Cisjordanie occupée : Israël cible les militants internationaux pour faciliter les crimes en cours contre les Palestiniens​​​​​​

ISM Palestine, 10 octobre 2024. Les forces israéliennes ont arrêté arbitrairement un citoyen américain de 78 ans à Masafer Yatta. Michael Jacobsen accompagnait un agriculteur palestinien ce matin dans le village d’At-Tuwani à Masafer Yatta (collines du sud d’Hébron), en Palestine occupée, dans le cadre de la délégation internationale Meta Peace Team, qui a rejoint le Mouvement de solidarité internationale (ISM).

Quelques minutes avant l’arrestation de Michael Jacobson, At-Tuwani, Masafer Yatta, 10 octobre.​​​​​​​

Lorsque des soldats réservistes israéliens sont venus exiger des pièces d’identité des militants et des propriétaires fonciers palestiniens, Jacobsen a obtempéré aux demandes des soldats. Les soldats ont appelé la police israélienne, qui l’a arrêté et emmené à l’Unité centrale d’enquête israélienne, qui se trouve près de la colonie coloniale de Ma’ale Adumim en Cisjordanie occupée. Ce centre d’interrogatoire abrite la force d’intervention spéciale créée par le tristement célèbre ministre israélien de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir. La force d’intervention a été créée en réponse aux sanctions de certains États, dont les États-Unis, contre les colons violents. Les militants internationaux ayant dénoncé à leurs gouvernements les violences des colons dont ils étaient témoins, un comité gouvernemental israélien a été créé en mars 2024 dans le but de se débarrasser des militants.

Michael Jacobson.

L’avocat de M. Jacobsen a été informé qu’il était soupçonné de « mise en danger de la population par provocation de troubles » et d’« entrée illégale dans le pays » ; cette suspicion absurde était basée sur l’affirmation de la police selon laquelle M. Jacobsen soutenait le mouvement palestinien de boycott, de désinvestissement et de sanctions (BDS). La police n’a pas pu expliquer à l’avocat de M. Jacobsen en quoi cela constituait un délit. M. Jacobsen a été menacé d’emprisonnement et d’expulsion s’il ne quittait pas immédiatement le pays. Michael a choisi de partir, et la police l’a transféré directement du centre d’interrogatoire à la frontière avec la Jordanie.

Les forces israéliennes ont intensifié leur répression contre les activistes et journalistes internationaux : deux activistes allemands ont été arrêtés dans le même jardin à At-Tuwani dans des circonstances similaires et expulsés de facto dimanche dernier, le 6 octobre, après avoir été emprisonnés depuis le 2 octobre.

Le but de ces actions de l’occupation est d’isoler les Palestiniens de la solidarité internationale et s’inscrit dans le cadre du déluge de harcèlement continu des colons et des soldats israéliens contre les Palestiniens et les militants des droits de l’homme dans la région. Ces actions comprennent également le meurtre de la bénévole américaine et turque de l’ISM Ayşenur Ezgi Eygi dans le village de Beita lors d’une manifestation pacifique contre l’expansion des colonies sur les terres du village le 6 septembre.

Il faut mentionner que l’agriculteur palestinien que les militants accompagnaient est confronté quotidiennement à un harcèlement, à des attaques et à des invasions de ses terres privées par des colons israéliens et des forces d’occupation, ce qui lui rend difficile l’accès à ses terres, leur culture et même le maintien dans sa maison.

Cette vague de harcèlement contre les résidents palestiniens de la région de Masafer Yatta s’étend au-delà d’At-Tuwani. Tous les villages de la région sont touchés. Dans le village de Zanuta, dans cette même région, les habitants ont été déplacés de force à plusieurs reprises malgré une décision de justice en leur faveur. Les habitants d’Um Durit ont vu leur bétail et leurs biens volés et détruits, et leurs terres maltraitées par les colons. En juillet dernier, environ 200 colons ont lancé une attaque coordonnée au cours de laquelle ils ont détruit des véhicules, brûlé des arbres fruitiers et battu des habitants de Khalet Al Daba’a et d’Um Fagarah. Au cours de l’année écoulée, au moins 19 communautés palestiniennes de Cisjordanie occupée ont été déplacées de force et rayées de la carte par les colons israéliens, avec le soutien des forces d’occupation israéliennes.

Les allégations absurdes visant les défenseurs internationaux des droits de l’homme seraient risibles si elles n’étaient pas mortelles. Pour des accusations vagues et sans fondement similaires, des Palestiniens sont fréquemment arrêtés et torturés en Cisjordanie, et à Gaza, les accusés sont assassinés avec leurs familles.

Article original en anglais sur ISM-Palestine / Traduction MR