Al Jazeera, 16 août 2025.- Les États-Unis ont annoncé qu’ils suspendaient tous les visas de visiteur pour les personnes en provenance de Gaza dans l’attente d’un examen « complet et approfondi », un jour après que des publications sur les réseaux sociaux concernant les réfugiés palestiniens ont suscité des réactions furieuses de la part de la droite.

La décision du département d’État samedi est intervenue un jour après que la militante d’extrême-droite et alliée de Trump, Laura Loomer, a publié sur X que les Palestiniens « qui prétendent être des réfugiés de Gaza » sont entrés aux États-Unis via San Francisco et Houston ce mois-ci.

« Comment est-ce que permettre aux immigrants islamiques d’entrer aux États-Unis est la politique de ‘America First’ ? », a-t-elle déclaré sur X dans un post ultérieur, avant de signaler d’autres arrivées de Palestiniens dans le Missouri et affirmant que « plusieurs sénateurs américains et membres du Congrès » lui avaient envoyé un texto pour exprimer leur fureur.

Parmi les législateurs républicains qui se sont exprimés publiquement, citons Chip Roy du Texas, qui a déclaré qu’il se renseignerait sur l’affaire, et Randy Fine de Floride, qui a décrit les arrivées présumées comme un « risque pour la sécurité nationale ».

Samedi, le département d’État a annoncé qu’il arrêtait les visas pour les « individus de Gaza » pendant qu’il procédait à « un examen complet et approfondi du processus et des procédures utilisés pour délivrer un petit nombre de visas médico-humanitaires temporaires ces derniers jours ». Il n’a pas fourni de chiffre.

Les États-Unis ont délivré 640 visas aux détenteurs de documents de voyage de l’Autorité palestinienne en mai, selon l’agence de presse Reuters. Les visas de visiteur B1/B2 permettent aux Palestiniens de se faire soigner aux États-Unis.

« Décision dangereuse et inhumaine »

Des groupes d’aide ont exhorté les États-Unis à revenir sur leur « décision dangereuse et inhumaine ».

Le Fonds de secours pour les enfants palestiniens (PCRF) a déclaré que les nouvelles restrictions empêcheront les enfants ayant besoin d’un traitement médical urgent de se rendre aux États-Unis.

« Cela aura un impact dévastateur et irréversible sur notre capacité à transporter des enfants blessés et gravement malades de Gaza vers les États-Unis pour un traitement médical vital », a averti le groupe.

Tareq Hailat, directeur des affaires mondiales des patients au PCRF, a exhorté Washington à revenir sur sa décision. « C’est une nouvelle extrêmement dévastatrice », a-t-il déclaré à Al Jazeera. « L’impact de cette décision sera dévastateur. Et les États-Unis doivent honnêtement revenir sur cette décision immédiatement. »

Hailat a souligné que le refus de visas médicaux prive les enfants de Gaza de leurs « droits humains les plus fondamentaux ».

HEAL Palestine, qui coordonne les évacuations d’enfants blessés et de leurs familles vers les États-Unis, a déclaré avoir aidé 148 personnes jusqu’à présent, dont 63 enfants nécessitant des soins urgents.

Le Conseil des relations américano-islamiques (CAIR), un groupe de défense des droits, a également critiqué la décision du département d’État américain de cesser de délivrer des visas aux Palestiniens de Gaza.

« Empêcher les enfants palestiniens blessés par des armes américaines de venir en Amérique pour un traitement médical est le dernier signe que la cruauté intentionnelle de l’administration « Israël d’abord » du président Trump ne connaît pas de limites », a déclaré le groupe dans un communiqué sur X.

« Il est également profondément ironique que l’administration Trump interdise aux enfants palestiniens de se faire soigner tout en déroulant le tapis rouge aux racistes et aux criminels de guerre inculpés par le gouvernement israélien. Cette interdiction n’est que le dernier exemple de la complicité de notre gouvernement avec le génocide d’Israël, qui est de plus en plus rejeté par le peuple américain », a-t-il ajouté.

Loomer a accueilli l’annonce du département d’État samedi avec joie.

« C’est incroyable à quelle vitesse nous pouvons obtenir des résultats de l’administration Trump », a-t-elle déclaré samedi, bien qu’elle ait ensuite posté qu’il fallait faire plus pour « mettre en évidence la crise de l’invasion qui se déroule dans notre pays ».

La décision de réduire les visas intervient alors qu’Israël intensifie ses attaques contre Gaza, où au moins 61.827 personnes ont été tuées au cours des 22 derniers mois, les Nations unies avertissant que « la famine, la malnutrition et la maladie généralisées » entraînent une augmentation des décès liés à la famine.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a fait pression pour s’emparer de Gaza-ville dans le cadre d’une prise de contrôle de la bande de Gaza, déplaçant de force des centaines de milliers de Palestiniens vers des zones concentrationnaires.

Article original en anglais sur Al Jazeera / Traduction MR