Partager la publication "Communications, internet : comment les Israéliens (et Elon Musk) organisent l’isolement numérique des Palestiniens"
Le réseau satellitaire Starlink, propriété d’Elon Musk, a commencé à opérer en Israël… Mais le milliardaire américain a décidé que son service n’assurerait pas la couverture réseau pour les territoires palestiniens.
Alice Moreno, 23 aout 2025. Lancé il y a un an et demi dans la région, Starlink repose sur un réseau de centaines de milliers de petits satellites en orbite basse, offrant une connexion internet rapide même dans les zones mal desservies par les infrastructures classiques comme les antennes relais ou les câbles souterrains. La connexion est alors rendue possible dans des zones montagneuses, désertiques. Mais la couverture promise par Starlink se limite aux frontières d’Israël telles que définies en 1967, excluant donc la Cisjordanie et la bande de Gaza. Sur place, personne n’est étonné : un jeune homme rencontré à Ramallah évoque même une décision attendue, logique d’Elon Musk, et dans la continuité du soutien américain à Israël.
Réseau 2G à Gaza, 3G en Cisjordanie
La couverture réseau dans les territoires palestiniens est très mauvaise : la bande de Gaza dispose seulement d’un réseau téléphonique 2G, et depuis le 7-Octobre les coupures totales sont fréquentes. Quant à la Cisjordanie, les habitants ont accès à un réseau 3G capricieux, alors qu’Israël a déjà accès à un débit 5G beaucoup plus efficace, fiable et sécurisé.
À Ramallah, la capitale administrative de l’Autorité Palestinienne, les communications sont relativement faciles même si elles demeurent instables. Mais dans le reste du territoire de Cisjordanie, cela devient beaucoup plus délicat : certains secteurs sont complètement isolés, et même des villes relativement importantes, comme Naplouse ou Jénine, n’ont pas toujours accès aux télécommunications. Pour pallier le manque de réseau, certains Palestiniens disposent de deux téléphones, l’un avec une puce palestinienne, l’autre avec une puce israélienne. Cela représente un coût double et une logistique complexe.
Israël contrôle les ondes et les fréquences
Tout cela s’inscrit dans une politique de colonisation, où tout est mis en place par les autorités israéliennes pour isoler les Palestiniens les uns des autres, et les isoler du monde extérieur. Depuis les accords d’Oslo, Israël a officiellement le contrôle sur les ondes et fréquences dans les territoires palestiniens.
Et cela implique aussi des questions de sécurité : la sécurisation des appels et messages est plus solide avec un débit 5G, tandis qu’un débit 3G présente encore des failles de sécurité. Des logiciels espions peuvent donc plus facilement s’immiscer dans les échanges, récupérer des données privées des utilisateurs… Une notion que les Palestiniens ont bien à l’esprit et qui ne fait qu’accroître leurs inquiétudes.
Source : France Info