Partager la publication "Preuves manifestes de tortures brutales : l’état des corps des Palestiniens libérés des prisons israéliennes exige une enquête internationale urgente"
Euro-med Monitor, 16 octobre 2025.- L’Observatoire Euro-Med des droits de l’homme est profondément choqué par l’état effroyable des corps des Palestiniens remis par l’armée israélienne après leur détention pendant la guerre génocidaire dans la bande de Gaza. Des preuves manifestes montrent que de nombreuses victimes ont été soumises à des tortures et des sévices délibérés et brutaux, causant d’extrêmes souffrances, tandis que plusieurs semblent avoir été exécutées après leur détention, ce qui constitue de graves violations du droit international. Ces graves constatations nécessitent une enquête internationale urgente et indépendante afin de faire la lumière sur les circonstances de ces crimes et de traduire les responsables en justice, de garantir la justice pour les victimes et de renforcer le principe de non-impunité.
L’équipe de terrain d’Euro-Med Monitor a suivi la remise par les autorités israéliennes des corps de 120 Palestiniens de la bande de Gaza, par l’intermédiaire du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), livrés en trois lots consécutifs : 45 mardi, 45 mercredi et 30 jeudi, dont des dizaines de restes humains non identifiés. Les examens médicaux, les rapports médico-légaux et les observations de l’équipe de terrain ont révélé des preuves concluantes que de nombreuses victimes avaient été tuées après leur détention. Leurs corps portaient des marques évidentes de pendaison, des empreintes de corde autour du cou, des blessures dues à des tirs à bout portant, les mains et les pieds liés par des entraves en plastique et les yeux bandés. Certains corps ont été écrasés sous les chenilles des chars, tandis que d’autres présentaient de graves signes de torture physique, des fractures, des brûlures et des blessures profondes.
Le Dr Munir Al-Bursh, directeur général du ministère de la Santé à Gaza, a déclaré :
« Les corps que nous avons reçus étaient ligotés comme des animaux, les yeux bandés, et portaient d’horribles traces de torture et de brûlures qui révèlent l’ampleur des crimes commis en secret. Ils ne sont pas morts naturellement ; ils ont été exécutés après avoir été maîtrisés. Ces personnes n’ont pas été enterrées sous terre, mais conservées dans les réfrigérateurs de l’occupation pendant de longs mois. »
Un médecin légiste a confirmé que 120 corps avaient été reçus, dont seulement six ont été identifiés. Il a décrit l’état de la plupart des dépouilles comme catastrophique, citant de nombreux exemples de torture et d’exécutions parmi les détenus. Par exemple, le corps numéro H32 NMC 14/10/2025 présentait des traces évidentes d’exécution par pendaison après avoir été attaché et les yeux bandés, avec des marques de torture évidentes. D’autres corps présentaient de graves brûlures et des entraves en plastique aux poignets et aux chevilles. Le médecin a déclaré : « Je n’ai jamais vu de telles scènes auparavant, même après des années d’expérience dans ce domaine. »
Compte tenu de la situation actuelle dans la bande de Gaza, il n’existe aucun mécanisme efficace pour identifier les victimes ou enquêter sur les circonstances de leur détention, de leurs tortures et de leur exécution, ce qui prolonge les souffrances des familles et aggrave l’incertitude et le chagrin des personnes dont les proches sont portés disparus, d’autant plus que des dizaines de corps restent non identifiés.
Euro-Med Monitor appelle au déploiement immédiat de missions médico-légales et médicales indépendantes, ainsi que d’experts en ADN, en coordination avec le CICR, afin d’accélérer l’identification et la remise des corps aux familles. Elle a également appelé à la mise en place de procédures d’urgence pour préserver et documenter les preuves avant qu’elles ne se détériorent, ainsi qu’à l’apport d’un soutien humanitaire et psychologique aux familles des victimes.
Les preuves disponibles révèlent une pratique effroyable d’exécutions sur le terrain et de torture systématique des détenus et prisonniers palestiniens, suggérant une politique délibérée visant à infliger le maximum de souffrances physiques et psychologiques aux personnes détenues, pouvant aller jusqu’à leur exécution. Ces actes reflètent un recours systématique au meurtre et à la torture comme outils de génocide contre les Palestiniens de la bande de Gaza, où les souffrances excessives et la liquidation délibérée des détenus s’inscrivent dans un processus organisé visant à détruire le groupe national palestinien, tant physiquement que psychologiquement.
