Masar Badil : Soutenez les étudiants de l’Université de Columbia (New York) et Joseph Massad !

Masar Badil, 22 avril 2024. Nous, les organisations et individus signataires de la présente, soutenons les étudiants de l’Université de Columbia qui ont installé un Campement de Solidarité avec Gaza, tout en devant faire face à la répression sévère de l’administration de l’université et du département de la police de New York (NYPD), et qui se sont engagés à ne pas quitter les lieux tant que l’université n’aura pas répondu à leurs revendications d’annulation de cette répression.

Nous condamnons fermement ces attaques, qui s’inscrivent dans la campagne renouvelée en vue de licencier de l’Université de Columbia le professeur Massad, un membre titulaire du corps professoral et auteur de nombreuses publications pionnières.

Depuis des décennies, Joseph Massad doit affronter des représailles réactionnaires en raison de son érudition sur la Palestine et l’impérialisme américain. Au début des années 2000, il a été ciblé par des propagandistes, tels Daniel Pipes, Martin Kramer et l’ancien représentant des EU, Anthony Weiner, tombé en disgrâce depuis.

Les organisations du lobby sioniste ont également cherché à bloquer sa titularisation à Columbia en 2009. Les attaques contre le professeur Massad n’ont plus cessé depuis. Le dernier incident de ce genre s’est produit le 17 avril, quand la présidente de l’Université de Columbia, Minouche Shafik, a témoigné devant le Congrès des EU.

L’enquête, du plus pur style maccarthyste, a interrogé la présidente Shafik sur les activités, écrits et déclarations du professeur Massad. Plutôt que de défendre ce dernier, ainsi que le professeur Mohammed Abdou et les étudiants de son université, Mme Shafik s’est ralliée à l’attaque. Ses réponses ont renforcé le maccarthysme intellectuel qui se répand de plus en plus dans le campus de Columbia et aux États-Unis en général.

Les manoeuvres en vue de censurer et de mettre sur une liste noire des intellectuels comme le professeur Massad ont lieu dans le contexte d’un génocide financé et coordonné par les EU contre le peuple palestinien.

La guerre génocidaire de l’État sioniste a gagné en intensité en octobre 2023, suite à une opération de la résistance palestinienne visant à libérer les prisonniers politiques croupissant dans les geôles israéliennes.

Depuis octobre, l’administration Biden a régulièrement envoyé des hauts fonctionnaires dans les salles d’opération militaires de l’État sioniste afin de superviser l’efficacité et l’efficience du génocide, qui vise les abris de réfugiés, les écoles, les universités et les civils qui dorment chez eux. Il a également détruit tous les hôpitaux en activité dans la bande de Gaza.

Gaza est en état de siège depuis dix-sept ans, sans libre circulation de fournitures, de nourriture, de carburant ou de médicaments. Le blocus, qui a encore été renforcé après le 7 octobre, et le génocide ont tué ou blessé plus d’une centaine de milliers de Palestiniens à Gaza, et 42 pour 100 des victimes sont des enfants.

Pourtant, au lieu de se plier aux lois internationales et de prêter l’oreille aux revendications des protestataires du monde entier, et entre autres dans les villes des EU, l’administration Biden a redoublé son soutien à l’extermination des Palestiniens par le régime sioniste.

La Première ministre irlandaise, Michelle O’Neil, a déclaré en février dernier que Gaza était devenu un cimetière d’enfants. Et ce cimetière a été créé avec les armes et le financement fournis par les États-Unis, par le biais de l’alliance profonde entre l’impérialisme américain et le colonialisme sioniste en Palestine occupée et dans la région arabe.

Dans le cadre de cette répression systématique, l’État fédéral américain et les gouvernements locaux se sont associés aux universités pour réprimer les libertés académiques, dans le même temps que des attaques similaires avaient lieu en Allemagne, en France, au Canada, en Grande-Bretagne et dans d’autres puissances impérialistes.

Alors que le gouvernement Biden facilite la guerre génocidaire à Gaza, le Congrès mène la charge contre les campus américains et surtout contre ceux qui sont secoués par d’importantes protestations anti-génocidaires.

Des intellectuels du pays tout entier, parmi lesquels des étudiants, des facultés et du personnel des universités, ont été attaqués et menacés. Des étudiants ont été suspendus et expulsés de leur logement. Des organisations estudiantines ont subi des annulations brutales des événements qu’elles organisaient.

Des étudiants des organisations « Justice en Palestine » ont été interdits de présence sur certains campus. Cette répression vise à encourager et propager la négation du génocide en tant que façade intellectuelle censée masquer la guerre d’extermination menée par le régime sioniste.

Dès octobre, l’Université de Columbia est devenue le centre du maccarthysme intellectuel, depuis qu’elle a interdit la présence d’Étudiants pour la Justice en Palestine (SJP) et de Voix juive pour la paix (JVP).

Entre-temps, l’université n’a rien fait pour protéger les étudiants contre la violence des vigiles racistes et sionistes. Cette violence inclut une agression chimique perpétrée par deux anciens militaires israéliens se faisant passer pour des étudiants de Columbia.

Malgré ces agressions, le mouvement estudiantin pour la libération de la Palestine n’a fait que s’agrandir et il organise sans cesse, désormais, de nouveaux campements et universités populaires pour Gaza en de nombreux endroits des États-Unis.

Outre le fait que nous soutenons les membres des facultés, comme le professeur Massad, nous exigeons que l’Université de Columbia s’abstienne de cibler les milliers d’étudiants qui ont exprimé leur soutien à la libération de la Palestine sur ce campus.

Nous estimons que les attaques du NYPD contre les protestataires estudiantins et les observateurs juridiques ainsi que leur arrestation sont répréhensibles, et nous considérons que l’administration de l’Université de Columbia est responsable de cette répression.

Nous concluons que le maccarthysme intellectuel constitue l’un des nombreux efforts coordonnés en vue de réprimer toute résistance qui soutient la Palestine.

L’Histoire nous a enseigné que les empires en déclin versent souvent dans le fascisme pur et dur. Les événements récents indiquent que les EU suivent bel et bien cette trajectoire.

Alors qu’ils continuent d’encourager un génocide total contre le peuple palestinien autochtone, ils répriment en même temps tout discours qui s’oppose au génocide ou qui appelle à la libération de la Palestine.

Les mêmes forces du Congrès qui ciblent les intellectuels anti-impérialistes réclament également la condamnation de toute personne qui scande « From the River to the Sea, Palestine will be Free » (Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre).

Joseph Massad est l’un des plus grands érudits mondiaux sur la Palestine. Son œuvre a été décrite par Edward Saïd comme étant véritablement brillante.

C’est dans les moments de confusion et de répression étatique que nous avons le plus besoin de nos intellectuels.

Nous exigeons que Columbia, le Congrès et les lobbys sionistes ôtent leurs mains du professeur Massad et de tous les autres intellectuels et étudiants palestiniens, arabes, anti-impérialistes et musulmans. Nous dénonçons et résisterons à tous les efforts en vue d’assaillir les dirigeants éclairés de notre communauté.

Le combat pour un monde juste, libre de tout esclavage, colonialisme et racisme, est le combat pour une Palestine libre. Le maccarthysme intellectuel n’empêchera pas la libération de la Palestine.

On ne touche pas à Joseph Massad. On ne touche pas aux étudiants courageux. À bas le maccarthysme. Qu’on fasse cesser le blocus de Gaza. Qu’on fasse cesser le génocide.

Du fleuve à la mer, la Palestine sera libre.

Pour signer, voyez le formulaire sur l’article original


Publié le 22 avril 2024 sur Masar Badil
Traduction : Jean-Marie Flémal,
 Charleroi pour la Palestine