Partager la publication "Israël-Arabie Saoudite : Netanyahu promeut la normalisation avec une nouvelle carte effaçant la Palestine"
Middle East Eye, 22 septembre 2023. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a présenté vendredi une nouvelle carte effaçant la Palestine, lors de son discours à la 78e session de l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU).
L’illustration montrait un « nouveau Moyen-Orient » dans lequel la Cisjordanie occupée et la bande de Gaza semblaient faire partie d’Israël.
Une précédente carte erronée présentée par Netanyahu incluait également les territoires palestiniens comme faisant partie d’Israël en 1948.
Israël ne contrôlait pas la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, ni la bande de Gaza après sa création violente en 1948 sur 80 % de la Palestine historique. Il les a occupés illégalement en 1967 et continue de le faire dans le cadre de ce qui est considéré comme la plus longue occupation de l’histoire moderne.
L’inclusion de terres palestiniennes (et parfois de terres appartenant à la Syrie et au Liban) dans les cartes israéliennes est courante parmi les partisans du concept d’Eretz Yisrael – le Grand Israël – un élément clé du sionisme ultra-nationaliste qui prétend que toutes ces terres appartiennent à un Etat sioniste.
Plus tôt cette année, le ministre des Finances de Netanyahu, Bezalel Smotrich, s’est exprimé depuis un podium orné d’une carte incluant également la Palestine, le Liban et la Syrie dans le cadre du « Grand Israël ». Lors du même événement, il a déclaré que « les Palestiniens n’existent pas ».
L’utilisation de telles cartes par les responsables israéliens intervient à un moment où le gouvernement ultranationaliste de Netanyahu a pris des mesures qui, selon les experts, équivalent à « l’annexion de jure » de la Cisjordanie occupée. De jure est un terme juridique qui décrit une pratique telle qu’elle est reconnue par la loi.
Lors de la présentation de la carte vendredi, Netanyahu a encouragé avec enthousiasme la refonte de la région basée sur l’établissement de liens avec les pays arabes, notamment l’Arabie saoudite.
« Cela ne fait aucun doute : les accords d’Abraham ont marqué l’aube d’une nouvelle ère de paix », a-t-il affirmé. « Je pense que nous sommes à l’aube d’une avancée plus spectaculaire : une paix historique entre Israël et l’Arabie saoudite. »
Ses remarques interviennent dans le cadre de pourparlers parrainés par les États-Unis entre Israël et l’Arabie saoudite visant à établir des relations formelles.
Cette semaine, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a laissé entendre qu’ils se rapprochaient « chaque jour » d’un tel accord.
Lors d’un entretien avec Fox News, le prince héritier a déclaré que « la question palestinienne est très importante » dans ces pourparlers, mais n’a pas donné plus de détails.
Lorsqu’on lui a demandé quelles concessions il espérait qu’Israël accorde aux Palestiniens, il a répondu que cela faisait « partie de la négociation ».
Netanyahu a souligné vendredi que « nous ne devons pas donner aux Palestiniens un droit de veto sur les nouveaux traités de paix avec les Etats arabes. »
Son discours intervient un jour après que le président palestinien Mahmoud Abbas s’est adressé à l’AGNU, affirmant que la paix au Moyen-Orient ne serait pas réalisable tant que les Palestiniens n’auraient pas obtenu tous leurs droits et un État.
« Ceux qui pensent que la paix peut prévaloir au Moyen-Orient sans que le peuple palestinien puisse jouir de tous ses droits légitimes et nationaux se trompent », a déclaré Abbas.
Article original en anglais sur Middle East Eye / Traduction MR