Jusqu’où ira la complicité dans l’offensive génocidaire d’Israël à Gaza ?

Ramona Wadi, 16 janvier 2024. Si nous devions écouter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, la définition du génocide serait modifiée, car il a résumé la définition d’Israël de son intention et de ses actions génocidaires comme « une guerre morale et juste » menée par l’entreprise coloniale de peuplement et l’armée israélienne. « Cette campagne internationale de diffamation n’affaiblira pas nos mains ni notre détermination à lutter jusqu’au bout », a affirmé Netanyahu. Jusqu’à quelle fin ? Le nettoyage ethnique complet de Gaza ?

À la Cour internationale de Justice (CIJ) la semaine dernière, Israël a joué pleinement son discours sécuritaire fabriqué et, sans surprise, a imputé au Hamas les milliers de Palestiniens blessés et tués par les frappes aériennes israéliennes. L’État d’apartheid a également joué la carte humanitaire, bien que la famine soit l’une des tactiques utilisées pour anéantir la population palestinienne. Les couloirs humanitaires ont été bombardés, l’aide alimentaire a été empêchée d’entrer à Gaza et, dans les cas où la livraison était possible, les provisions étaient maigres en comparaison de l’ampleur des privations résultant des morts et des destructions provoquées par Israël. Sans parler des soldats israéliens qui tiraient sur les civils palestiniens alors qu’ils se pressaient pour obtenir de l’aide. Ou des enfants ramassant de la farine répandue sur le sol. Le génocide n’est pas une fabrication – ou une « campagne de diffamation » comme Netanyahu voudrait nous le faire croire – et Israël, bien sûr, a perfectionné ses méthodes.

Pourtant, même Israël ne croit pas à ses mensonges, et encore moins le reste de la « communauté internationale ».

Mais les alliances et la complicité sont ce sur quoi Israël s’appuie. Il est autorisé à garder le contrôle de son discours sécuritaire parce que les liens sont profonds et que la dépendance à l’égard de la technologie militaire israélienne est la faiblesse majeure d’un trop grand nombre de gouvernements. À tel point, en fait, que le Jerusalem Post fait la promotion des armes israéliennes utilisées à Gaza. Comme pour inaugurer les « 100 jours de la guerre Israël-Hamas » – l’euphémisme israélien pour désigner le génocide – un article récent énumère les nouveaux armements et fournitures médicales d’Israël pour l’armée. En mettant l’accent sur le ciblage de précision et les mortiers avec « une précision améliorée (…) à utiliser contre les terroristes dans des zones très peuplées », Israël peut peut-être expliquer pourquoi le ciblage de précision augmente le nombre de morts parmi les civils palestiniens, à moins qu’Israël ne cible précisément les civils. Cela s’ajoute à l’affirmation d’Israël selon laquelle il a également utilisé des bombes non guidées, « l’objectif étant davantage d’attaques avec moins de vols ». Le Jerusalem Post note qu’« Israël est le premier pays à les utiliser dans des activités opérationnelles ». Quels que soient les moyens utilisés par Israël, frappes de précision ou bombes non guidées, les civils ont été ciblés dans une bande de terre où nulle part n’est sûr et où la seule issue est un transfert forcé, une préférence que les dirigeants israéliens n’ont cessé de vanter à mesure que l’audience de la CIJ se rapprochait.

Il n’y a pas de campagne de diffamation contre Israël. L’État colonial s’est vanté de son intention d’anéantir les Palestiniens à Gaza et a mené des actions génocidaires qui prouvent cette intention. Qui plus est, il s’est déjà vanté de sa propre impunité devant la CIJ lorsqu’il a déclaré qu’une ordonnance du tribunal accordant les mesures provisoires demandées pour mettre fin au génocide « garantirait qu’Israël la violera dès qu’elle sera rendue ». Le ton sous-jacent est que rien n’empêchera Israël de commettre un génocide parce qu’Israël se considère au-dessus des lois et conventions internationales. Si la communauté internationale ne parvient pas à arrêter cet État voyou, un nouveau niveau sera franchi en matière d’impunité et de complicité dans le génocide.

Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR

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