Ramona Wadi, 17 avril 2025. Depuis les premiers jours de la dernière phase du génocide israélien à Gaza, l’aide humanitaire est devenue une arme majeure. Le 9 octobre 2023, le ministre israélien de la Défense de l’époque, Yoav Gallant, a ordonné un siège total de Gaza. « Il n’y aura ni électricité, ni nourriture, ni carburant, tout est fermé », a-t-il annoncé. « Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence. »
Les « animaux humains » n’existent que dans l’esprit des sionistes et de leur faux discours sécuritaire, bien sûr. La réalité est qu’Israël a décidé de priver totalement les Palestiniens de vie, et la famine était le meilleur moyen de compléter ses bombardements aériens sur Gaza.
Le raisonnement était que les Palestiniens mourraient, d’une manière ou d’une autre, ou les deux à la fois.
Un an et demi plus tard, les responsables israéliens débattent toujours de leurs conceptions déformées de l’aide humanitaire. Le ministre de la Défense, Israël Katz, a annoncé hier qu’aucune aide humanitaire n’entrerait à Gaza tant que des « entreprises civiles » n’auraient pas été créées. L’annonce selon laquelle les Palestiniens restés à Gaza pourraient recevoir une aide humanitaire à un moment donné a suscité l’opposition d’autres responsables israéliens de la coalition gouvernementale d’extrême droite.
« Tant que nos otages meurent dans les tunnels, il n’y a aucune raison pour qu’un gramme de nourriture ou d’aide entre à Gaza », a déclaré le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir. Sa déclaration ne reconnaît pas le risque élevé que les otages israéliens soient tués par les bombardements incessants de l’État génocidaire.
Le ministre de la Culture, Miki Zohar, s’est également opposé à tout transfert d’aide humanitaire. « Que l’enfer soit réservé aux terroristes jusqu’à ce que nos derniers frères et sœurs otages rentrent chez eux sains et saufs », a-t-il déclaré. Un génocide ne permet à personne de rentrer chez lui sain et sauf, et le postulat avancé par Zohar est donc interminable.
Précisant sa déclaration, Katz a déclaré : « La politique d’Israël est claire : aucune aide humanitaire n’est sur le point d’entrer à Gaza. Dans la réalité actuelle, personne n’acheminera d’aide humanitaire à Gaza, et personne ne se prépare à en acheminer. »
Ce qui ressort de ces commentaires, c’est que les responsables israéliens ont un penchant pour affamer les Palestiniens de Gaza.
Ces commentaires n’envisagent pas de mettre fin à la famine, tandis que la déclaration de Katz sur les entreprises civiles et l’aide humanitaire laisse simplement entendre que la bureaucratie aggravera la privation d’aide humanitaire. En bref, les Palestiniens mourront de faim, ou seront tués par une bureaucratie qui les affame, s’ils ne sont pas déjà tués par les bombes.
Katz définit peut-être la famine comme une politique israélienne, mais cela dénote aussi le fait que la communauté internationale se laisse de plus en plus aller à l’idée que la famine soit utilisée comme arme de guerre. Malgré les millions promis pour l’aide humanitaire, Israël contrôle le paradigme humanitaire, et ce depuis un certain temps déjà. Pour la communauté internationale, l’aide humanitaire ne se traduit pas nécessairement par une aide concrète, mais plutôt par des postures et des déclarations routinières qui ont pris le pas sur une action coordonnée visant à mettre fin au génocide par la famine.
Les civils sont contraints de vivre soit dans des abris de fortune, surpeuplés et insalubres, soit dans des bâtiments en ruine, comme l’ont résumé ce mois-ci les opérations de protection civile et d’aide humanitaire de l’UE.
Bien sûr, il n’est pas fait mention de la participation directe des pays de l’UE au génocide et du fait qu’ils forcent les Palestiniens à vivre dans de telles conditions, car l’aide humanitaire et la politique sont des domaines totalement distincts, du moins c’est ce que nous disent les responsables politiques qui politisent l’aide humanitaire.
Il n’est donc pas étonnant que le monde ne crie pas « génocide ! » à l’unisson ; la politique de famine d’Israël est en réalité soutenue par le paradigme humanitaire actuel.
Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR