Nous paierons cher notre lâcheté vis-à-vis de la Palestine

Daniel Vanhove, 25 août 2025.– Plusieurs contacts m’interpellent ces derniers temps, s’étonnant de ne plus me lire sur la toile, à dénoncer la situation insoutenable que traversent les Gazaouis. Mais, que puis-je leur dire que je n’aie déjà exprimé, des années durant ? Et puis, d’autres s’y emploient quotidiennement avec perspicacité et compétence, ayant encore la force de trouver les mots pour décrire l’atrocité de la situation.

« Ceci n’est plus seulement le drapeau de la Palestine. C’est le drapeau universel de ceux qui se battent pour l’humanité. »

En vérité, je suis comme la plupart des individus normalement constitués, ayant gardé leur humanité : face à l’éradication programmée d’une population civile par cet immonde régime sioniste, je n’ai plus les mots. Je les ai alignés avec assiduité pendant des années, sentant venir les vents mauvais. Et à ce jour, vidé, je me réfugie dans le silence, je suis dans un état de sidération et d’effroi, mêlé d’un sentiment de dégoût d’appartenir à une société dont les responsables politico-médiatiques justifient l’injustifiable, et trouvent encore des excuses aux agissements d’un régime de terreur absolue, dont l’impunité fait vomir.

Depuis 25 ans que je me suis penché sur ce qui se jouait en Palestine pour tenter, au départ, de comprendre les raisons de la 2è Intifada, je n’ai eu de cesse avec quelques centaines de lanceurs d’alerte de par le monde, d’avertir sur ce qui risquait de se passer en cas de poursuite du projet colonial sioniste. Et le constat est sans appel : nous n’avons obtenu aucun résultat positif, sinon le mutisme lâche masquant l’abjecte complicité de nos gouvernements à ce « plus jamais ça » qu’ils nous ont vendu à tour de bras à propos des juifs exterminés par les nazis allemands, mais qu’ils laissent pourtant se dérouler contre les Palestiniens éliminés sans la moindre réaction concrète de leur part. Y aurait-il une justice à la carte ?

Malgré les livres, les soirées-débats, les échanges, les émissions radio-télés, les interpellations politiques, les manifestations, les témoignages, les centaines d’articles publiés sur quantité de sites d’information alternative… rien n’y a fait. Le Droit est bafoué tant et plus, sans que nos responsables politiques n’aient l’intégrité ni le courage de s’y conformer et d’en dénoncer les violations flagrantes qu’ils brandissent pourtant dès que leurs intérêts sont en jeu en d’autres lieux, mais qu’ils ignorent dès qu’il s’agit de l’entité sioniste. Et sans qu’aucune mesure contraignante ne soit adoptée contre les gouvernements israéliens successifs, toujours plus animés par leur projet ouvertement raciste qu’est le sionisme. Leurs intérêts en ces lieux sont-ils donc si considérables ? Aucun gouvernement de n’importe quel pays n’aurait pu se permettre le centième, le millième de ce que s’autorise ’’Israël’’ depuis des décennies, sans être immédiatement cloué au TPI (Tribunal Pénal International), criblé de sanctions, frappé d’embargo, et bombardé par une coalition occidentale se permettant de faire la pluie ou le beau temps en toutes occasions où ses intérêts priment sur toute autre considération.

Parce que depuis le temps où sévit le sionisme, on sait de quoi il est capable. On l’a vu à de multiples reprises s’abattre sur les Palestiniens, les Libanais, les Syriens, etc. et toujours sous de faux prétextes enrobés du « droit de se défendre ». Cette idéologie raciste est capable de tout. Elle ne recule(ra) devant rien. Et comme toute idéologie raciste, elle n’a aucune limite à ses funestes projets. Ce n’est donc pas tant l’organisation méthodique de ses meurtres éhontés qui doit nous surprendre et nous engager à la rejeter de manière catégorique. Non, ce qui est inadmissible, intolérable et condamnable sans la moindre retenue, c’est le silence et l’appui de nos gouvernements à ce régime qui a compris qu’il pouvait aller jusqu’où ses plans monstrueux le guidaient. Comme déjà répété mille fois : l’impunité pousse au crime ! Et ce laisser-faire de la part de nos gouvernements et des plus hautes instances internationales, se contentant de dénoncer et de demander quelque retenue à ce régime assassin, est intolérable et des plus révoltant.

Que l’on ne vienne plus jamais me parler de « droits humains », de « valeurs européennes » à préserver, de « démocratie », de « liberté, égalité, fraternité », de « Droit international », et j’en passe… face à ce que nos gouvernements permettent comme abominations dans le camp d’extermination qu’est devenue la petite bande de terre dénommée Gaza, où tentent de survivre plus de 2 millions de personnes, martyrisées depuis des décennies. Tous ces généreux concepts, ces prestigieuses institutions internationales qui devraient les incarner et leurs cadres surpayés, s’effondrent. La justice à laquelle nous prétendons n’existe pas dans la mesure où nous la voyons de manière flagrante s’exercer à « géométrie variable ». Le couple maudit américano-israélien impose la loi du plus fort. Inutile de (se) le cacher. Ou de (se) mentir. L’Occident collectif et « ses valeurs » a failli. Et les beaux discours et leurs déclarations grandiloquentes sont devenus inaudibles. Aucun responsable politique en fonction en cette sinistre période, qui ne se démarque pas clairement et n’agit concrètement en soutien à la Palestine assassinée et contre le régime raciste israélien, n’est désormais crédible.

Aujourd’hui nous assistons tétanisés à ce qu’aucun d’entre nous n’a imaginé possible: un génocide perpétré en direct, sous nos yeux, dont personne ne pourra dire qu’il ne savait pas. Nous n’avons aucune excuse. Ni nos gouvernements, ni nos médias, ni nos communautés diverses, nos voisins, nos familles et l’ensemble de nos concitoyens. L’information circule. En temps réel. Même si les criminels du régime terroriste israélien essaient comme à leur habitude de travestir les faits pour tenter de manipuler les opinions. Jusqu’à liquider les journalistes qui malgré les dangers continuent courageusement à relayer l’information à partir du terrain. Et jusqu’à créer une « cellule de légitimation » de leurs infamies, sachant qu’ils mentent sur toute la ligne et qu’ils doivent tenter d’en gommer les preuves. Le crime s’étale en long et en large depuis près de 2 ans, 24 heures sur 24. Et nous laissons faire. Pis : nos chancelleries y collaborent de multiples manières !

Malheureusement, sans vision politique claire – à savoir, ce génocide est indissociable du néo-capitalisme hégémonique occidental qui assure à certains un niveau de vie et une aisance inégalée au cours de l’Histoire – nous restons enfermés voire anesthésiés dans une logique de non-violence finalement… bien confortable, l’affirmant indépassable alors qu’une violence sans nom mais des plus tragiques s’exerce sous nos yeux à l’encontre de toute une population, enfants et nourrissons compris ! Revisitez la lutte opiniâtre, vingt ans durant, de l’anti-colonialiste Hô Chi Minh au Viêt Nam contre l’empire US pour comprendre que la non-violence n’est pas la seule réponse à adopter en cas de conflit majeur, voire existentiel. Ce qui est démontré aussi par la crainte des grandes puissances vis-à-vis de l’Iran, de la Corée du Nord, ainsi que des diverses factions de la résistance armée du Hamas et du Hezbollah. Sans même parler de la Russie et de la Chine, régulièrement visées. Tous ceux-là sont sans cesse menacés par nos Etats qui les désignent comme danger imminent, alors que l’on voit clairement d’où proviennent non seulement le danger, mais les millions de morts que nos armées suréquipées provoquent de par le monde, sous de fallacieuses raisons : Liban, Irak, Syrie, Libye, Afghanistan, Soudan, Iran, Yémen et bien sûr Palestine, pour n’en citer que quelques uns… qui, étrangement, font de l’ombre à l’entité sioniste et ses plans d’extension insatiable.

Ayant compris que les médias étaient les outils les plus puissants pour manipuler les consciences des citoyens, ces maîtres du crime, ces virtuoses du mensonge se sont assurés de leurs services auprès des quelques milliardaires sans scrupules qui en sont propriétaires. De la sorte, ils pervertissent et salissent tout ce qu’ils touchent, jusqu’aux mots qu’ils utilisent et dont il parviennent à inverser le sens. A ce stade, je ne peux que rappeler la justesse des paroles de Malcom X : « Si vous ne faites pas attention, les médias vous feront détester les opprimés et aimer les oppresseurs ».

