloniales de l’État Israël. Source – Finance Minister Bezalel Smotrich speaks in Paris on March 19, 2023 (Ynet screenshot; used in accordance with Clause 27a of the Copyright Law)
C’était hier et encore aujourd’hui, le mouvement colonial sioniste avec son principal allié les USA, les Britanniques et des Européens, dont la France, qui fournissent armes et soutiens divers. Hier et aujourd’hui, c’est le même objectif d’expulser les Palestiniens de leur terre.
Il n’y a pas de gouvernement plus fasciste ou d’extrême-droite aujourd’hui, c’est la continuité du même plan colonial.
Ben Gourion, le leader sioniste qui lira la déclaration de la création de l’État d’Israël le 14 mai 1948 et deviendra le premier Premier Ministre, déclara ce qui suit. C’est lui qui mettra à exécution l’expulsion de la population palestinienne en 1947 / 1948.
La résistance palestinienne avant et après 1948
Dès l’occupation britannique de la Palestine en décembre 1917, les Palestiniens comprennent immédiatement les objectifs d’implantation d’une entité coloniale sur leur terre avec l’intention de les expulser. La résistance s’organise et dès les années 1920, elle s’amplifie. Le 15 avril 1936, le mouvement créé par Izz al-Din al-Qassam organise une opération contre un convoi de taxis sur la route Tulkarem-Naplouse, ce qui sera considéré comme l’événement déclencheur de la Grande révolte arabe en Palestine jusqu’en 1939.
Hier et aujourd’hui les mêmes causes produisent les mêmes effets.
La Nakba – la catastrophe
Le 29 novembre 1947, l’ONU spolie la terre de Palestine. En collaboration avec les grandes puissances de l’époque (URSS, USA, Grande Bretagne et France), élabore un plan de partage de la Palestine sans prendre l’avis de son peuple afin d’en attribuer une partie au futur État colonial Israël. Tout ceci sous couvert de création d’un Etat-refuge suite au génocide des juifs pendant la seconde guerre mondiale.
Malgré tous ses efforts, la résistance palestinienne ne pourra pas venir à bout de l’occupant britannique et son allié sioniste qui ont pratiqué un nettoyage ethnique méthodique de la Palestine. Ben Gourion déclare la création de l’État colonial Israël le 14 mai 1948 et l’occupant britannique met fin à son « Mandat » le 15 mai 1948.
Une partie de la Palestine disparaît sous l’État colonial Israël qui occupe un territoire plus grand que ne le prévoyait le plan de partage avec la destruction de 531 localités palestiniennes et environ 300 hameaux avec l’expulsion d’environ 900.000 personnes et le massacre de plus de 14.000 autres.
Le cas du village de Tantura au sud de Haïfa est de ce point de vu emblématique.
Vidéo sur le massacre et la destruction du village de Tantura en 1948 :
Les localités détruites
Lien carte de la Palestine avec les villages rasés ICI.
La population de Gaza (2,3 millions) est au deux tiers composée de réfugiés originaires des localités du district autour de Gaza incluant 46 localités palestiniennes détruites et rasées, appelées aujourd’hui kibboutz, mais qui sont en réalité des colonies depuis 1948.
Ashkelon (dénomination israélienne) = Askalan (la ville d’origine palestinienne)$
Ashdod (dénomination israélienne) = Esdud (la ville d’origine palestinienne)
Droit au retour, résolution 194 : Palestine de la mer au Jourdain, qu’est-ce que ça veut dire ?
La résolution n° 194 de l’Assemblée générale des Nations Unies a été adoptée à l’ONU le 11 décembre 1948.
« 194. (III) Palestine — Rapport intérimaire du Médiateur des Nations Unies
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L’Assemblée Générale.
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Ayant examiné de nouveau la situation en Palestine,
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[…]
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11. Décide qu’il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent, de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers et pour tout bien perdu ou endommagé lorsque, en vertu des principes du droit international ou en équité, cette perte ou ce dommage doit être réparé par les Gouvernements ou autorités responsables… »
C’est cette résolution qui donne le droit et garantie le retour des réfugiés palestiniens dans leurs foyers, donc sur leurs terres dont ils ont été expulsés depuis 1948.
Ce retour se situe donc, si on regarde la carte de la Palestine historique avec les localités palestiniennes détruites, entre la mer Méditerranée et le fleuve le Jourdain.
Pour ceux qui nous demandent : pourquoi réclamez-vous un territoire où se trouve actuellement l’État d’Israël ? Pourquoi voulez-vous détruire l’État d’Israël ?
La réalité est que c’est la Palestine qui est détruite depuis 1948 et qui a disparu sous Israël.
La résistance palestinienne après 1948
Les Palestiniens luttent afin de rester et revenir sur leur terre d’origine. L’Organisation de Libération de la Palestine est créée en 1964. Elle rappelle dans sa charte son droit historique sur la terre de Palestine de la mer au Jourdain et son droit à la résistance, dont la résistance armée, afin de recouvrir ses droits nationaux et en finir avec l’État colonial Israël.
Elle englobera les organisations palestiniennes qui s’amplifieront après l’occupation des territoires en juin 1967.
Résistance palestinienne en Jordanie
Septembre Noir – 1970, sur ordre de l’impérialisme US, massacre des résistants et de la population palestinienne (entre 25.000 et 30.000 morts).
1982 invasion du Liban pour écraser la résistance ; 32.000 morts dont 12.000 enfants
Le général Sharon déclare : « Nous voulons détruire l’organisation terroriste de libération de la Palestine ».
Intifadas et résistance en Palestine
Décembre 1987 : Première Intifada (Soulèvement populaire)
Accords d’Oslo et création de l’autorité palestinienne collaboratrice d’Israël
Septembre 2000 : Deuxième Intifada
2006 : Elections du conseil législatif dans les territoires occupés en 1967. Le Hamas gagne les élections et un blocus de Gaza est décrété pour demander le désarmement de la résistance.
Juillet 2006 : Guerre d’Israël contre le Hezbollah et la résistance au Liban.
La résistance armée est ancrée en Palestine
2008/2009 : Guerre d’Israël contre le peuple et la résistance à Gaza
2012 : Guerre d’Israël contre le peuple et la résistance à Gaza
2014 : Guerre d’Israël contre le peuple et la résistance à Gaza
30 mars 2017 : Grande marche du retour
2021 et 2022 : Accrochages entre la résistance à Gaza et Israël
Le total des martyrs des guerres d’Israël contre Gaza de 2008 à 2014 est d’environ 4.300 morts. En 2014, le rapport Goldstone décrit déjà un crime de guerre, voire contre l’humanité. Mais aucune sanction ne sera appliquée contre Israël.
Le droit au retour de réfugiés palestiniens
Aujourd’hui et selon l’Institut de recensement palestinien, il y a plus de 14 millions de Palestiniens dans le monde dont plus de la moitié sont des réfugiés depuis l’expulsion de 1948 et ceux issus de l’expulsion de 1967.
La cause du peuple palestinien et de sa résistance est le retour de tous ses réfugiés en Palestine.
101 ans après la déclaration Balfour promettant la création d’un « foyer national juif » en Palestine, en 2018, le peuple palestinien, et en particulier la population de Gaza, organise, indépendamment de toute organisation politique palestinienne, des manifestations de masses pour exiger l’application de son droit au retour ; elles seront réprimées dans le sang.
L’autorité palestinienne
Dans le contexte de l’occupation des territoires palestiniens depuis 1967, interviennent les accords d’Oslo initiés par Yasser Arafat en 1993, créant l’autorité palestinienne dont le rôle est d’aider l’armée israélienne dans sa lutte contre le « terrorisme » des groupes armés de la résistance palestinienne en faisant croire à l’illusion de la création d’un Etat palestinien.
Ce rôle de collaboration sécuritaire continue actuellement dans le contexte du génocide à Gaza.
Les raisons de la colère palestinienne
Parmi ces raisons, il y a évidemment l’occupation depuis 1947 / 1948 et surtout les expulsions de 1948 et 1967.
*Il y a aussi la confiscation des terres et la colonisation depuis 1948.
*Il faut savoir que 93 % des terres palestiniennes ont été confisquées entre 1948 et 1967.
*Il y a évidemment l’emprisonnement des hommes, des femmes et des enfants.
*Il y a les attaques contre les lieux saints dont la Mosquée Al Aqsa et le Dôme du Rocher (lieu saint de l’Islam).
*La répression et les punitions collectives par l’armée, la police israélienne ou les colons (le cas de la répression dans la ville palestinienne de Huwara est significatif de la volonté coloniale d’en finir avec les Palestiniens). Rappelons que l’État d’Israël envisage l’annexion de la Cisjordanie et l’expulsion de ses habitants vers la Jordanie.
*La répression par la police de l’autorité palestinienne collaboratrice d’Israël.
=>Tout ceci constitue des crimes de guerre condamnés à maintes reprises par la « communauté internationale » mais sans aucune sanction.
Évidemment, ces causes ont produit les soulèvements de 1988 et l’an 2000, appelés aussi Intifada.
Soulèvement armé en Cisjordanie
Mais depuis environ 4 ans, se déroule un soulèvement armé en Cisjordanie, en plus de la présence de la résistance à Gaza, où des milliers de jeunes, indépendamment de toute organisation politique palestinienne, se mobilisent au sein des « Lions » de Naplouse, de Jénine, de Tulkarem, de Qalquilya et autres villes ou camps de réfugiés dans les territoires occupés en 1967 et à Jérusalem en conséquence de tous ces crimes de guerre. Ces jeunes luttent pour la libération de toute la Palestine, de la mer au Jourdain.
Vidéo de l’Institut de Recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient (IREMMO).
La réponse de l’État colonial
Suite à l’émergence de ces groupes palestiniens en Cisjordanie, les services de sécurité israéliens, ainsi que les hommes politiques et la population israélienne, agissent selon le schéma classique de la doctrine sécuritaire israélienne institué déjà depuis les années 1930.
Dans une étude de Udi Dekel et Noa Shusterman, publiée il y a environ un an par l’Institut de recherche sur la sécurité nationale israélien, il est fait référence à la succession de Mahmoud ABBAS, le président de l’autorité palestinienne actuelle (87 ans) et la conduite à tenir face aux groupes de jeunes palestiniens armés en Cisjordanie.
L’étude indique que trois personnes parmi les plus proches de la position israélienne pourraient lui succéder, à savoir : Hussein Al-Sheikh, Majed Faraj et Muhammad Dahlan. L’étude prescrit qu’Israël doit soutenir l’un de ces trois et agir selon les axes suivants :
1- Le modèle actuel de l’Autorité palestinienne est le modèle idéal pour Israël, et tout modèle futur doit être similaire à cette autorité existante.
2- Étouffer la résistance sur les plans sécuritaire et économique et assécher l’environnement social qui l’entoure est un objectif qu’Israël, l’Autorité et l’environnement régional arabe doivent œuvrer à atteindre et empêcher toute puissance régionale ou internationale de soutenir cette résistance.
3- La sécurité israélienne prime sur toute exigence palestinienne.
4- Les frontières ne sont pas négociées, mais seront tracées non pas sur la base de la légitimité internationale, mais sur la base du « tracé des frontières qui garantissent à Israël le degré maximum de sécurité ».
5- Les questions de la solution finale seront discutées après qu’Israël aura arrangé sa situation de manière à rendre nulle la liberté de mouvement et la capacité de négociation de l’Autorité palestinienne.
15 mai 2021, répétition générale
Depuis le début de cette année 2021, les colons israéliens mènent une offensive contre les Palestiniens vivant dans les territoires occupés en 1948, puis contre les habitants de Jérusalem où ils essayent d’occuper des maisons, entre autre dans le quartier de Cheikh Jarrah, et contre les fidèles de la mosquée Al Aqsa. Cette situation conduit à des accrochages entre la résistance à Gaza et l’armée israélienne, puis entre les colons et les Palestiniens des territoires de 1948 et ceux de 1967. Ce furent plusieurs jours d’insurrection au cours desquels la police israélienne a perdu le contrôle du territoire.
