Qui a permis le processus du « Grand Israël » ?

Ramona Wadi, 14 août 2025.- Dans une récente interview accordée à i24, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a déclaré être « investi d’une mission générationnelle » pour le « Grand Israël ». Pendant ce temps, la communauté internationale continue de blablater sur le paradigme des deux États. La Ligue arabe s’est élevée contre les « tendances agressives et expansionnistes » d’Israël. Mais au milieu de tout cela, qui écoute le peuple palestinien ?

Le concept de « Grand Israël » n’est pas une nouveauté. L’idéologie sioniste, avant même les atrocités de la Nakba de 1948, envisageait déjà un processus colonial complet. Netanyahou profite simplement de l’occasion pour rappeler au monde entier ce qu’est la colonisation sioniste, mais cette déclaration ne saurait être considérée comme une surprise.

C’est la communauté internationale qui a décidé du Plan de partage de 1947, malgré le concept de « Grand Israël ». Cette même communauté internationale a légitimé les atrocités coloniales de la Nakba en reconnaissant Israël – une entreprise coloniale de peuplement sur des terres palestiniennes ethniquement nettoyées. Elle a garanti que le droit au retour des Palestiniens serait ignoré pour donner la priorité aux plans d’expansion d’Israël, et a contraint les Palestiniens à se soumettre au paradigme humanitaire – des bénéficiaires d’aide sans aucun droit.

Israël a peut-être soigneusement élaboré son discours, mais il a aussi exposé ses intentions en cours de route. La communauté internationale est inexcusable. Alors que le paradigme des deux États était jugé obsolète, Netanyahou se vantait que la Palestine n’était plus une priorité dans les relations diplomatiques et qu’elle ne constituait plus une condition préalable susceptible de compromettre la normalisation des relations avec Israël. C’est une histoire relativement récente. Si la communauté internationale avait réellement voulu éradiquer le colonialisme, elle aurait pu agir avant 1947. Mais les anciennes puissances coloniales ont investi dans une nouvelle puissance coloniale qui commet un génocide depuis près de deux ans, sous prétexte d’éliminer le Hamas. Et si Netanyahou estime pouvoir révéler toute la vérité sur Israël et son génocide, la communauté internationale se concentre toujours uniquement sur l’aide humanitaire et le compromis des deux États – qui, à terme, ne confèrent aucun droit politique aux Palestiniens.

La communauté internationale peut-elle admettre toute sa complicité avec le colonialisme de peuplement, l’expansionnisme et le génocide israéliens depuis qu’elle a commencé à se soumettre à l’idéologie coloniale sioniste ? Et si elle admettait que le paradigme humanitaire a davantage aidé Israël que les Palestiniens ? Ou que le compromis à deux États a été un tremplin pour Israël vers le déclenchement du génocide à Gaza et la proclamation du « Grand Israël » ?

La communauté internationale n’a retenu que ce qui a favorisé son engagement diplomatique avec Israël ; d’où l’accent mis sur le Hamas, l’aide humanitaire, le paradigme à deux États et les déplacements forcés. En maintenant tous ces éléments isolés, Israël a pu se préparer progressivement aux annonces importantes de ses plans de colonisation ultime. Le « Grand Israël » exige un nettoyage ethnique à plus grande échelle. Le génocide remplit cette condition préalable. La communauté internationale s’inquiète des Palestiniens mourant de faim, mais pas de ceux qui sont mis en pièces et détruits par les bombes. La communauté internationale choisit les aspects du génocide à condamner avec faiblesse, tout comme elle choisit les aspects du colonialisme de peuplement à dénoncer sans aucune répercussion. Feindre l’ignorance aujourd’hui ne fait qu’ajouter à l’hypocrisie.

Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR