Ziad Medoukh, 31 août 2021. Trois mois après la fin de la dernière agression militaire israélienne, qui s’est déroulée entre le 10 au 21 mai 2021, sur la bande de Gaza qui avait subi 1820 raids aériens. Celle-ci arracha la vie de 267 Palestiniens civils, dont 67 enfants et 39 femmes. Ainsi que 1947 blessés, dont 630 enfants, 360 femmes, 20 journalistes, 9 ambulanciers, 10 agents municipaux et quarante-cinq mille déplacés dans des écoles et des centres d’accueil.
De même que la destruction massive des infrastructures civile: cafés, restaurants, librairies, bibliothèque, immeubles, ministères, station des traitements de déchets, municipalités, pharmacies, banques, centres de recherches, marchés publics, orphelinat, magasins, mosquées, centres commerciaux. Ce terrible déferlement de violence par l’armée d’occupation israélienne entraîna une cessation de toutes les activités économiques occasionnant une perte financière de 320 millions de dollars pour la bande de Gaza. Cette somme est colossale dans la mesure où Gaza est sous blocus israélien depuis plus de 14 ans contre toutes les lois fondamentales du droit humain.
En dépit de la mobilisation des Peuples solidaires avec la cause palestinienne à l’échelle mondiale, contre les crimes israéliens et malgré les promesses internationales de reconstruction rapide d’une région ravagée. Les deux millions de Palestiniens de Gaza restent à ce jour, enfermés dans une prison à ciel ouvert sous les forces d’un régime qui bafoue les lois internationales en toute impunité. Par conséquent, la situation est très critique dans tous les jalons de la société civile à Gaza, et principalement sur le plan humanitaire.
En dépit des ruines, du deuil, de l’inquiétude et de la douleur sur les visages dans les rues de Gaza. La vie reprend lentement, et nous n’accepterons jamais l’assujettissement de notre peuple par un régime colonial israélien et cela en renouant avec la vie à Gaza.
Cependant, la bande de Gaza garde un effroyable souvenir de cette barbarie que nous infligea l’armée d’occupation israélienne, notre mémoire est empreinte du feu des bombardements, des ruines, du sang et des larmes, mais encore nous devons faire face au deuil de nos familles, en plus de tout un peuple martyrisé, cependant, viendra le jour ou la Palestine sera libérée, du seul fait que les Palestiniens de Gaza montrent à travers leurs déterminations à toute épreuve, la capacité à dépasser cette horreur.
Actuellement, sur les 9000 habitants qui ont perdu la totalité de leurs biens, plus de 1000 se sont réfugiés dans des centres d’accueil provisoires, en attendant l’entrée des matériaux de reconstruction, 5000 sont en locations dans des appartements, et plus de 3000 ont décidé de vivre dans leurs maisons en ruine en rabibochant quelques pièces, dans des conditions laborieuses.
Trois mois après cette dernière offensive par l’aviation, la marine de l’occupation israélienne, rien ne semble différent pour la population de Gaza, qui est toujours à la recherche d’une solution politique, et pas seulement humanitaire étant donné que le blocus est maintenu et cela dure depuis plus de quatorze ans.
Les passages et frontières avec l’extérieur sont souvent fermés par ordre militaire israélien. Les produits alimentaires et de premières nécessités qui entrent dans Gaza sont rarissimes, car l’unique voie commerciale qui relie la bande de Gaza à l’extérieur est contrôlée par les forces israéliennes, elle n’ouvre que deux à trois fois par semaine pour laisser entrer quelques convois humanitaires. Sous n’importe quel prétexte, et par décision israélienne, le passage peut être fermé sans prendre en considération les immenses besoins de la population civile qui est en augmentation permanente.
En raison des derniers bombardements ciblés du mois de mai dernier par l’armée israélienne de l’unique centrale électrique à Gaza, elle ne peut fonctionner qu’à capacité réduite par manque de fioul, chaque foyer a droit seulement à 6 heures d’électricité par jour et cela engendre des conséquences dramatiques sur les hôpitaux et les centres médicaux.
L’armée israélienne ne respecte pas la trêve, elle viole quasi quotidiennement l’accord du cessez-le-feu, des chars israéliens mènent des incursions dans différentes villes de la bande de Gaza, leurs soldats contrôlent toujours les zones tampons sur les frontières et tirent sur les paysans. L’aviation militaire israélienne bombarde régulièrement cette région, sa marine entrave l’extension de la zone de pêche et fait feu sur les pêcheurs palestiniens et leurs embarcations.
Ainsi, l’armée israélienne a assassiné deux palestiniens et en a blessé 65dont 14 enfants fin août 2021 par des balles réelles. Ces palestiniens manifestaient pacifiquement près des zones tampon de sécurité imposées par les forces d’occupation israélienne.
Malgré le respect de la trêve par les factions à Gaza, l’armée d’occupation israélienne poursuit volontairement ses provocations, pas seulement dans la bande de Gaza, mais aussi en Cisjordanie, où des dizaines de Palestiniens sont tués ou blessés par balles des soldats et colons israéliens.
La population de Gaza craint la reprise des attaques israéliennes à n’importe quel moment et sous n’importe quel prétexte, car, officiellement, la communauté internationale avait gardé un silence complice durant l’agression israélienne en mai dernier, elle n’exerce aucune pression sur le gouvernement israélien pour la levée du blocus imposé à la population depuis plus de 14 ans. Sans oublier que les criminels israéliens restent toujours impunis, malgré les quatre attaques sanglantes des douze dernières années.
La population de Gaza est lassée de l’inaction de la communauté internationale depuis la fin de la dernière agression, ils appréhendent l’avenir de leurs enfants, en espérant un début rapide des projets de reconstruction, surtout après les promesses tenues par plusieurs pays, et organisations internationales.
S’ajoute à cela, la tension entre les différents partis et mouvements palestiniens qui pourraient entraver le début de la reconstruction de la bande de Gaza. Malgré la solidarité interne et les signes d’union lors de la dernière offensive israélienne, les points de divergence prédominent actuellement entre ces partis et pourraient toucher la réconciliation palestinienne et retarder les projets de reconstruction. Les priorités sont les écoles, les jardins d’enfants, les centres éducatifs, et les universités.
L’unique signe d’espoir, pour la population palestinienne de Gaza, ainsi que celle de tous les territoires occupés illégalement et de celles et ceux qui vivent à l’extérieur, c’est l’éducation. Elle est la priorité dans les écoles, les jardins d’enfants, les centres éducatifs, et les universités, vu que la jeunesse palestinienne et l’avenir d’un pays libre uni et indivisible.
En dépit de toutes les conséquences économiques, sociales et psychologiques, et malgré la destruction totale ou partielle de 32 écoles, et 3 facultés, la jeunesse de Gaza reprend les cours sous la direction de leurs professeurs dans les décombres de leurs établissements endommagés avec beaucoup de dévouement.
Le seul fait de la présence des élèves et du corps enseignant dans les établissements scolaires rend un grand hommage à leurs amis morts ou blessés lors de cette offensive israélienne. Tout en continuant leurs cheminements éducatifs, ils montrent une capacité à construire un avenir avec beaucoup d’espoir et d’amour avant de reconstruire leurs établissements.
L’éducation est un élément sacré en Palestine. Les familles encouragent leurs enfants à obtenir des diplômes des écoles supérieures, même si, avec le chômage, les difficultés économiques, et la crise sanitaire, il est difficile de trouver un emploi à la fin des études. L’éducation fait partie de la résistance par la non-violence, une résistance populaire, qui montre la capacité de notre peuple à défier la situation actuelle et à affronter toutes les mesures de l’Occupation qui essaient de priver la Palestine de leurs droits fondamentaux.
La population de Gaza espère que leur sacrifice pendant la dernière agression israélienne n’est pas illusoire en raison de leur patience exemplaire, leur volonté remarquable, leur résistance acharnée contre la barbarie de l’armée israélienne, et surtout, par la mobilisation civile internationale des manifestations populaires quotidiennes, partout dans le monde.
Elle espère que toute cette contestation changerait quelque chose pour Gaza, à l’exemple de la levée du blocus, de l’ouverture des frontières qui relient la bande de Gaza à l’extérieur, de la poursuite devant la justice internationale des crimes de guerre commis contre la population de Gaza par l’armée israélienne.
Malheureusement, rien ne change, nous sommes toujours enfermés, nous vivons toujours sous un blocus inhumain qui continue de faire de nombreuses victimes, en particulier, parmi les malades alors que la pandémie continue à sévir. Pour les Palestiniens de Gaza confiants et déterminés, il ne reste qu’une alternative, résister sur leur terre, rester à côté des ruines de leurs maisons détruites, avec leur seule arme, le courage, et surtout espérer un changement radical, pour une solution politique qui leur permettrait de vivre libres à Gaza, de vivre libres en Palestine.
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