Robert Inlakesh, 22 février 2024. Le régime israélien est unique par son besoin constant de validation. Aucun autre régime ne cherche constamment à obtenir la reconnaissance de son ennemi, ni à obtenir l’approbation morale de ses pairs pour son comportement. Il est intéressant de noter que, comme il défend toujours sa position, il se soumet à un examen et si un régime pouvait être dissocié d’un « droit à exister » fondé sur le mérite, ce serait “Israël”.
Ce qui se commet contre la population de Gaza depuis octobre dernier est un crime sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Jamais auparavant nous n’avons vu un peuple aussi mortellement terrorisé par des équipements militaires modernes que celui de la bande de Gaza. Qu’il s’agisse du tonnage de bombes larguées sur Gaza, du pourcentage d’infrastructures détruites, ou encore du nombre d’enfants, de femmes, de journalistes, de personnel médical et d’autres groupes protégés tués, l’armée sioniste a battu tous les records.
Aujourd’hui, nous assistons objectivement à la pire crise humanitaire au monde à Gaza, qualifiée comme telle par Martin Griffiths, le chef de l’aide humanitaire des Nations Unies. Le nombre total de victimes à Gaza a largement dépassé les 100.000, le nombre de blessés et de morts étant presque impossible à dénombrer car il n’existe aucun moyen de garantir des chiffres précis. Alors que la perte massive et sans précédent de vies humaines à Gaza se poursuit, le régime sioniste attaque la crédibilité de tous ceux qui commentent et consignent cette tache dans l’histoire de l’humanité, et essaie de démolir toutes les institutions, depuis le ministère de la Santé de Gaza jusqu’à chaque organe de l’ONU.
Pour ceux qui pensent qu’on ne peut pas affirmer qu' »Israël » n’a pas le droit d’exister, réfléchissez à quelques-unes des informations suivantes :
Le régime israélien est actuellement jugé devant la Cour internationale de Justice (CIJ) pour avoir commis ce que les juges de la Cour mondiale ont unanimement considéré comme étant diverses violations des conventions sur le génocide. Dans le même temps, “Israël” a été qualifié de régime d’apartheid par tous les groupes de défense des droits de l’homme régionaux et internationaux les plus solides, et même sa propre organisation de défense des droits de l’homme, B’Tselem, l’a qualifié de « régime de suprématie juive du Jourdain à la mer Méditerranée ». Parallèlement, le régime israélien a un procès en instance devant la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre commis dans les territoires occupés depuis 2014.
Dans la guerre actuelle entre Gaza et “Israël”, l’armée sioniste a infligé un bilan de morts civiles à Gaza qui fait passer Daesh pour un groupe d’humanitaires. Au cours des deux premières années de l’insurrection de Daesh en Irak, l’ONU a déclaré que quelque 18.800 civils ont été tués par l’organisation terroriste, tandis que l’armée sioniste a massacré plus de 30.000 Palestiniens en cinq mois environ. En fait, le véritable bilan des morts dans la bande de Gaza, si l’on prend en compte les personnes portées disparues et enterrées sous les décombres, est probablement plus proche de 40.000.
Historiquement parlant, l’entité sioniste est responsable non seulement du nettoyage ethnique massif de 750.000 à 850.000 Palestiniens pendant la Nakba (1947-1949), mais elle a également commis des expulsions massives de Palestiniens de leurs foyers au cours des années 1950, en particulier avec les assauts contre la bande de Gaza au cours de cette période. En 1967, 350.000 Palestiniens supplémentaires ont été expulsés de leurs terres, tandis que vers 1970, environ 100.000 Palestiniens ont été forcés de quitter leurs foyers pendant la période des affrontements dans la vallée du Jourdain.
En 1982, quelque 20.000 Palestiniens et Libanais furent ensuite massacrés lorsque l’armée sioniste envahit le Liban et força l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) à partir. Une fois que l’OLP a quitté le Liban et qu’il n’y avait plus personne pour défendre les camps de réfugiés palestiniens, les sionistes ont utilisé leurs milices alliées fascistes pour massacrer et mutiler des milliers de réfugiés palestiniens et de chiites libanais ; le cas le plus tristement célèbre est le massacre de Sabra et Chatila. L’entité sioniste a alors décidé d’imposer une occupation illégale du sud du Liban, à laquelle elle n’a pas renoncé jusqu’à ce que la résistance libanaise la force à partir en 2000.
Le seul groupe de Palestiniens dont le régime sioniste prétend qu’il est un exemple de la façon dont il traite mieux « le bon type d’Arabe » est celui des citoyens palestiniens d’ “Israël”. Ces Palestiniens sont légalement discriminés à travers plus de 60 projets de loi adoptés à la Knesset israélienne, et étaient eux-mêmes sous occupation militaire jusqu’en 1966, lorsque les sionistes ont occupé illégalement Al-Quds-Est, la Cisjordanie, Gaza, le Sinaï égyptien et le plateau du Golan syrien. Quant aux Bédouins palestiniens, qui possèdent la citoyenneté israélienne et résident dans le Naqab (Negev), ils ont eux-mêmes subi des déplacements massifs par centaines de milliers, tout comme la majorité des citoyens palestiniens des terres occupées, et sont désormais soumis à un programme de déplacement, au cours duquel leurs villages « non reconnus » sont fréquemment rasés au bulldozer et saisis pour l’expansion des colonies.
Même au sein de la population juive israélienne, la discrimination à l’égard des juifs non européens a toujours été endémique. Cela impliquait l’aspersion de désinfectant sur les juifs irakiens dans les années 1950, lors de leur première arrivée en Palestine occupée, et même le vol de bébés juifs yéménites par milliers, dont on suppose qu’ils ont été offerts aux familles juives blanches. Ce traitement réservé aux juifs du monde arabe, qui étaient considérés comme ayant la mentalité de « peuples inférieurs » et étaient même évoqués par des insultes racistes par des membres de l’élite dirigeante israélienne, ressemble fort à la Génération volée et aux pensionnats qui servaient à soi-disant « civiliser » les communautés autochtones d’Australie et du Canada. Sans parler de la stérilisation plus récente des femmes africaines et de la discrimination généralisée contre les juifs éthiopiens, qui ont conduit à d’innombrables émeutes anti-police, la plus récente ayant eu lieu en 2019.
Le racisme est ancré dans le tissu social israélien à tous les niveaux et n’exonère pas les juifs eux-mêmes. Une partie de cette histoire a été l’émergence du parti israélien Black Panthers, formé principalement de juifs originaires du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.
Sans parler des horreurs quotidiennes sous l’occupation qui a commencé en 1967 en Cisjordanie, à Gaza et à l’Est d’Al-Quds : l’expansion incessante des colonies illégales sur les terres palestiniennes, la démolition quotidienne de maisons en Cisjordanie et à l’Est d’Al-Quds. Et n’oublions pas que l’entité sioniste a été le premier État reconnu par l’ONU à légaliser la torture et à intégrer le bouclier humain dans sa doctrine militaire.
Tout ce qui précède ne tient pas compte du siège de Gaza, débuté en 2006 et renforcé en 2007. Il ne tient pas compte des massacres de haute technologie perpétrés contre la population de Gaza en 2006, 2008-9, 2012, 2014 et 2021. Cela exclut également le massacre d’environ 300 manifestants non-violents de Gaza lors de la Grande Marche du retour de 2018-2019. Cette liste d’attaques aériennes sur Gaza ne tient pas non plus compte des bombardements à plus petite échelle qui ont été menés au cours des années intermédiaires, par exemple il y a eu une attaque sur Gaza au début de 2023, avant la guerre en octobre, et également une attaque sur Gaza en août 2022.
À l’heure actuelle, une grande partie du monde sait désormais que 97 % de l’eau à Gaza était impropre à la consommation humaine avant le 7 octobre. Il est bien connu que Gaza a été déclarée invivable en 2020 par les experts de l’ONU et que la situation de ce territoire côtier assiégé équivalait à un camp de concentration.
Ce bref résumé ne fait qu’effleurer la surface de ce que l’entité sioniste a commis au cours de son histoire, pour situer le contexte. Ce qui se passe actuellement est si incroyablement horrible, dans son contenu et son ampleur, qu’il faut remonter à l’époque coloniale pour trouver des comparaisons adéquates. Pourtant, c’est la première fois que nous assistons à un génocide en temps réel, minute après minute et en direct via nos téléphones. Personne ne peut prétendre que le monde ne le sait pas, ni que les Israéliens eux-mêmes ne voient pas ce qui se passe. En fait, la société israélienne soutient massivement ce génocide, selon tous les sondages disponibles.
À tous les niveaux de la société israélienne, des hommes politiques aux personnalités des médias, des civils sur les réseaux sociaux aux soldats sur le terrain, les remarques génocidaires quotidiennes contre les Palestiniens sont incessantes. Il n’existe aucun parti d’opposition israélien viable qui défie le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, ils prônent tous les mêmes politiques racistes et tout Israélien qui s’oppose au massacre de la population de Gaza est considéré comme un agitateur.
Le postulat de l’entité sioniste est d’être un lieu sûr pour protéger le peuple juif, un régime qui empêchera un nouvel Holocauste. Pourtant, ses dirigeants ont prouvé qu’ils sont non seulement incapables de se défendre contre une opposition bien disciplinée, mais qu’ils constituent également un régime qui provoque un génocide. Tous les arguments qui pourraient être présentés par les sionistes sont battus en brêche ; le seul qui reste est qu’ils sont capables de tout faire parce qu’ils sont supérieurs et que les Palestiniens / Musulmans / Arabes sont des êtres inférieurs par nature. L’entité sioniste est née de l’intolérance européenne, l’idée étant que pour mettre fin à l’antisémitisme en Europe, elle devait imiter d’autres mouvements coloniaux et se comporter comme les suprémacistes blancs à l’étranger.
Aucun État n’a le droit intrinsèque d’exister, ils existent en tant que fait et cela reste le cas aussi longtemps qu’il existe les moyens de leur permettre de subsister. Sur le plan moral, si vous croyez au « droit d’Israël à exister », vous dites alors que vous croyez à l’apartheid, au génocide, aux crimes de guerre et à une idéologie raciste puisque l’existence de l’entité sioniste repose sur ces résultats et ces idées. En réponse à des arguments comme celui présenté ici, les acteurs de mauvaise foi diront que le rejet du « droit d’Israël à exister » est un appel à l’extermination du peuple juif ; l’argument est tout le contraire. L’appel à la fin du régime israélien est un appel à la libération du peuple vivant en Palestine occupée, c’est un appel à l’abolition du régime raciste d’apartheid et à l’installation d’un système garantissant l’égalité des droits. C’est aussi un appel à la justice et après ce génocide à Gaza, la seule solution juste est la fin du régime sioniste et l’octroi de droits égaux à tous les peuples vivant entre le fleuve et la mer, en terre de Palestine.
Il n’existe aucun autre État membre des Nations Unies qui entre dans la catégorie des États d’apartheid tout en éclipsant le nombre de morts civiles infligées par Daesh, qui soit accusé de génocide devant la plus haute instance judiciaire du monde, de crimes de guerre devant la CPI et qui soit également un occupant/annexeur illégal. S’il y a un membre de l’ONU dont on peut affirmer qu’il n’a pas le droit d’exister, c’est bien “Israël”.
Article original en anglais sur Al-Mayadeen / Traduction MR