Le 7 octobre 2023
En conséquence de 75 ans d’occupation et de colonisation, les organisations palestiniennes sur le territoire de Gaza en Palestine, lancent une attaque d’une très grande ampleur contre les casernes militaires israéliennes autour de Gaza et contre les colonies.
Le chef d’état major des forces armées du Hamas, Mohamad Al Deif, annonce le matin du 7 octobre le début de l’offensive « Déluge d’Al Aqsa » au nom de toutes les organisations palestiniennes participantes en précisant « Aujourd’hui nous rendons au peuple palestinien sa révolution dans l’objectif de la libération de toute la Palestine, pour le retour des réfugiés et l’instauration d’un État palestinien indépendant avec Jérusalem pour capitale… Nous demandons aux combattants d’épargner les femmes et les enfants ».
Il est à noter que cette revendication n’est pas celle du Hamas qui réclame un État islamique, mais celle du Mouvement national de libération de la Palestine depuis le début de la lutte il y a une centaine d’année.
Après avoir neutralisé tous les systèmes de sécurité, les combattants ont prit le contrôle de casernes militaires, -notamment celle qui commandait les guerres contre la population de Gaza- en tuant, blessant un certain nombre de militaires (on n’en connaît pas exactement le nombre) et en faisant prisonniers d’autres en vue d’un échange pour la libération de milliers de prisonniers palestiniens. Ils ont aussi pris le contrôle de colonies israéliennes où ils ont fait prisonniers des civils et où il y a certainement eu des actes de vengeance contre ces derniers consécutifs à la vie sous occupation depuis 1948.
Il faut aussi préciser que des centaines de civils gazaouis ont suivi les combattants après qu’ils aient neutralisé et ouvert les barrières de sécurité séparant le territoire de Gaza des autres territoires palestiniens occupés en 1948. Certains aussi ont commis des actes de vengeance et ont fait prisonnier un certains nombre de civils israéliens en vue d’un échange.
C’est la première fois qu’une attaque aussi importante (plusieurs milliers de combattants) de la résistance palestinienne qui se trouve en Palestine, lance une offensive contre le système militaire israélien et le neutralise sur le territoire de la Palestine historique.
Certains faits, dont l’histoire des bébés décapités ou autres, ont été inventés par certains afin de falsifier les faits réels dont l’organisation israélienne ZAKA (voir enquête sur Francetvinfo.fr).
La réponse à l’attaque du 7 octobre est ce que l’on voit tous les jours aux informations, une guerre totale contre la population en termes de massacres de masse – génocide – avec près de 32.000 morts et des dizaines de milliers de blessés (en majorité des femmes et des enfants) ainsi que des milliers de personnes enterrées vivantes encore sous les décombres, plus d’un million de personnes déplacées, des centaines de milliers de personnes en situation de famine, des cimetières profanés, dévastés au bulldozer,…
Cette guerre multipartite contre le peuple de Gaza est menée d’abord par l’État colonial Israël, mais surtout par les USA (ce sont eux qui financent et qui arment), puis par l’Allemagne, la Grande Bretagne, la France et autres pays européens.
Malgré près de 6 mois de guerre totale, le peuple de Gaza reste et résiste sur sa terre et la résistance armée est toujours présente à Gaza, en Cisjordanie ainsi qu’au Sud Liban, au Yémen et en Irak.
Les rapports, dont beaucoup sont étayés de vidéos de la résistance à Gaza, indiquent que plus de 1.100 blindés israéliens ont été détruits ou touchés depuis le 7 octobre 2023 avec un très grand nombre de tués ou de blessés dans les rangs de l’armée israélienne. Cette dernière soumise au bureau israélien de la censure n’indique qu’environ 600 soldats tués et environ 3.000 blessés.
Et après environ 6 mois de combats entre la résistance palestinienne et l’armée israélienne à Gaza, les résistants sont toujours présents en force sur tout le territoire de Gaza et les groupes armés en Cisjordanie se sont renforcés et combattent avec leurs moyens l’armée israélienne, les colons et ses collaborateurs des services de sécurité de l’autorité palestinienne que nous condamnons.
Selon le dernier rapport de la CIA, il faudrait au moins plusieurs années à l’armée israélienne pour se débarrasser de cette résistance palestinienne à Gaza et ailleurs, si elle y arrive !
L’idéologie sécuritaire sioniste selon laquelle Israël est militairement supérieur à tous ses voisins n’acceptant aucune négociation, est battue en brèche. La présence importante et permanente de la résistance palestinienne en Palestine impose un nouveau contexte militaire et politique avec le soutien de la résistance au Liban avec le Hezbollah et autres groupes ainsi que les Yéménites et certains groupes en Irak.
Suite à l’invasion du Liban en 1982 et les dizaines de milliers de victimes, la réponse fut la création du Hezbollah et du Hamas qui sont aujourd’hui les principaux acteurs de la résistance contre l’occupation israélienne.
La grande différence de la situation actuelle par rapport à 1982, c’est que la résistance palestinienne, Hamas et autres organisations, se trouvent en Palestine occupée depuis déjà plusieurs années et avec l’apparition des groupes armés en Cisjordanie depuis 4 ans, ce qui est une première depuis 1948. C’est le premier fait historique, le deuxième étant l’attaque du 7 octobre 2023 qu’Israël n’arrive pas à contrôler, ce qui remet en cause d’une façon permanente la conception idéologique et le système sioniste de sécurité nationale de Jabotinsky à Ben Gourion à Nethanyahu et de tous les Israéliens qui restent des colons et des militaires avant tout.
Il faut bien comprendre cette conception de la sécurité israélienne pour comprendre ce que vivent les Palestiniens depuis au moins 1948. En voici un aperçu tiré de cette étude :
LE « CULTE DE L’OFFENSIVE » DANS LA DOCTRINE MILITAIRE ISRAÉLIENNE Tewfik Hamel Docteur en histoire militaire, Université Paul Valéry – Montpellier 3
Janvier 2023
David Ben Gourion, « La muraille de fer » et la doctrine israélienne…
Dans le cas d’Israël, la doctrine stratégique (politique pour assurer l’atteinte des objectifs nationaux) et la doctrine militaire opérationnelle (méthodes de combat de Tsahal) sont clairement de nature offensive. La première cherche à assurer la préservation de l’État dans des frontières sûres, de plus en plus expansives – intégrant la poursuite de la colonisation. La seconde met l’accent sur l’impératif de porter les hostilités le plus tôt possible en territoire ennemi et, si nécessaire, d’attaquer de façon préemptive/préventive. Depuis sa création en 1948, l’État hébreu (1 Barry Posen, Sources of Military Doctrine, Cornell University Press, Ithaca & London, 1984, p. 14. 2 Ariel Levite, Offense and Defense in Israeli Military Doctrine, Westview Press, New York, 1989, p. 61. 3 Ibid., p. 14; Levite, op. cit., p. 61. 2) s’inspire du sionisme, doctrine politique qui est la colonne vertébrale de la philosophie et de la politique nationales et qui a façonné les institutions. Or, le sionisme tend à considérer la puissance militaire, voire la supériorité régionale, comme le seul moyen de garantir la sécurité nationale. Il considère le conflit israélo-arabe comme long et existentiel et affirme qu’Israël doit s’engager dans cette lutte, jusqu’à ce que la région reconnaisse son droit à l’existence. Le sionisme tend également à privilégier l’attaque comme une tactique de défense et toujours a chercher à résoudre le « dilemme de sécurité d’Israël » en mettant l’accent sur la « paix par la force » ou la « sécurité par la supériorité ». Cette notion suggère que seules la dissuasion, la projection de la force, la puissance militaire, la supériorité technologique et l’autonomie stratégique peuvent garantir la sécurité du pays. Israël désire la paix avec ses voisins, mais paradoxalement estime aussi qu’il ne peut être en sécurité sans les dominer et maintenir le contrôle sur la Cisjordanie, le Golan, Chebaa, etc. De tous les États du système international, Israël semble être l’un des plus « belliqueux » :
1. confondant paix et capitulation. Le concept de « sécurité » est un élément fondamental de la politique nationale d’Israël visant à promouvoir les objectifs du pays et à assurer son existence et sa prospérité. Il joue un rôle central dans l’élaboration de sa stratégie nationale depuis sa création au point que la politique étrangère tend à devenir une extension de la politique de défense, c’est-à-dire qu’elle est subordonnée à des considérations découlant de l’implication du pays dans un long conflit, perçu comme une lutte pour la survie entre des acteurs aux intérêts inconciliables. Les principes stratégiques de la sécurité d’Israël ont été formulés au cours des deux premières décennies de l’État hébreu sous la direction de Ben Gourion, qui s’est, en partie, appuyé sur le concept de « La muraille de fer de baïonnettes juives » de Zeev Jabotinsky pour définir la doctrine de sécurité et de défense nationale. Bien que Jabotinsky soit présenté comme une figure extrémiste, la « muraille de fer » constitue le cœur de la doctrine d’Israël envers les Arabes/Palestiniens
2. Or, le répertoire culturel stratégique qui façonne la stratégie israélienne est limité. Israël a développé, à travers le récit historique de sa « période formatrice » entre 1936 et 1956, un ensemble d’idées et de croyances que ses citoyens ont intégré pour construire et défendre le nouvel État face à une profonde hostilité islamique et arabe.
Donc le problème n’est pas seulement Nethanyahu ou le ministre Smotrich et Ben Gvir, c’est l’éducation de tous les Israéliens qui pensent selon ce schéma de rapport de force et d’écrasement de toute forme de résistance et même de la population civile. C’est ce cadre idéologique qui empêche les Israéliens d’envisager même une quelque négociation politique avec les Palestiniens.
Dans ce cadre, voici les déclarations du rabbin chef de la yeshiva du Seder à Jaffa, paru dans le journal israélien Haaretz, le 09-03-2024, à 13h09 :
« Le chef de la yeshiva du Seder a appelé à tuer toute la population de Gaza : « Aujourd’hui c’est un bébé, aujourd’hui c’est un enfant, demain c’est un combattant »
Le rabbin Eliyahu Mali, chef de la yeshiva du Seder à Jaffa, a déclaré jeudi lors d’une conférence de la yeshiva que toute la population de la bande de Gaza devrait être tuée. « Le message est très clair : vous ne les tuerez pas, ils vous tueront », a déclaré le Mali lors de la conférence tenue à Yavneh. « Les terroristes d’aujourd’hui sont les enfants de l’opération précédente que vous avez maintenus en vie, et les femmes sont en fait celles qui créent les terroristes. On a demandé au Mali si les personnes âgées devaient également être tuées à la guerre et il a répondu : « Il n’y a pas d’innocents, même un vieil homme est capable de prendre un fusil et de tirer. »
Mali a déclaré qu’il n’y avait aucune différence entre « l’homme de 18, 16, 20, 30 ans qui vous brandit une arme » et les enfants de Gaza, car selon lui, ils constituent la future génération de terroristes. « Aujourd’hui, c’est un bébé, aujourd’hui c’est un enfant, demain c’est un combattant. Les terroristes âgés de 18 ans d’aujourd’hui étaient des enfants de huit ans il y a dix ans, lors de l’opération précédente », a-t-il ajouté. »
Une autre déclaration -celle-ci en France- est celle de Monsieur Haïm Korsia, grand rabbin de France, qui dit dans une interview sur France Bleu Pays Basque dimanche 22 octobre 2023, alors que les bombardements israéliens tuaient des centaines de civils à Gaza :
« À Gaza, la population souffre depuis 2007 et je n’ai pas vu de manifestations pour rappeler que la population de Gaza est écrasée par le Hamas depuis 2007. Oui, la bande de Gaza est une prison, mais les geôliers, c’est le Hamas (NDLR : depuis 2007 et la prise du pouvoir du Hamas, un blocus israélo-égyptien a été mis en place). Attention à cette façon de renvoyer dos à dos les parties. Là, on a eu des massacres absolument horribles, sans commune mesure avec tout ce qu’on a pu imaginer, y compris dans un passé relativement récent. Donc là, il y a eu une sorte de haut-le-cœur global de nos sociétés pour dire « on ne peut pas laisser ça ». Après, il y a la loi de la guerre qui est insupportable, mais qui est l’idée qu’un pays peut se défendre. C’est ce que fait Israël. Je connais ses soldats et ses armées qui ont des impératifs éthiques. Maintenant, tout ce qu’il faut espérer, c’est que le mal soit extirpé et que les chemins de la paix soient retrouvés. »
Cette déclaration ressemble à d’autres de certains hommes politiques en France, mais elle interpelle plus parce qu’elle vient du grand rabbin de France qui est une autorité morale et religieuse de premier plan en France, un référent pour environ 300 autres rabbins sous son autorité.
Monsieur le grand rabbin est dans la négation la plus complète de l’occupation de la Palestine et de la bande de Gaza depuis des dizaines d’années avec toute la violence permanente de ces crimes de guerre de la part de l’État colonial Israël.
Le mal est selon Monsieur le grand rabbin apparu avec le Hamas en 2007 et il faut désormais l’extirper selon ses termes avec l’armée israélienne qui a des impératifs éthiques.
Alors, Monsieur le grand rabbin, « extirper le mal » comme vous le dites, c’est aller jusqu’à combien de morts palestiniens ? Et quelle est l’éthique d’une armée coloniale qui massacre comme elle le fait chaque jour ?
Pourquoi ne parlez-vous pas des morts palestiniens de l’occupation et du terrorisme israélien avant le 7 octobre 2023, comme les 32.000 morts dont 12.000 enfants lors de l’invasion israélienne au Liban et les massacrés de Sabra et Chatila, plus de 3.000 civils encore dans une fosse commune à Beyrouth ou encore des 4.300 civils palestiniens massacrés à Gaza par l’armée israélienne pendant les différentes guerres en 2008, 2012, 2014. Avez vous la mémoire sélective, Monsieur le grand rabbin ?
Par ces propos, vous faites non seulement allégeance à un État colonial et son gouvernement accusé de tentative de génocide par la Cour internationale de Justice et vous faites aussi clairement un appel au crime contre le peuple palestinien au nom de toute la communauté des rabbins en France. C’est de l’apologie de crimes de guerre.
C’est évidemment inacceptable de la part d’un rabbin dont la seule éthique doit être celle des dix commandements – Tu ne tueras pas, tu ne voleras pas…..
En tant que Palestiniens de religions juive, chrétienne et musulmane, nous avons appris de nos traditions millénaires de coexistence pacifique entre les trois grandes religions qu’accuser tous les juifs de ce qui se passe en Palestine occupée n’est pas vrai et est injuste. Nous voyons tous les jours les soutiens de citoyens français ou étrangers de religion juive dont des rabbins qui disent « halte au massacre » et appellent à un cessez le feu.
Ce qui n’est pas votre cas, Monsieur le grand rabbin, et c’est dommage.
Le mal n’est-il pas l’occupation et la colonisation Monsieur le grand rabbin ? Le général Sharon, le boucher de Sabra et Chatila, déclare en 2004 : « Il faut bien reconnaître que nous occupons cette terre et nous ne pourrons l’occuper indéfiniment » ! Et là, vous avez beaucoup à faire, Monsieur Korsia.
D’ailleurs, comment interpréter le fait qu’environ 27.000 mercenaires étrangers dont des ukrainiens, espagnols, marocains et autres nationalités soient payés pour combattre les Palestiniens aux côtés de l’armée israélienne, sinon dire qu’il y a un manque criant de citoyens israéliens pour aller combattre et qui préfèrent quitter Israël que mourir pour une terre qui ne leur appartient pas…
Le contexte politique en Israël
Récemment, tous les partis politique israéliens ont à l’unanimité conclu un accord afin de ne donner aucun État palestinien dans quelque endroit que ce soit.
La distribution de 100.000 armes et permis de port d’armes aux colons de Cisjordanie ouvre la voie à plus de répression contre les Palestiniens là-bas.
En 2023, 23.000 unités de logements ont été construites dans les colonies en Cisjordanie et il y a quelques jours 800 hectares de terre ont encore été confisqués par le gouvernement israélien en faveur des colonies dans la vallée du Jourdain.
Quand à la solution à deux États, elle existe depuis le partage inique par l’ONU de la Palestine le 29 novembre 1947 et n’avait pas vocation à être appliquée ; elle a permis aux grandes puissances impérialistes URSS, USA, Angleterre et France de matérialiser une entité coloniale à leur service avec l’alibi du génocide des juifs.
Pour nous, Palestiniens, non seulement elle ne répond pas au droit au retour des réfugiés palestiniens expulsés depuis 1948 et leur droit à l’autodétermination sur leur terre d’origine, elle ne tient pas compte non plus de l’histoire du peuple palestinien, de sa culture, de sa société, qui se sont forgées sur la terre de Palestine depuis des milliers d’années.
Le problème des Palestiniens, c’est l’occupation de toute la Palestine par un État qui empêche l’application de leurs droits légitimes. De fait, c’est l’abolition de ce système colonial et militaire d’Israël qui garantira l’application de ces mêmes droits.
Aujourd’hui, les Palestiniens meurent à Gaza ou en Cisjordanie ou ailleurs en Palestine, non pas parce qu’ils sont pour un ou deux États, mais parce qu’ils sont Palestiniens sur leur terre.
Ce qui s’est passé depuis le 7 octobre est un prélude à la libération de toute la Palestine de la mer au Jourdain, là où se situera l’État de Palestine avec Jérusalem pour capitale.
La résistance palestinienne est et restera définitivement en Palestine, soutenue par la résistance au Sud Liban, au Yémen et en Irak.
Les impérialistes sont confrontés aujourd’hui à ce front très large géographiquement qu’ils ne peuvent pas complètement contrôler ni politiquement et militairement. Les conséquences de l’occupation israélienne en Palestine occupée ont même des répercussions sur l’avenir des relations entre la Jordanie et l’Égypte d’un coté, pourtant alliés stratégiques des USA et leur protégé Israël.
Quel soutien au peuple palestinien ?
S’il est impératif que le soutien doive être, en urgence, humanitaire, il faut soutenir la campagne Boycott Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre l’État d’Israël. Il faut demander l’arrêt par la France des livraisons d’armes à Israël et des sanctions contre ce dernier. Il faut aussi demander à l’Europe d’arrêter sa collaboration financière, économique, scientifique et militaire avec cet État colonial et surtout qu’elle décide de sanctions concrètes.
Sur le plan politique, le soutien à la cause palestinienne passe par :
– Le soutien au droit au retour de tous les réfugiés palestiniens expulsés depuis 1948 sur leur terre et foyers d’origine,
– Le soutien à l’autodétermination du peuple palestinien sur sa terre d’origine, la Palestine de la mer au Jourdain, et son droit à établir un État indépendant, souverain et démocratique avec Jérusalem pour capitale,
– Le soutien à la lutte de libération du peuple palestinien et à sa résistance,
– Le soutien aux prisonniers politiques palestiniens,
– Couper toute relation avec l’autorité palestinienne collaboratrice d’Israël.
Il faut que les soutiens au peuple palestinien en France s’engagent politiquement et syndicalement là où ils résident parce que la lutte du peuple palestinien pour ses droits dans le cadre d’une justice historique et pour sa dignité sera encore longue.
Pour que vive la mémoire de nos martyrs
Vive la résistance du peuple palestinien
Liberté pour les prisonniers politiques palestiniens
Vive la résistance armée en Palestine, au Liban, au Yémen et en Irak
Pour tout contact, mail : assoc.pal.if@gmail.com
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