Ainsi, ce sont les agresseurs qui ont le « droit de se défendre », et les agressés qui sont traités de « terroristes ». Ce sont les bombardements massifs et incessants qui sont qualifiés de « chirurgicaux » et les opérations désespérées de résistance occasionnelle qui sont « des actes de terrorisme ». C’est une armée qui pille, vole, viole et torture ses prisonniers que l’on dit « la plus morale du monde » quand les soins apportés par la résistance aux prisonniers israéliens sont fustigés en qualifiant cette dernière de « barbare ». C’est un régime assassin qui pratique depuis toujours l’apartheid, le nettoyage ethnique, le génocide et bafoue le Droit international depuis des décennies qui est appelé « démocratie », quand ceux auquel ce même Droit légitime les moyens de se défendre sont taxés « d’animaux humains ». Dégueulasses et vicieux qu’ils sont, ces imposteurs sont parvenus à mélanger les plans pour confondre anti-sionisme et anti-sémitisme afin de faire taire les voix qui, elles, n’étaient pas dans cet amalgame honteux. Et non contents, ils laissent les soutiens au régime sioniste s’exprimer tant et plus sur leurs ondes qui tournent en boucle, mais criminalisent les citoyens qui manifestent pour la Palestine, et jusqu’au port du drapeau ou du keffieh palestinien. Ces escrocs en cols blancs osent même aller jusqu’au concept de « la paix, c’est la guerre » qu’ils essaient de nous faire avaler. Et ainsi de suite dans une liste longue comme un bras qui donne juste envie de gerber, tant l’injustifiable semble admissible aux yeux d’une caste politico-médiatique dont il serait temps de pointer le caractère profondément raciste. Et qu’il faudra « dégager » et traîner devant les tribunaux le jour où le Droit retrouvera ses lettres.

Aussi et plus que jamais, les Palestiniens et leur résistance restent ma boussole, comme déjà exprimé à de multiples reprises. Seuls contre tous, ils continuent à nous indiquer malgré les conditions infra-humaines qui leur sont imposées, et le lâche silence qui les permet, malgré les sournoises tentatives de l’occupant de les « animaliser » en les privant de l’essentiel – nourriture, eau et soins – afin qu’ils s’entre-déchirent, qu’eux seuls restent dignes, préférant pour la plupart mourir debout à défendre leur terre, le Droit et la justice, plutôt que de ramper et vendre leur âme, comme on peut le voir dès que quelques roquettes survolent les colonies dont les troupeaux de colons se ruent vers l’aéroport Ben Gurion pour « rentrer chez eux », comme ils disent. Ce qui indique bien la nature des choses… Les Palestiniens nous montrent la voie, au prix le plus fort : il faut se débarrasser du sionisme et de toutes les idéologies mortifères qui, de près ou de loin, lui ressemblent. Définitivement. Au risque d’un embrasement général.

Dans l’un des livres où je témoigne de ce que j’ai vu au cours de mes voyages en Palestine entre les années 2000 et 2004, la couverture est illustrée par des mots peints à la hâte sur une façade de Gaza, déjà : « Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes »… Prémonitoire s’il en est, mais dans tous les cas, nous y voici pleinement. Sinon que les maisons sont rasées, et que les tentes et les bâches rafistolées qui servent d’abri, perméables et glaciales l’hiver, sont de véritables fours en cette période estivale. Sans parler des milliers de gens qui dorment à terre, au hasard de leur errance, sans la moindre protection. Mais la population n’en démord pas: contrainte de toutes parts, affamée, même privée d’eau, elle reste chez elle, quelles que soient les conditions.

Le dernier point non encore advenu dans ce drame historique et que j’ai annoncé voilà quelques années, est la destruction de la mosquée al-Aqsa de Jérusalem au profit de l’érection d’un nouveau Temple. Et vu l’extrémisme de plus en plus patent des gouvernements de ce régime criminel et l’inaction des nôtres, je persiste. Ce seront les temps les plus sombres de la région, qui feront baver les millions de tarés sionistes de par le monde s’imaginant qu’ils vont assister voire participer à la parousie, avec l’avènement du Christ venu établir le royaume de Dieu… sauf que les plans génocidaires américano-sionistes à l’encontre de la Palestine embraseront alors tous les pays arabo-musulmans qui s’étaient imprudemment engagés vers une « normalisation » avec l’ennemi, ce qui n’aurait jamais dû être envisagé et relève d’une trahison communautaire gravissime. Et en lieu et place de la fin des temps, ce sera la fin de cet ’’Israël’’ implanté de force par l’Occident au cœur des pays arabes pour ses sordides intérêts.

En attendant, Gaza et sa population meurent sous nos yeux que troublent les larmes dans lesquelles nous noyons notre impuissance mêlée de rage, avant qu’ici ou là, d’aucuns ne réagissent, s’organisent et initient une insurrection qui finira par surgir et nous faire payer le prix de notre lâcheté et notre manque de détermination à contraindre le régime sioniste à se plier au Droit, et puisqu’il persiste, à l’affronter et l’y obliger par tous les moyens utiles. Tout à l’opposé du mantra râpé des ’ »deux Etats vivant côte à côte » et qui n’est qu’une formule supplémentaire de la lâcheté de tous ceux qui n’ont pas le courage de se dresser contre le sionisme, véritable cancer qui empoisonne le monde depuis son origine.

En guise de conclusion, Malcom X encore : « Si vous ne vous levez pas pour quelque chose, vous tomberez pour n’importe quoi ». Il est urgent d’y penser, avant qu’il ne soit trop tard !