Partager la publication "Septembre 2025 à Jérusalem – un mois de nettoyage ethnique par les autorités israéliennes d’occupation"
Silwanic, octobre 2025. Le Centre d’information Wadi Hilweh a publié son rapport mensuel pour septembre 2025, documentant les événements survenus à Jérusalem, notamment les attentats et les martyrs, ainsi que les violations israéliennes continues, en particulier celles perpétrées à la mosquée Al-Aqsa. Il a également recensé des centaines d’ordres d’expulsion et d’arrestation quotidiens contre des Jérusalémites, ainsi que l’escalade des démolitions, des déplacements et des ordres d’expulsion.
Opérations, martyrs et blessés
Dans un contexte de violations israéliennes quotidiennes à Jérusalem, le mois de septembre a été marqué par des martyrs et des attaques perpétrés par de jeunes Palestiniens, témoignant de l’escalade des tensions.
• 8 septembre 2025 : Lundi matin, Muthanna Naji Amro (20 ans), du village d’Al-Qubaiba, et Mohammad Bassam Taha (21 ans), du village de Qatanna, ont mené une double attaque à l’arme blanche dans la rue de la colonie de Ramot, construite sur les terres de Shu’fat et Beit Hanina, au nord de Jérusalem. L’attaque a fait sept morts et des dizaines de blessés parmi les colons.
• 12 septembre 2025 : Mohammad al-Daba’i-Shawamreh (42 ans), du camp de réfugiés de Shu’fat, a commis une attaque au couteau dans un hôtel à l’ouest de Jérusalem, blessant deux colons.
• 30 septembre 2025 : Mahdi Mohammad Awad Diriya (32 ans) (photo ci-dessous) a perpétré une attaque à la voiture bélier au carrefour al-Khader, sur la route 60, au sud de Jérusalem, blessant deux colons. Le jeune homme a été abattu par un colon après l’attaque.
Mosquée Al-Aqsa : Agressions quotidiennes et raids saisonniers
En septembre, la mosquée Al-Aqsa a été le théâtre de graves violations commises par des colons, avec le soutien direct du gouvernement et des forces d’occupation israéliennes sur le terrain. Ces violations comprennent des raids quotidiens et des prières collectives et publiques, sauf les vendredis et samedis. Ces raids ont eu lieu à deux moments : le matin (7h-11h30) et l’après-midi (13h30-15h), par la porte des Imams, sous contrôle israélien depuis l’occupation de la ville.
Le nombre de colons ayant pris d’assaut la mosquée Al-Aqsa au cours du mois a dépassé les 5.000. Lors de ces incursions, les colons, menés par des rabbins renommés, ont accompli des rituels religieux publics, notamment en soufflant plusieurs coups de trompette à l’intérieur de la mosquée, en priant, en se prosternant collectivement, en chantant, en dansant et en applaudissant. Ils ont également apporté des instruments de prière sacrés et ont accompli des prières individuelles et collectives dans différentes cours de la mosquée.
Au cours du mois de septembre, et plus précisément le 22 septembre, a débuté la plus longue saison des fêtes juives, connue comme la saison des attaques et des violations à Al-Aqsa. Les incursions ont connu une augmentation importante, et des prières spéciales ont été célébrées pour les fêtes. Cela a commencé avec la célébration du « Nouvel An juif ». Pendant trois jours consécutifs (du 22 au 24 septembre), 1.315 colons ont mené des incursions massives dans la mosquée Al-Aqsa, dans le cadre d’un programme d’incursions le matin et dans l’après-midi pour célébrer la fête, suivies de jours de jeûne et de jours de repentir. Le dernier jour du Nouvel An juif, des groupes extrémistes du Temple ont publié des statistiques sur les prises d’assaut de la mosquée Al-Aqsa au cours de l’année juive écoulée. Ils ont annoncé que 58.310 colons ont pris d’assaut la mosquée Al-Aqsa, du 3 octobre 2024 au 22 septembre 2025, soit une augmentation de 14 % par rapport aux 51.223 intrus de l’année précédente. Les groupes ont expliqué qu’environ 200 futurs mariés ont célébré leur mariage, tandis que 370 jeunes hommes (lycéens et groupes préparatoires à l’armée) ont participé à l’assaut d’Al-Aqsa, soit près du double du nombre enregistré l’année dernière. Les forces d’occupation ont également continué d’imposer diverses restrictions à l’entrée des fidèles musulmans à Al-Aqsa, notamment les jours fériés et les vendredis. Ces restrictions comprenaient des contrôles d’identité, des détentions, des refus d’entrée, des fouilles, des séquestrations, des passages à tabac et des arrestations aux portes d’Al-Aqsa.
La période des fêtes juives a été précédée de convocations adressées aux Palestiniens de Jérusalem et des territoires palestiniens, notamment aux femmes, aux jeunes, aux garçons et aux militants. L’accès à la mosquée Al-Aqsa leur a été interdit, initialement pour une semaine, puis pour des périodes allant de deux à six mois. Au total, plus de 270 interdictions ont été prononcées.
De la Porte des Immondices au Mur d’Al-Buraq : le nouveau tunnel de colonisation
En septembre, les autorités d’occupation israéliennes ont inauguré une nouvelle section du tunnel de colonisation, connue sous le nom de « Route des Pèlerins », dans le quartier de Wadi Hilweh à Silwan, au sud de la mosquée Al-Aqsa. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et le secrétaire d’État américain Marco Rubio étaient présents à la cérémonie d’ouverture. Le nouveau tunnel s’étend sur environ 600 mètres ; il part de la Porte des Immondices-Givati et arrive au Mur d’Al-Buraq. L’occupation affirme que le tunnel était le passage historique reliant la source de Silwan au prétendu « Second Temple ».
Ce projet s’inscrit dans la continuité de la première section, inaugurée en 2019. Des études historiques confirment que le passage a été construit par les Romains pour servir de marché et de place publique, indépendamment de tout lien présumé avec le « Temple ».
Evictions et expulsions frappent aux portes de Jérusalem : une dangereuse escalade à Silwan et Sheikh Jarrah
Septembre 2025 a été marqué par une dangereuse escalade des ordres d’expulsion visant les familles jérusalémites, dans le cadre des plans de judaïsation des quartiers de Silwan et Sheikh Jarrah.
Le Centre d’information Wadi Hilweh a signalé que les décisions des autorités israéliennes de septembre ont menacé d’expulsion 39 appartements à Silwan et Sheikh Jarrah, tandis que plus de 350 personnes risquent de se retrouver sans abri et de connaître un sort inconnu.
Le Centre a suivi l’évolution de la situation dans le quartier de Batn al-Hawa à Silwan, où le Département israélien des exécutions et de l’application des peines a remis à trois familles des avis leur ordonnant de quitter leur domicile avant le 19 octobre 2025 :
• La famille Odeh : un appartement. • La famille Shweiki : deux appartements. • La famille Rajabi : trois appartements.
Les tribunaux israéliens ont également émis des ordonnances supplémentaires d’expulsion de plusieurs autres immeubles, notamment :
• L'immeuble Zuhair al-Rajabi et frères, composé de sept appartements. • Trois immeubles appartenant à la famille Yaqoub al-Rajabi, comprenant 11 appartements. • L'immeuble Abd al-Fattah al-Rajabi, comprenant quatre appartements. • Deux immeubles résidentiels appartenant à la famille Basbous : le premier est un immeuble de trois étages comprenant quatre appartements, et le second est un immeuble de deux étages comprenant deux appartements.
Le Centre a expliqué que tous les bâtiments et appartements menacés à Silwan relèvent d’un plan de colonisation de l’association Ateret Cohanim, qui veut saisir environ 5.200 mètres carrés dans le quartier « Al-Hara Al-Wusta » de Batn al-Hawa, dont les propriétaires juifs revendiquent la propriété depuis 1881.
Une audience a également eu lieu au tribunal de district pour examiner le cas de la famille Sabbagh, du quartier de Sheikh Jarrah. Le juge a rejeté l’expulsion de la famille à la condition qu’elle verse un loyer mensuel de 4.000 shekels (1.060€) à l’association de colonisation « Nahalat Shimon ». Cette décision est extrêmement dangereuse, car elle reconnaît implicitement la propriété du terrain à l’association, contrairement aux ordonnances de gel précédentes, qui stipulaient que le loyer devait être versé uniquement au tribunal. L’immeuble Sabbagh, composé de cinq appartements, est habité par environ 35 personnes, des réfugiés de Jaffa déplacés en 1948.
Persécution des Palestiniens de Cisjordanie : balles et arrestations
Septembre 2025 a été marqué par une escalade de la politique de persécution des Palestiniens détenteurs de cartes d’identité de Cisjordanie, sous prétexte d’entrée « illégale » à Jérusalem, avec des tirs directs et des arrestations massives.
Le martyr Sanad Najeh Hantouli, 25 ans, originaire de Jénine, a été tué par balle par les forces d’occupation dans le quartier d’Al-Dahiya, près de Beit Hanina, au nord de Jérusalem. Le Centre a expliqué que la mort de Hantouli porte à quatre le nombre de travailleurs palestiniens exécutés par les forces d’occupation depuis début 2025, soit alors qu’ils tentaient d’entrer à Jérusalem, soit alors qu’ils travaillaient dans la ville.
Plusieurs blessés ont également été recensés au cours du mois, notamment par balles réelles sur des Palestiniens détenteurs de cartes d’identité de Cisjordanie alors qu’ils tentaient d’entrer dans la ville.
Arrestations et déportations
Les forces d’occupation ont arrêté des centaines de personnes à Jérusalem, libérant un certain nombre d’entre elles sous condition d’expulsion de la ville, tandis que des actes d’accusation ont été déposés contre d’autres.
Campagnes d’arrestations ininterrompues
En septembre 2025, les autorités d’occupation ont poursuivi leurs campagnes d’arrestations quotidiennes à Jérusalem, ciblant enfants, jeunes, femmes et personnes âgées, ainsi que des centaines de jeunes hommes détenteurs de cartes d’identité de Cisjordanie sous prétexte de « résidence illégale ».

Saccage du domicile de Cheikh Najeh Bkeirat dans le village de Sur Baher à Jérusalem (dossier photos ICI).
Les forces israéliennes ont également continué de perquisitionner les domiciles des prisonniers libérés, fouillant et saccageant leur contenu, et confisquant argent, bijoux et véhicules. Cette mesure faisait suite à une décision du ministre israélien de la Défense de suspendre les allocations versées aux prisonniers par l’Autorité palestinienne, au motif qu’elles « encouragent les attaques ».
La politique de harcèlement des prisonniers s’est poursuivie : convocation immédiatement après leur libération, après la fin de leur peine, et imposition de restrictions aux familles, notamment interdiction de se rassembler et d’accueillir les prisonniers, ainsi que interdiction de hisser des banderoles et des drapeaux.
Parmi les personnes arrêtées au cours du mois figurait le cheikh Mohammad Sarandah, prêcheur de la mosquée Al-Aqsa, arrêté à l’intérieur de la mosquée après avoir terminé son sermon du vendredi et accompli ses prières, pour « incitation ». Il a ensuite été libéré sous condition d’interdiction d’accès à la mosquée Al-Aqsa. Cette mesure s’inscrit dans le cadre de la politique israélienne de persécution des personnalités religieuses palestiniennes à Jérusalem, par le biais d’arrestations, d’expulsions et d’ingérences dans les affaires de la mosquée Al-Aqsa.
Les autorités d’occupation ont également poursuivi leur répression contre la scène culturelle de Jérusalem, perquisitionnant une librairie de la ville, arrêtant son propriétaire et confisquant plusieurs livres sous prétexte qu’ils contenaient des « contenus incitatifs ».
Démolitions et déplacements
La politique de démolition a continué à Jérusalem en septembre, sous prétexte de « construction sans permis ».
Le Centre a recensé 20 démolitions et fermetures d’immeubles résidentiels, commerciaux et agricoles. Les méthodes de démolition utilisées comprenaient :

Abed Al-A’mas obligé de détruire l’appartement qu’il avait construit pour son fils (dossier photos ICI).
• L’autodémolition/démolition forcée : des familles ont été contraintes de démolir leurs maisons pour éviter de lourdes amendes ;
• La démolition directe effectuée par des équipes de la municipalité israélienne, accompagnées de forces de l’ordre.
Les autorités israéliennes ont également continué d’émettre des ordres de démolition, des avis d’arrêt des travaux et des sommations de se présenter à la municipalité, dans le cadre d’une politique systématique d’intimidation.
La nouvelle « rentrée scolaire » et la pénurie de salles de classe
Avec la rentrée scolaire à Jérusalem en septembre 2025, l’enseignement a été confronté à des défis majeurs, notamment une grave pénurie de salles de classe, qui a atteint 1.461, selon les estimations de la Fondation Ir Amim.
La fondation a expliqué que le ministère israélien de l’Éducation stipule que toute nouvelle salle de classe ou école créée dans le cadre du plan de développement gouvernemental sera soumise à la condition de fonctionner exclusivement selon le programme israélien.
Dans la ville de Silwan, l’année scolaire a débuté par une grève générale et illimitée, déclarée par le Comité des parents d’élèves, pour protester contre les décisions israéliennes affectant l’avenir des élèves. Ces décisions comprennent : le transfert des élèves du collège de Silwan vers l’école Silwan Al-Shamila, la transformation de l’école en établissement mixte enseignant le programme israélien et la nomination des directeurs d’école sans consultation du Comité des parents d’élèves.
Pour briser la grève, la police d’occupation a lancé une campagne d’arrestations de plusieurs membres du Comité central des parents d’élèves, dont son porte-parole, Ramadan Taha. Ce dernier a ensuite été libéré sous de lourdes conditions : interdiction d’entrer dans les écoles de Jérusalem, interdiction de participer à des sit-in pendant un mois et interdiction de communiquer avec les directeurs d’école et les enseignants.
Article original en anglais sur Wadi Hilweh Center / Traduction MR