Les nations « surveillant » le cessez-le-feu à Gaza impliquées dans des violations quotidiennes

Robert Inlakesh, 5 novembre 2025. – Plus d’une douzaine de nations participent activement et supervisent les violations du cessez-le-feu par Israël, notamment le massacre de civils à Gaza et le blocage de l’aide humanitaire. Tous les responsables doivent rendre des comptes, car ils ne peuvent plus nier leur implication.

Du CCCM aux forces armées israéliennes, le monde entier assiste à l’hémorragie de Gaza sous prétexte de « stabilisation » (illustration de Mahdi Rtail pour Al Mayadeen en anglais).

Environ cinq jours après la mise en œuvre du prétendu accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza, un groupe multinational se faisant appeler Centre de coordination civilo-militaire (CCCM) a été créé dans le sud de la Palestine occupée. Il a rapidement attiré au moins 14 pays et plus de 20 organisations non gouvernementales, qui se sont empressées d’y participer.

Le CCCM est censé surveiller les violations du cessez-le-feu, coordonner des questions telles que l’acheminement de l’aide et contribuer à faire respecter le cessez-le-feu par toutes les parties. Jusqu’à présent, il n’a œuvré que dans l’intérêt d’Israël, et aucune nation n’a réussi à s’opposer fermement aux innombrables violations de l’accord par Israël. Des pays comme les États-Unis, la France, la Jordanie, le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Danemark, le Canada, l’Australie, l’Espagne et les Émirats arabes unis ont rejoint le CCCM. Selon le CENTCOM américain, dans le cadre de cette mission, les Égyptiens ont même déployé des équipes de spécialistes pour aider à retrouver les corps des prisonniers israéliens à Gaza, ensevelis sous les décombres causés par les bombardements de l’armée de l’air israélienne.

Alors que les membres arabes et occidentaux du CCCM se sont rapidement mobilisés pour atteindre les objectifs israéliens, ils n’ont rien fait pour garantir aux civils palestiniens de la bande de Gaza le strict minimum requis par le cessez-le-feu.

L’entité sioniste, conformément au cessez-le-feu qu’elle a signé, s’était engagée à autoriser l’entrée d’au moins 400 camions d’aide humanitaire à Gaza pendant les cinq premiers jours de l’accord, avant d’en autoriser un nombre illimité par la suite. Après plusieurs semaines, elle n’avait autorisé en moyenne que 90 camions par jour, même après avoir annoncé qu’elle en autoriserait 600 quotidiennement, soit le minimum nécessaire à la population pour subvenir à ses besoins essentiels. Si le CCCM n’exerce même pas de pression sur les Israéliens pour qu’ils acheminent le strict minimum d’aide humanitaire indispensable à la bande de Gaza, à quoi sert-il ?

De toute évidence, son seul rôle est d’aider le régime sioniste à réaliser ses objectifs génocidaires. Les États-Unis ont déjà envoyé des centaines de soldats en tant que prétendus « conseillers », tout en survolant la zone côtière assiégée avec leurs drones de reconnaissance.

Chaque jour, les Israéliens violent le cessez-le-feu en bombardant des zones civiles et en utilisant leurs soldats et leurs drones pour abattre froidement des civils. Ils mènent également des opérations militaires continues, par le biais de leurs unités du génie et d’entreprises privées, pour détruire les infrastructures civiles restantes dans les territoires occupés par l’armée israélienne.

Où est le CCCM face aux quatre milices liées à l’EI, armées et bien équipées par Israël, qui opèrent dans la bande de Gaza ? S’est-il opposé aux pillages et aux attaques de ces groupes contre des entreprises civiles ? Ont-ils protesté ou quitté le CCCM en signe de protestation après le massacre de 104 personnes, dont 46 enfants, par les Israéliens en une seule journée ?

Les nations membres du CCCM sont-elles totalement aveugles à ce que le monde entier voit en direct sur ses téléphones, jour après jour ? Non, bien sûr que non. Les dirigeants des nations impliquées devraient être tenus pénalement responsables ; ils restent passifs et se plient aux agissements des Israéliens qui violent le cessez-le-feu et commettent quotidiennement des crimes de guerre.

Bien que des ONG soient également impliquées dans le CCCM, leur influence est manifestement moindre et leur rôle se limite à des actions extra-militaires. La question qui doit être posée à tous les acteurs concernés est la suivante : lorsqu’on fait partie d’un comité de coordination mis en place pour surveiller et faire respecter le cessez-le-feu, à quel moment estime-t-on que cela suffit et qu’une action quelconque doit être entreprise ?

Parallèlement, le projet américano-israélien de créer une Force internationale de stabilisation (FIS) semble être la priorité concernant l’accord de cessez-le-feu à Gaza. Déjà, plusieurs pays arabes ont refusé de participer directement à la FIS, craignant pour la sécurité à Gaza et les risques que les frappes aériennes israéliennes font courir à leurs soldats. Ils pourraient également être contraints à des affrontements avec les groupes de résistance palestiniens.

Le vice-président américain JD Vance a déjà déclaré que les Forces de sécurité israéliennes (FSI) seraient chargées de désarmer le Hamas, ce qui, de fait, en fait une force d’invasion et de changement de régime, et non une force de stabilisation comme son nom le suggère. C’est pourquoi, selon des responsables américains, les FSI cherchent désormais à recruter des pays d’Asie de l’Est afin de remplacer certains pays arabes qui avaient initialement manifesté leur intérêt pour le projet.

Le Commandement central des États-Unis soumet également des propositions pour la création d’une « force de police » palestinienne chargée de prendre le contrôle de la bande de Gaza. Cette force serait entraînée et validée par les États-Unis, la Jordanie et l’Égypte.

L’objectif principal est d’éliminer par la force le Hamas et les autres groupes de résistance palestiniens, autrement dit, d’atteindre l’objectif de la guerre israélienne. Il n’y a absolument aucune préoccupation face aux meurtres quotidiens de Palestiniens, à l’expansion continue par Israël de sa soi-disant « Ligne jaune », aux escadrons de la mort liés à Daech, au refus d’autoriser la reconstruction dans les zones peuplées de Gaza, ni au blocage de l’aide humanitaire à destination de l’enclave.

Tout ce qui se fait actuellement est entièrement dicté par Israël, jusqu’à l’exigence du régime sioniste que les Forces de sécurité israéliennes ne puissent pas inclure de soldats turcs. Il ne s’agit pas d’un cessez-le-feu ; c’est un complot international ourdi pour atteindre les objectifs que l’entité sioniste n’a pas su réaliser durant deux années de génocide. Tous ceux qui participent à ce projet doivent rendre des comptes, car leur silence équivaut à de la complicité.

Article original en anglais sur Al Mayadeen / Traduction MR