Expulsion des familles Shweiki et Odeh de leurs propriétés à Batn al-Hawa (Jérusalem) au profit des colons

Centre d’information de Wadi Hilweh, 9 novembre 2025. – Les autorités d’occupation ont expulsé dimanche les familles Shweiki et Odeh de leurs propriétés dans le quartier de Batn al-Hawa de Silwan, à Jérusalem, au profit de l’organisation de colons Ateret Cohanim.

Les forces israéliennes, accompagnées de personnel du Département de l’application des lois et de l’exécution et de colons, ont pris d’assaut Silwan et se sont déployées à ses entrées. Elles ont ensuite mené des raids dans le quartier de Batn al-Hawa et les zones environnantes, prenant position parmi les maisons, sur les routes et aux entrées, avant de prendre d’assaut deux propriétés appartenant aux familles Shweiki et Odeh en vue de leur expulsion au profit des colons.

Le Centre d’information de Wadi Hilweh à Jérusalem a expliqué que les forces ont complètement bouclé la zone autour des deux propriétés, empêchant tout accès, et ont occupé les toits et autres zones surplombant les lieux avant de commencer l’opération d’expulsion et de déblaiement. Le Centre a ajouté que le premier bien immobilier saisi est un immeuble résidentiel comprenant deux appartements appartenant à la famille Shweiki et un appartement appartenant à la famille Odeh. Ces biens se situent dans le cadre d’un projet d’occupation mené par l’organisation Ateret Cohanim, qui s’est emparée d’environ 5.200 mètres carrés dans le quartier d’Al-Hara Al-Wusta, à Batn al-Hawa, revendiquant la propriété de ces terres par des Juifs d’origine yéménite depuis 1881.

Lors de l’évacuation, les forces d’occupation ont complètement bouclé le secteur. Après avoir été expulsée de son immeuble, Mme Asma Shweiki (Um Zuhri) a insisté pour rester assise sur le seuil de sa porte avant de succomber à un épuisement général, puis a été transportée à l’hôpital. Dans un entretien précédent avec le centre, Hajja Umm Zuhri a déclaré, d’une voix mêlant résilience et douleur : « Je ne peux pas imaginer quitter cette maison… Dieu seul sait comment nous l’avons achetée, construite et comment nous y avons vécu. Tous nos souvenirs et tous nos jours sont liés à cette maison. Mon mari était malade et je suis restée à ses côtés pendant toute sa maladie, et mes fils sont tombés en martyrs… C’est ma maison, la maison de ma famille ; c’est ici que nous nous réunissons. »

Chaque recoin de la propriété de la famille Shweiki racontait une histoire : des photos des martyrs Zuhri et Nizar accrochées aux murs, des photos de leur père, tombé malade et décédé dans cette maison, et de leur mère, restée sur place pour préserver la mémoire familiale. Zuhair Shweiki a raconté que les forces d’occupation les ont agressés lors de l’exécution de l’expulsion ordonnée par le tribunal. Les forces d’occupation et les chiens policiers les ont attaqués soudainement, et certains membres de la famille ont été battus sans raison. On les a empêchés de rejoindre leur mère, Hajja Umm Zuhri, qui était seule à la maison pendant que tous ses fils étaient au travail. La famille a expliqué qu’elle était au travail au moment de l’expulsion et qu’on l’a empêchée d’accéder à son domicile. Elle a confirmé que la propriété avait été perquisitionnée et que de l’argent avait été volé. Elle a ajouté que des chiens étaient entrés dans la maison avec elle pendant l’expulsion, semant la panique et la terreur.

La famille a affirmé que les forces de l’ordre avaient pris d’assaut la maison et exécuté l’ordre d’expulsion malgré la date limite fixée au 30 du mois, en violation flagrante de la loi et des décisions de justice.

Le jeune homme, Mohammad Shweiki, a été arrêté après l’expulsion.

De plus, le Département de l’application des lois et de l’exécution de Jérusalem a remis à la famille Shweiki une mise en demeure lui demandant de payer pour vider leur maison et enlever leurs meubles et effets personnels, ainsi que pour nettoyer la rue et enlever le contenu du logement avant 14h00. À défaut, les équipes procéderaient à l’enlèvement et à la confiscation des biens aux frais de la famille. Le Centre d’information de Wadi Hilweh a ajouté que le terrain visé comprend entre 30 et 35 immeubles résidentiels abritant environ 80 familles jérusalémites (soit environ 600 personnes), qui vivent dans le quartier depuis des décennies après avoir acquis les terrains et les propriétés auprès de leurs anciens propriétaires grâce à des documents officiels datant des années 1950, 1960 et 1970.

Le Centre a noté que les tribunaux israéliens ont émis une série d’ordonnances d’expulsion ces derniers mois, menaçant de vider 37 appartements abritant plus de 300 personnes, plaçant ainsi le quartier de Batn al-Hawa au plus fort de sa crise de déplacement forcé.

Article original en anglais sur silwanic.net / Traduction MR