Ramona Wadi, 24 octobre 2025.- Même dans le contexte du génocide israélien en Palestine, les appels au compromis ne faiblissent pas. Un appel récent au compromis émane d’Anwar Gargash, conseiller diplomatique du président des Émirats arabes unis, Cheikh Mohamed ben Zayed. Dans une interview accordée au sommet du Golfe Reuters NEXT, Gargash a réitéré le soutien des Émirats arabes unis au paradigme des deux États, qui « assure la sécurité d’Israël et un État viable aux Palestiniens ».

Attaque israélienne dans le camp de Tulkarem, au nord de la Cisjordanie occupée, le 10 septembre 2025.
« Certaines politiques ne sont plus valables et ne doivent pas être réincarnées. Les visions maximalistes sur la question palestinienne ne sont plus valables. Nous devons nous attaquer au problème de deux nationalismes opposés qui se disputent un même territoire et que ce territoire doit être divisé », a déclaré Gargash.
Cette rhétorique, simpliste et qui refuse de rendre compte de la réalité du colonialisme et du génocide israéliens, ne fait que favoriser l’effacement de la Palestine par Israël. Plus le langage du compromis s’enracine, plus il apparaît clairement que Ghassan Kanafani avait raison d’affirmer que les Palestiniens doivent mener seuls une bataille contre le colonialisme sioniste et l’impérialisme occidental.
Quelles sont les visions maximalistes sur la Palestine qui ne sont plus valables ? La détermination d’Israël à anéantir complètement la Palestine ? Le droit des Palestiniens à une résistance anticoloniale légitime pour la libération et la reconquête territoriale ?
La vision d’Israël est ancrée dans le droit international, les crimes contre l’humanité et le génocide. La lutte palestinienne est une lutte pour des droits légitimes. Le territoire a été divisé il y a des décennies dans le cadre du Plan de partage de 1947, qui a ouvert la voie au génocide. Compte tenu de l’éradication inhérente de la population autochtone palestinienne dans le Plan de partage, ne s’agit-il pas d’une vision maximaliste ? Si les visions maximalistes sont dépassées, pourquoi ne pas rendre obsolète le Plan de partage de 1947 ? Le colonialisme est réversible ; il ne s’agit pas d’un plan maximaliste, mais d’un plan régénérateur.
« Les gens aspirent à une paix durable, une paix qui garantisse la sécurité d’Israël, tout en offrant aux Palestiniens l’État qu’ils méritent », a ajouté Gargash. Les Palestiniens méritent leur terre, et non un fragment, sur lequel, après la décolonisation, ils pourront construire leur propre État. La diplomatie internationale n’envisage pas un État palestinien pour les Palestiniens, ni un État qu’ils méritent, mais un semblant d’État soumis à Israël et à la communauté internationale.
En septembre, les Émirats arabes unis ont déclaré que l’annexion constituait une ligne rouge et trahirait « l’esprit même des accords d’Abraham ». Ces accords constituaient une ligne rouge qu’aucun dirigeant arabe n’aurait dû franchir. Si la normalisation des relations avec Israël relève prétendument du compromis, la marginalisation des Palestiniens relève d’une vision maximaliste. Bien sûr, la normalisation avec Israël n’est pas un compromis, c’est une vision maximaliste. Mais puisqu’elle relève du consensus international, elle peut être qualifiée à tort de compromis.
Le génocide est maximaliste. Maintenir des relations diplomatiques avec Israël après un génocide est maximaliste. Le paradigme des deux États, fondé sur l’anéantissement des Palestiniens sous le couvert d’un hypothétique État palestinien, est maximaliste. Cette politique n’a pas épargné les Palestiniens de la violence coloniale israélienne ; elle a précipité une population colonisée vers le génocide. Si les dirigeants mondiaux ne soutiennent pas la libération palestinienne après le génocide, parlons-nous aujourd’hui d’une politique maximaliste ?
Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR