Partager la publication "Le monde entier sert de vitrine à la puissance militaire d’Israël, et pas seulement les salons de la défense"
Ramona Wadi, 13 novembre 2025. – La France est revenue sur sa décision d’empêcher huit entreprises israéliennes de participer au salon Milipol Paris, consacré à la sécurité et à la défense, qui se tiendra du 18 au 21 novembre. Selon les médias israéliens, la France a affirmé que ce revirement n’était « pas le fruit de pressions israéliennes », alors même qu’Israël avait rapidement averti la France des graves conséquences diplomatiques qu’entraînerait cette interdiction. L’opinion publique est censée croire qu’Israël, dont la technologie est recherchée dans le monde entier, n’a absolument rien à voir avec ce revirement. Même les médias israéliens ne croient pas à cette version.

Campagne BDS contre la participation d’Israël au salon Milipol. Source BDS
Israël s’était dit surpris par l’interdiction, compte tenu du cessez-le-feu à Gaza – un cessez-le-feu violé à maintes reprises et qui ne fait que consolider l’occupation militaire de l’enclave. Un cessez-le-feu, semble-t-il, pourrait exonérer Israël de toute responsabilité pour génocide. Dès lors, pourquoi la France s’opposerait-elle à la participation d’une entité ayant commis – et commettant encore – un génocide à un salon de l’armement pendant un cessez-le-feu ?
Tout en tolérant la présence d’armes israéliennes, la France a également annoncé sa participation, aux côtés de l’Autorité palestinienne, à un comité chargé d’élaborer une constitution pour l’État de Palestine. La France a déjà été à la tête d’initiatives similaires, illustrant une fois de plus comment le soutien des pays occidentaux à la Palestine reste tributaire des exigences d’Israël. Peu importe qu’Israël ait déclaré qu’il n’y aurait jamais d’État palestinien. En réalité, le paradigme des deux États, utilisé dans le jargon diplomatique, permet l’expansion coloniale d’Israël.
La déclaration d’Israël, qui rejette catégoriquement l’idée d’un État palestinien, n’aurait pas lieu sans sa puissance militaire. La France tolère sa présence au salon. De nombreux pays à travers le monde sont devenus dépendants de la technologie de défense israélienne ; ces mêmes pays qui expriment leur soutien à un hypothétique État palestinien, voire qui, pour certains, le reconnaissent.
Lors du Salon international de l’aéronautique et de l’espace de Paris-Le Bourget en juin dernier, la France a dissimulé des armes israéliennes derrière des cloisons noires, provoquant l’accusation d’antisémitisme de la part des autorités israéliennes. Selon Boaz Levy, président-directeur général d’Israel Aerospace Industries, cette dissimulation rappelait « les heures sombres où les Juifs étaient exclus de la société européenne ». La véritable raison de cette décision était que ces armes offensives auraient pu être utilisées à Gaza.
Pourtant, pendant le génocide, la France s’est principalement préoccupée de l’aide humanitaire, révélant ainsi l’hypocrisie de s’indigner d’une exposition et de ne pas s’inquiéter de l’utilisation par Israël de sa technologie militaire à Gaza. On peut en dire autant de la quasi-totalité de la communauté internationale, dépendante des systèmes de surveillance israéliens.
Gaza continue de faire la une de l’actualité et est devenue un sujet de discorde diplomatique. Israël s’est dit choqué par la décision antérieure d’interdire la participation de huit entreprises, compte tenu du cessez-le-feu déclaré à Gaza, tandis que la France a invoqué les manifestations pro-palestiniennes pour justifier cette interdiction. L’exploitation de Gaza est implacable, et lorsqu’il s’agit de prise de décision, Gaza est systématiquement marginalisée pour servir le discours sécuritaire israélien – incarné ici par une technologie militaire synonyme de violence.
Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR