Israël tente de diffamer la flottille d’aide humanitaire pour Gaza en la qualifiant de « terroriste ». Ne le laissons pas faire ! Sonnons l’alarme !

Yanis Varoufakis, 21 septembre 2025. La tactique d’Israël est éprouvée. Avant ou après avoir attaqué, mutilé ou tué quiconque il souhaite « éliminer », il l’appelle Hamas. Au moment où ces lignes sont écrites, Israël déploie la même campagne de diffamation contre la flottille mondiale Sumud, ces personnes remarquables – médecins, avocats, journalistes, étudiants, travailleurs et parlementaires – qui naviguent vers la côte ensanglantée de Gaza pour briser le siège israélien d’une terre dévastée où le génocide de deux millions de Palestiniens se déroule à un rythme mécanique, impitoyable et calculé.

Sans surprise, alors que des dizaines de bateaux convergeaient de toute la Méditerranée vers Gaza, la machine de propagande israélienne s’est mise à hurler « Hamas ! » à tue-tête, taggant de rouge les mots « FLOTILLE DU HAMAS » sur les photos de ses bateaux. « Ce n’est pas humanitaire. C’est une initiative djihadiste au service du programme du groupe terroriste », a hurlé le ministère israélien des Affaires étrangères. Mais ce n’est pas tout.

Si vous avez cherché « Flottille mondiale Sumud » sur Google samedi, les résultats de recherche que vous avez obtenus pourraient avoir été écrits par la machine de propagande israélienne. On y trouve notamment des sites web sponsorisés avec des titres tels que « Les véritables objectifs de la flottille… Comment les campagnes “humanitaires” sont-elles exploitées ? », « Démasquer la flottille du Sumud » et « Les flottilles “humanitaires” ne sont-elles que de la propagande ? Lisez les faits. » Quiconque poursuit sa lecture à la recherche des « faits » promis s’expose à l’argument diffamatoire décisif : le Hamas est derrière la flottille.

Ce n’est bien sûr pas un hasard si Google joue le rôle de porte-voix pour la machine génocidaire israélienne. L’occupation des territoires palestiniens par Israël, ainsi que son génocide à Gaza et son nettoyage ethnique à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, constituent le laboratoire et le terrain d’essai idéal des géants de la tech. Comme l’a révélé le rapport de Francesca Albanese « De l’économie de l’occupation à l’économie du génocide » aux Nations Unies, Alphabet, la société mère de Google, ainsi que Microsoft, Amazon et Palantir, ont développé leurs services cloud à un rythme effréné. Logiciels de reconnaissance faciale, algorithmes de sélection de cibles et systèmes d’exécution automatisés sont testés en temps réel, à volonté, et avec moins de contraintes éthiques que lors d’expériences sur des rats de laboratoire. Les géants de la tech ne pourraient être plus heureux !

Mais assez parlé de l’économie politique du génocide et de la complicité des géants de la tech dans celui-ci. Ce à quoi nous assistons ici, maintenant, est une campagne de diffamation active qui se déroule en préparation d’une attaque contre les courageux qui naviguent vers Gaza pour sauver nos âmes – pour proclamer haut et fort « PAS EN NOTRE NOM » en notre nom et au mien.

Ces personnes, notre peuple, sont sur le point d’être attaquées, enlevées, emprisonnées, voire pire. Leur diffamation est le premier acte d’un nouveau crime de guerre israélien. L’heure n’est pas à l’analyse, mais à l’action. Il est temps de tirer la sonnette d’alarme, de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour accroître les pertes discursives et propagandistes d’Israël en « éliminant » les courageux hommes et femmes de la flottille mondiale Sumud.

 

La première chose à faire est de dire au monde la vérité sur les personnes à bord de la flottille. De contrer leur représentation par Israël comme des djihadistes déterminés à détruire les Juifs. Et le meilleur moyen d’y parvenir est de les laisser s’exprimer avec leurs propres mots. Des mots comme ceux de David Adler, mon ami, camarade et associé, qui nous a envoyé une longue lettre expliquant pourquoi il a embarqué à Tunis sur le navire « Family », aux côtés de Kieran Andrieu de Novara Media, pour Gaza. Dans sa lettre, David déclare :

La « famille » du « BATEAU FAMILLE » Les membres du bateau attaqué en mer dans le port de Sidi Bou Said en Tunisie après 8 nuits de navigation depuis Barcelone, il y a une semaine. Une fois réparé, le voilier Famille a repris la mer. 

« Nous approchons maintenant du deuxième anniversaire de ce génocide : deux ans à défiler devant des images insoutenables de massacres, deux ans à voir nos gouvernements le permettre, deux ans à me sentir impuissant à l’arrêter.

Issu d’une famille juive des États-Unis, je ressens ce sentiment comme une profonde indignation : des crimes contre l’humanité commis en mon nom, pour ma “sécurité”, avec le symbolisme qui ornait autrefois ma synagogue. Mon identité, pour moi, implique donc une responsabilité particulière : faire tout ce qui est en mon pouvoir pour mettre fin aux massacres, sauver des vies et affronter l’État d’Israël qui déforme mon identité au profit de son programme génocidaire.»

C’est le genre de personne que le ministère israélien des Affaires étrangères qualifie de partisan du terrorisme antisémite. Normalement, il ne s’agirait que d’une diffamation, au pire d’une incitation à « éliminer » David, pour le laisser sans deuil si un tireur fou tire sur lui, pensant avoir attrapé un terroriste. Mais non, ce n’est pas ce que fait Israël.

Au moment où vous lisez ceci, Israël se prépare à violer le droit international en attaquant les navires. Autrement dit, Israël s’efforce de s’auto-inciter à éliminer David et ses compagnons de flottille. Nous seuls pouvons les arrêter. Comment ? En faisant suffisamment de bruit, en sensibilisant suffisamment dès maintenant pour que les esprits froids et calculateurs des fonctionnaires israéliens du génocide comprennent que kidnapper nos militants leur coûtera plus de points en termes de propagande qu’ils n’en gagneront.

Comme toujours, c’est à nous de jouer. Stoppons l’attaque israélienne contre la flottille mondiale Sumud maintenant !

Article original en anglais sur Novaramedia / Traduction MR

Yanis Varoufakis est un économiste et homme politique grec.