Partager la publication "Protéger le colonialisme israélien, c’est aussi protéger les pratiques de torture d’Israël"
Ramona Wadi, 2 décembre 2025. – Demander à Israël d’enquêter sur ses pratiques de torture, tout en sachant que la torture fait partie intégrante de la violence politique israélienne, est l’une des tactiques employées par l’ONU pour minimiser le colonialisme. Dans un communiqué de presse, le Comité des Nations Unies contre la torture a déclaré qu’Israël mettait en œuvre « une politique d’État de facto de torture et de mauvais traitements organisés et généralisés », qui se sont aggravés après le 7 octobre 2023. Ne se limitant pas à Gaza, le Comité a déclaré que les politiques adoptées en Cisjordanie occupée, « si elles étaient mises en œuvre de la manière alléguée, constitueraient des conditions de vie cruelles, inhumaines ou dégradantes pour la population palestinienne ». La violence israélienne en Cisjordanie occupée aurait « atteint des niveaux sans précédent ».

1er décembre 2025. Des Palestiniens manifestent devant le bureau de la Croix-Rouge internationale à Gaza pour protester contre les atrocités commises quotidiennement contre les otages et détenus palestiniens en captivité israélienne. Source Quds News Network
À plusieurs reprises, la violence coloniale israélienne a été considérée comme ayant atteint des niveaux sans précédent. Le terme « sans précédent » est bien faible. Le Comité des Nations Unies contre la torture devrait se pencher sur la manière dont l’ONU a permis à Israël de dépasser progressivement des niveaux de torture « sans précédent », en toute impunité. Si l’on considère l’histoire récente de Gaza – en remontant à 2008-2009 lors de l’opération Plomb durci –, Israël a utilisé du phosphore blanc contre la population civile. Le phosphore blanc n’est pas interdit par la Convention de 1980 sur certaines armes classiques en raison de son utilisation comme écran de fumée. Moins de vingt ans plus tard, Israël commet un génocide à Gaza, et la communauté internationale reste passive.
Et si l’on remonte encore plus loin, les milices paramilitaires sionistes n’ont-elles pas torturé des Palestiniens lors de la Nakba de 1948 ? Au lieu d’examiner les causes profondes de la création d’Israël – le plan de partage de 1947 et la Nakba de 1948 –, l’ONU a accordé à Israël le statut de membre à part entière en mai 1949. Depuis lors, cette contradiction est perpétuée en faveur d’Israël : une institution censée protéger les droits humains dans le monde accorde le statut de membre à part entière à une entreprise coloniale, tandis que la population palestinienne colonisée demeure un État observateur. Cette population torturée reste soumise non seulement à Israël, mais aussi à l’ONU, qui facilite les pratiques de torture israéliennes grâce à une impunité internationalement approuvée.
Il ne suffit pas de recenser les pratiques de torture d’Israël. À ce stade, les listes ne contribuent pas à sensibiliser l’opinion publique, car personne ne s’attend à ce qu’une telle liste incite la communauté internationale à agir contre Israël. De même, demander à Israël de créer une commission d’enquête indépendante ne résoudra pas le problème ni ne réglementera ses pratiques de torture, qui font partie intégrante de sa violence coloniale.
Le Comité des Nations Unies contre la torture a peut-être un rôle spécifique à jouer, mais dans quelle mesure ce rôle détourne-t-il l’attention du véritable problème : le colonialisme ? Depuis des décennies, les Palestiniens sont catégorisés de diverses manières : détention administrative, torture, déplacement forcé, prisonniers palestiniens, pauvreté, résistance… la liste est longue. On peut désormais y ajouter les victimes de génocide (pour Gaza) et les survivants. Or, toutes ces catégories sont abordées uniquement sous l’angle des droits humains, sans jamais s’éloigner du cadre colonial, ni de l’expérience vécue par les colonisés. Dès lors, s’il est vain de s’adresser à Israël, il en va de même pour l’ONU, car aucune structure ne soutient plus efficacement les pratiques de torture israéliennes que la communauté internationale.
Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR