Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 242 / 5 décembre – La situation dans les camps de déplacés de Gaza exige une réponse internationale immédiate

Brigitte Challande, 6 décembre 2024. Le 5 décembre au soir, Abu Amir envoie le compte rendu hebdomadaire concernant la distribution des repas avec un cri d’alarme.

« La crise humanitaire à Gaza : souffrances croissantes et efforts humanitaires continus dans les camps de déplacés

Les déplacés dans la bande de Gaza vivent des conditions humanitaires catastrophiques qui se détériorent jour après jour, au milieu de crises successives qui rendent leur vie encore plus difficile. Après plus de 13 mois de guerre, les déplacés dans les camps continuent de souffrir sous les bombardements, la faim et les déplacements forcés répétés – une situation insoutenable pour tout être humain. Cette crise humanitaire n’est plus un défi passager mais une réalité permanente qui aggrave les blessures des habitants et renforce leur détresse quotidienne. Depuis le début de la guerre, les habitants de Gaza ont connu des vagues de déplacements successives, des familles fuyant leurs maisons à la recherche de sécurité pour se retrouver coincées dans des camps dépourvus des besoins essentiels à une vie digne. Les bombardements incessants plongent les déplacés dans une peur constante, sans refuge pour les protéger des attaques qui détruisent tout autour d’eux. Dans ces camps, la vie est devenue une lutte quotidienne pour survivre, avec un lourd fardeau psychologique et physique, particulièrement pour les femmes et les enfants.

Des crises multiples dans les camps

Les camps de déplacés souffrent de problèmes structurels profonds qui rendent la vie presque impossible. L’eau potable est presque inexistante, tandis que les problèmes d’assainissement se multiplient en raison de l’absence d’infrastructures adaptées, augmentant le risque de propagation de maladies et d’épidémies. La crise du pain est un autre problème majeur qui perturbe la vie des déplacés. Depuis plus d’un mois et demi, la pénurie sévère de farine et la fermeture des boulangeries ont laissé les familles dans l’incapacité de se procurer du pain, accentuant la pauvreté et la faim dans les camps.

L’hiver, une saison particulièrement éprouvante

Avec l’arrivée de l’hiver, les conditions de vie dans les camps deviennent encore plus difficiles. Les tentes délabrées ne fournissent pas une protection suffisante contre les pluies et les vents froids, exposent les familles à des dangers accrus et aggravent leur situation sanitaire. Les enfants et les femmes enceintes sont particulièrement vulnérables, souffrant du froid glacial en l’absence de moyens de chauffage ou d’abris appropriés.

Suspension des activités de la Cuisine mondiale

Dans ce contexte déjà difficile, la suspension des activités de la cuisine WCK– World Central Kitchen– est venue aggraver la crise humanitaire. Cette cuisine, qui constitue une source majeure de distribution alimentaire dans diverses régions de Gaza, a cessé ses activités après que l’armée israélienne a ciblé ses employés. La plupart des centres de distribution alimentaire dépendent de cette cuisine, et sa fermeture entraîne une diminution significative de l’aide alimentaire qui augmente le risque de famine dans la bande de Gaza.

Le rôle de l’UJFP face à la crise

Malgré ces défis, l’UJFP poursuit ses efforts humanitaires pour soutenir les déplacés. Dans le camp des agriculteurs, l’organisation a lancé un programme de distribution alimentaire dès la création du camp. Ce programme fournit quotidiennement des repas aux familles déplacées, allégeant leur souffrance et leur apportant un sentiment de stabilité et de sécurité. Ce programme joue un rôle clé en maintenant la paix dans le camp grâce à un approvisionnement constant en nourriture pour les familles confrontées à l’insécurité alimentaire.

En parallèle, l’UJFP mène d’autres initiatives telles que l’initiative « Un hiver à l’abri« , qui vise à rénover les tentes délabrées dans le camp des agriculteurs à grande échelle. Cette initiative cherche à aider les déplacés à affronter les rigueurs de l’hiver en toute sécurité. Une autre initiative, « Le Pain de l’Espoir« , fournit du pain à plusieurs camps, répondant ainsi à un besoin vital dans une période de pénurie critique.

Collaboration avec les organisations locales

En coordination constante avec l’administration du camp des agriculteurs, l’UJFP s’efforce de répondre aux besoins des familles en collaboration avec les institutions locales. Cette semaine, la Fondation Tamer pour l’éducation communautaire a organisé une série d’activités et d’animations variées, offrant un soulagement psychologique aux enfants et aux familles.

De son côté, le Centre Palestinien pour les Droits de l’Homme a distribué 200 kits d’hygiène aux femmes enceintes et aux femmes atteintes de cancer, répondant ainsi à leurs besoins urgents en matière de santé. En outre, l’association Bayader a distribué des compléments alimentaires aux enfants souffrant de malnutrition, contribuant à améliorer leur état de santé.

Appel à une action internationale urgente

La situation dans les camps de déplacés de Gaza exige une réponse internationale immédiate pour alléger la souffrance des habitants. Les efforts déployés par les organisations humanitaires et locales sont essentiels, mais ils restent insuffisants face à l’ampleur de la crise. Tant que le monde n’agira pas de manière décisive pour fournir une aide et mettre fin à la guerre, les habitants de Gaza resteront piégés dans un cercle vicieux de faim, de déplacement et de souffrance. »

Photos et vidéos ICI.

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Le 5 Décembre Marsel fait état de différentes informations officielles venant de Gaza et Amnesty International communique le même jour une enquête de 296 pages sourcées et documentées qui conclut qu’Israël commet un génocide pratiqué à Gaza.

Saadi Ali, directeur général de l’unité de gestion de projet de l’Autorité de l’eau :

– Plus de 80 % des sources d’eau ont été détruites par l’occupation lors de l’agression contre Gaza.

– Certaines installations ont été partiellement détruites et l’Autorité de l’eau a essayé de réparer les dégâts.

– Jusqu’à présent, nous ne sommes pas en mesure de répondre aux besoins naturels en eau des citoyens de la bande de Gaza en raison des destructions en cours.

– Plus de 100.000 personnes dans le nord de Gaza sont privées de toute source d’eau potable, ce qui les expose à la mort.

– Les sources d’eau potable à Gaza dépendent principalement du fonctionnement continu de la pompe à eau du côté israélien et malheureusement, elle est gravement perturbée.

– L’accumulation de déchets solides dans la bande de Gaza provoque directement la pollution de l’eau.

Jonathan Fowler, directeur principal de la communication de l’Unrwa :

60.000 Palestiniens dans le nord de la bande de Gaza sont complètement isolés et meurent de tous côtés sous le siège « israélien ».

Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme : L’armée d’occupation israélienne brûle vifs les déplacés dans les tentes de Mawasi Khan Younis, tuant 20 d’entre eux, la plupart des enfants. Des avions de guerre et des hélicoptères israéliens ont lancé plusieurs missiles mercredi soir vers les tentes des déplacés à Mawasi Khan Younis, qu' »Israël » prétend être une zone humanitaire sûre, pour brûler vifs les déplacés. Les détails de l’opération de bombardement indiquent que l’armée d’occupation a délibérément blessé des civils en demandant l’évacuation puis en bombardant pendant le processus d’évacuation et en répétant les raids sur une zone de 700 mètres dans la zone et en frappant directement les tentes des déplacés.

Des drones israéliens ciblent des réservoirs d’eau à l’hôpital indonésien dans le nord de la bande de Gaza.

Le Centre palestinien d’études sur les prisonniers a révélé que l’occupation israélienne détient toujours plus de deux mille prisonniers de la bande de Gaza qui ont été arrêtés pendant la guerre d’extermination en cours depuis le 7 octobre 2023. La déclaration explique que les crimes de l’armée d’occupation dans la bande de Gaza ne se sont pas arrêtés au nettoyage ethnique et au massacre systématique de dizaines de milliers de personnes c’est la destruction de tous les aspects de la vie dans la bande de Gaza. L’occupation a commis le crime d’arrestations massives de milliers de personnes et d’exécutions sur le terrain de centaines d’entre elles de sang-froid.

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Sous cette vidéo Marsel écrit : « Jeudi 5 décembre 2024. Les équipes de la Défense civile de Rafah, du ministère de la Santé et du Croissant-Rouge ont récupéré un certain nombre de martyrs et de blessés après qu’ils aient été pris pour cible près du carrefour Khirbet Al-Adas à Rafah.« 

 

Une frappe israélienne largue une bombe à la porte de l’accueil de l’hôpital Kamal Adwan, dans le nord de la bande de Gaza.

Le directeur de l’hôpital Kamal Adwan, le Dr Hussam Abu Safia :

🔹️ L’hôpital a été pris pour cible il y a peu de temps : 12 blessés, dont plusieurs membres du personnel médical, parmi lesquels l’agent de nettoyage Baraa Al-Fairy, et le martyre de l’enfant Mahmoud Abu Al-Aish, 16 ans, patient en fauteuil roulant se dirigeant vers la radiologie.

🔹️ Il y a à peine une heure, la zone entourant l’hôpital a été touchée par une frappe de drone, qui a également entraîné le martyre d’un jeune homme d’une trentaine d’années.

Cette situation est devenue presque quotidienne dans et autour de l’hôpital Kamal Adwan.

🔹️ L’enfant est arrivé aux urgences pour demander une assistance médicale. Alors qu’il se trouvait à l’entrée de la zone d’accueil et d’urgence, un drone a largué une bombe, ce qui a entraîné le martyre de l’enfant.

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Pour finir, si on peut l’écrire comme ça, le texte d’Abu Amir du 5 Décembre sur la situation

« L’armée israélienne a intensifié ses intenses attaques sur la bande de Gaza aujourd’hui, mercredi 4 décembre 2024, en ciblant directement les personnes déplacées et les centres d’hébergement, aggravant encore la tragédie humanitaire dans la bande de Gaza, alors que la guerre entre dans son 425e jour. Au cours des dernières heures, des tirs d’artillerie israéliens ont touché une école abritant des personnes déplacées dans le camp d’Al-Bureij, au centre de la bande de Gaza, entraînant l’incendie d’au moins 15 tentes et provoquant un nouveau déplacement de familles déjà en proie à des conditions désastreuses.

Par ailleurs, les avions de guerre israéliens ont intensifié leurs frappes aériennes sur plusieurs zones, notamment Beit Lahia et le camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza. En outre, l’hôpital Kamal Adwan a été la cible de tirs nourris de drones, blessant plusieurs personnes à l’intérieur. Il s’agit de la sixième attaque contre l’hôpital au cours des dernières 24 heures, ce qui met en évidence les violations israéliennes continues contre les installations médicales et les centres de secours. Sur le terrain, les forces israéliennes ont placé des barils explosifs dans le complexe immobilier de Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, détruisant des maisons et des blocs résidentiels, ce qui a aggravé la crise humanitaire. Les tirs d’artillerie lourde se sont poursuivis autour des écoles-abris, qui sont devenues le dernier refuge des personnes déplacées. Des véhicules militaires israéliens ont encerclé des écoles dans le centre de Beit Lahia, tandis que des drones et des hélicoptères ont tiré et bombardé des maisons palestiniennes dans diverses zones du nord et du centre de la bande de Gaza.

La défense civile de Gaza a décrit la situation dans le nord de la bande de Gaza comme une « opération de nettoyage ethnique », avertissant qu’environ 60.000 Palestiniens de la région sont en danger de mort en raison des bombardements incessants et d’un siège asphyxiant. Elle a confirmé que la fourniture de services médicaux ou de secours dans le nord de la bande de Gaza était devenue impossible dans les circonstances actuelles, s’ajoutant à l’impossibilité d’accéder à l’eau potable et de la destruction quasi-totale des habitations.

Derniers développements sur le terrain :

1. Dix morts ont été amenés à l’hôpital européen de Gaza, à l’est de Khan Younis, en provenance de la ville de Rafah, après avoir été pris pour cible par une frappe aérienne israélienne la nuit dernière. Les équipes de secours n’ont pas pu récupérer les corps plus tôt en raison de la dangerosité de la zone.

2. Des dizaines de corps sont toujours éparpillés dans les rues de Rafah, en particulier dans le quartier d’Al-Juneina et ses environs, et les équipes de secours ne peuvent pas y accéder en raison des bombardements intenses qui se poursuivent.

3. La défense civile a déconseillé aux citoyens de se rendre à Rafah, soulignant que la zone est sous contrôle israélien depuis près de huit mois et que toute tentative d’y pénétrer met en danger la vie des civils.

4. Des personnes déplacées ont passé une nuit éprouvante dans les écoles de Beit Lahia, où les tirs d’artillerie et les fusillades se sont poursuivis sans relâche. Des robots explosifs placés par les forces israéliennes près des écoles-abris ont fait tomber des éclats d’obus à l’intérieur des installations.

5. Des tirs d’artillerie intenses se sont poursuivis à l’est du camp de réfugiés de Jabalia et au nord-ouest du camp d’Al-Nuseirat, dans le centre de la bande de Gaza, visant sans discrimination des habitations civiles.

6. Les forces israéliennes ont commis un nouveau massacre dans la zone d’Al-Mawasi, à l’ouest de Khan Younis, où les tirs d’obus ont coûté la vie à plus de 20 personnes, de nombreuses autres étant blessées ou portées disparues. La récupération des corps reste extrêmement difficile en raison des frappes en cours.

7. Les morgues des hôpitaux de Gaza sont remplies des corps des martyrs tués lors des récentes frappes aériennes, tandis que d’autres corps gisent dans les rues, les transports vers les centres médicaux étant impossibles.

Dans ce contexte d’escalade, la situation humanitaire à Gaza reste catastrophique, les habitants souffrant d’un siège asphyxiant, de graves pénuries de nourriture et d’eau et de l’effondrement quasi-total du système de santé. »


Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :

*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.

*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se concacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.

Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.


228ème partie : 21 novembre. 229ème partie : 22 novembre. 230ème partie : 23 novembre. 231ème partie : 24 novembre. 232ème partie : 25 novembre. 233ème partie : 27 novembre. 234ème partie : 28 novembre. 235ème partie : 29 novembre. 236ème partie : 30 novembre. 237ème partie : 1er décembre. 238ème partie : 2 décembre. 239ème partie : 3 décembre. 240ème partie : 4 décembre. 241ème partie : 4 décembre-1.


Un an de Témoignages de Gaza du 20.11.2023 au 20.11.2024, de la 1ère à la 227ème partie.
Pour participer à la collecte « Urgence Guerre à Gaza » : HelloAsso.com
Les témoignages sont également publiés sur UJFPAltermidi et sur Le Poing.