« Il n’y a pas de prescription pour les crimes commis par l’occupation israélienne contre les prisonniers. La responsabilité des crimes commis contre les prisonniers palestiniens est une obligation légale et morale. »

Addameer, 15 octobre 2025.- L’association Addameer, dédiée au soutien aux prisonniers et aux droits humains, a suivi de près la libération des prisonniers palestiniens des prisons israéliennes, le lundi 13 octobre 2025. Dans le cadre de la première phase de l’accord de fin de guerre à Gaza, 1.968 Palestiniens ont été libérés, dont 250 condamnés à la réclusion à perpétuité ou à de lourdes peines, et 1.718 Palestiniens de la bande de Gaza, dont deux femmes et 15 enfants. Les autorités d’occupation ont expulsé de force 154 des personnes condamnées à la réclusion à perpétuité vers l’Égypte, tandis que d’autres ont été envoyées à Gaza pour être ensuite expulsées vers l’Égypte, leur destination initiale.

Un prisonnier palestinien libéré, le visage tuméfié et incapable de marcher (capture d’écran de vidéo)

Les prisonniers libérés semblaient épuisés et fragiles, confirmant avoir subi, au cours des quatre jours précédant leur libération, diverses formes d’abus et de mauvais traitements, notamment des coups violents, des humiliations, des entraves prolongées et des menaces de ne parler à aucun média de leurs conditions de détention. Les souffrances prolongées dans les prisons de l’occupation se lisaient sur leurs visages et leurs corps ; beaucoup ont perdu des dizaines de kilos et sont visiblement faibles et épuisés.

Malgré les libérations, les forces d’occupation israéliennes continuent de mener des campagnes d’arrestations à grande échelle dans les villes, villages et camps de réfugiés palestiniens, utilisant l’emprisonnement et la privation de liberté comme outils de contrôle et de punition collective contre le peuple palestinien. Parallèlement, de graves violations continuent d’être commises contre les milliers de personnes toujours détenues. Actuellement, plus de 9.100 prisonniers palestiniens sont incarcérés dans les prisons israéliennes, dont 52 femmes, 400 enfants et plus de 3.544 détenus administratifs, auxquels s’ajoutent 115 prisonniers purgeant des peines de prison à perpétuité, dont neuf sont emprisonnés depuis la signature des accords d’Oslo.

Addameer met également en garde contre la politique continue de l’occupation consistant à réarrêter les prisonniers libérés dans le cadre d’accords d’échange. Comme en 2023, les autorités israéliennes ont réarrêté 30 anciens prisonniers, dont des femmes et des enfants, qui avaient été libérés lors de précédents échanges. En 2025, l’occupation a ré-arrêté 40 personnes, en libérant certaines par la suite, tout en maintenant 15 autres en détention. Il faut noter que cinq cas d’enfants et de femmes ont été documentés comme ayant été ré-arrêtés à deux reprises après avoir été libérés dans le cadre d’accords précédents.

Addameer affirme que les crimes commis contre les prisonniers palestiniens dans les prisons israéliennes constituent de graves violations du droit international humanitaire et du droit international des droits de l’homme, notamment de multiples formes de torture, de mauvais traitements, de négligence médicale délibérée, de détention arbitraire et de procès inéquitables, autant de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité au sens du Statut de Rome de la Cour pénale internationale.

Ces crimes sont imprescriptibles et ne peuvent être ignorés ni abandonnés. Leur mise en cause constitue un devoir juridique et moral pour la communauté internationale, conformément à son obligation de poursuivre les auteurs de violations graves et de veiller à ce qu’ils ne bénéficient pas de l’impunité.

Par conséquent, Addameer appelle la communauté internationale, les organismes des Nations Unies, les mécanismes de défense des droits humains et les États parties aux Conventions de Genève à assumer leurs responsabilités juridiques et morales en assurant la protection des prisonniers palestiniens et en tenant les autorités d’occupation israéliennes responsables des crimes commis à leur encontre. Cette responsabilisation constitue une étape fondamentale vers la justice, la dignité et la liberté pour l’ensemble du peuple palestinien.

Le prisonnier palestinien libéré Mahmoud Abu Foul, 28 ans, a perdu la vue après avoir été brutalement torturé dans les prisons israéliennes, où il avait été emmené de l’hôpital Kamal Adwan en décembre dernier. Des années plus tôt, une frappe aérienne lui avait déjà coûté une jambe. (capture d’écran de vidéo).

Addameer souligne que la famine, la torture, la négligence médicale délibérée et la privation des droits fondamentaux dont souffrent les prisonniers palestiniens exigent une action urgente de la part des populations du monde entier pour faire pression sur leurs gouvernements afin qu’ils prennent des mesures concrètes pour mettre fin à ces pratiques. Cela implique notamment de travailler à la mise en œuvre de l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice, qui réaffirme l’illégalité de l’occupation israélienne et la nécessité d’y mettre fin, et de progresser vers un boycott global de l’occupation à tous les niveaux – militaire, économique, universitaire et culturel – comme moyen légitime et efficace de résister au colonialisme et à l’apartheid.

Addameer appelle également à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers palestiniens, au démantèlement du système judiciaire militaire israélien, qui ne respecte même pas les normes les plus élémentaires de la justice internationale, et à une intensification de la pression politique pour que tous les crimes commis par l’occupation, en particulier ceux commis contre les prisonniers, soient traduits en justice.

Enfin, Addameer souligne que la fin de la guerre ou la cessation des hostilités n’efface pas les crimes ni n’exempte leurs auteurs de poursuites. L’obligation internationale de garantir l’obligation de rendre des comptes reste en vigueur. Les responsables doivent être poursuivis pour toutes les violations graves commises contre les prisonniers palestiniens, et les victimes doivent obtenir réparation et indemnisation, étape essentielle vers la justice et l’équité pour tous les prisonniers palestiniens et leurs familles.

Article original en anglais sur Addameer / Traduction MR