Ces pratiques constituent des violations graves et complexes, combinant homicide volontaire, torture, absolument interdite par le droit international, traitements cruels et dégradants, et atteinte à la dignité humaine. Elles exigent une enquête internationale immédiate et une responsabilisation pénale de haut niveau.
La plupart des victimes dont les corps ont été restitués restent non identifiées ; les circonstances de leur arrestation, de leur détention, de leur disparition forcée, de leurs actes de torture ou de leur assassinat demeurent donc inconnues. Tuer des personnes menottées, enchaînées et les yeux bandés ne peut en aucun cas être justifié et constitue un crime absolu au regard du droit international, quel que soit le statut de la victime : civil ou combattant capturé après sa détention.
L’état des corps restitués démontre clairement qu’Israël a traité les prisonniers et détenus palestiniens en dehors de tout cadre juridique ou humanitaire, se comportant comme une puissance non soumise au droit international, commettant des homicides et des actes de torture sans rendre de comptes, reflétant une logique de vengeance et d’extermination plutôt que le respect de l’ordre public. La rhétorique officielle, militaire et médiatique, qui a déshumanisé les Palestiniens et normalisé leur représentation comme une population méritant l’extermination, a créé un environnement propice à l’incitation et à l’acceptation de leurs meurtres et de leurs tortures. Cette incitation s’est reflétée dans des pratiques de terrain qui ont dégénéré en une brutalité sans précédent, privant prisonniers et détenus de leurs protections fondamentales et conduisant à des arrestations, des disparitions forcées, des actes de torture et des exécutions. Ces pratiques constituent des indicateurs forts d’une intention génocidaire visant à détruire partiellement ou totalement le groupe, constituant des éléments constitutifs du crime de génocide tel que défini par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide et les normes internationales pertinentes.
Euro-Med Monitor demande que des équipes médicales et de défense des droits humains indépendantes soient autorisées à entrer à Gaza afin de procéder aux examens nécessaires à l’identification des corps et à la documentation des causes de décès. L’absence de mécanismes de vérification efficaces dans les conditions actuelles prolonge l’agonie des familles, entre espoir et deuil, et porte atteinte à leur droit de connaître le sort de leurs proches et de leur dire adieu dans la dignité. La disparition continue de leurs proches et l’incertitude quant à leur sort constituent une forme de torture psychologique et de souffrances persistantes qui exigent une intervention urgente pour y mettre fin et garantir la vérité et la réparation.
Euro-Med Monitor exhorte en outre la Commission d’enquête internationale indépendante des Nations Unies sur le territoire palestinien occupé à inclure ces crimes dans le champ de son enquête en cours sur l’agression israélienne contre Gaza et à les traiter en priorité compte tenu de leur caractère systématique et de l’intention génocidaire évidente qu’ils révèlent.
La Cour pénale internationale a également été exhortée à élargir son enquête en cours pour inclure ces incidents comme crimes de guerre et crimes contre l’humanité, en les replaçant dans le contexte plus large du génocide à Gaza. Les actes documentés – depuis les homicides délibérés de détenus et les graves tortures physiques et psychologiques jusqu’aux disparitions forcées de corps et à l’imposition de conditions mettant la vie en danger – constituent les éléments d’un processus organisé visant à provoquer la destruction partielle ou totale d’un groupe.
Euro-Med Monitor appelle également la communauté internationale, les Nations Unies et ses organes compétents, en particulier les procédures spéciales, à garantir l’obligation de rendre des comptes et à rejeter toute clémence ou dissimulation des auteurs. Le silence ou la simple condamnation verbale face à de tels actes vident de sens le système de justice internationale et érodent la confiance des victimes en lui.
Enfin, Euro-Med Monitor réaffirme que, quelle que soit l’origine des victimes, qu’elles soient civiles ou combattantes capturées pendant les hostilités, rien ne saurait justifier un comportement aussi barbare, qui viole les protections fondamentales accordées par le droit international humanitaire à toute personne privée de liberté.
Article en anglais sur Euro-medMonitor / Traduction MR