Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 275 / 11 janvier (1) – Rapport complet sur la situation générale dans la bande de Gaza 

Brigitte Challande, 11 janvier 2025. Abu Amir nous envoie ce texte qui décrit l’ampleur du désastre qui continue au 11.01. 2025.

« Extension des attaques israéliennes : L’armée israélienne a intensifié ses attaques sur la bande de Gaza, ciblant des maisons résidentielles dans diverses zones du nord au sud, en passant par le centre du territoire qui abrite des camps de réfugiés et des milliers de déplacés fuyant la guerre. L’UNICEF a rapporté qu’au moins 74 enfants ont été tués au cours des sept premiers jours de l’année 2025.

11.01.2025. De nombreuses victimes parmi des civils palestiniens, dont des enfants, après une frappe aérienne israélienne sur l’école Abu Halawa, à Jabalia, qui abritait des familles déplacées. (Source Quds News Network)

Au 461e jour de la guerre, les raids aériens se sont intensifiés avec une augmentation du nombre de victimes, alors que les hôpitaux manquent de carburant pour maintenir leurs services. Les ambulances ne peuvent plus répondre aux appels d’urgence dans presque toutes les zones. Le ministère de la Santé de Gaza a annoncé hier que 70 Palestiniens ont été tués en 24 heures entre mercredi et jeudi, portant le bilan total à 46.006 morts et 109.378 blessés depuis le début de l’agression il y a seize mois.

L’ampleur de la destruction dans la bande de Gaza : Depuis le début de la guerre le 7 octobre 2023, la bande de Gaza subit une destruction massive touchant tous les aspects de la vie. Les rapports indiquent que plus de 67% des infrastructures civiles ont été détruites, y compris les routes, les réseaux d’eau et d’électricité. Plus de 300.000 habitations ont été totalement ou partiellement détruites, laissant des dizaines de milliers de familles sans abri.

Les écoles et les hôpitaux n’ont pas échappé aux bombardements répétés. 30% des écoles ont été endommagées ou détruites, perturbant l’éducation de milliers d’élèves. De plus, 84% des hôpitaux et centres de santé ont été gravement touchés, menaçant un effondrement complet du système de santé.

« J’ai un mot à dire sur le manque de soutien international aux journalistes palestiniens (…) Peut-être que si nous étions ukrainiens, blonds ou aux yeux bleus (…)« . Ecoutez ce qu’a à dire Abubaker Abed, au nom des journalistes palestiniens de Gaza.

Une situation sanitaire catastrophique : La situation sanitaire à Gaza est devenue catastrophique. Le système de santé souffre d’une grave pénurie de médicaments et d’équipements médicaux. De nombreux hôpitaux ont dû fermer leurs portes à cause des bombardements et du manque de carburant. Dans le nord de Gaza, l’armée israélienne a imposé un blocus sévère, détruisant les hôpitaux et arrêtant les personnels médicaux, laissant les habitants seuls avec leurs blessés, sans possibilité de traitement. À Gaza-ville, les hôpitaux ont été frappés à plusieurs reprises, et les approvisionnements médicaux bloqués, condamnant les malades et les blessés à un sort incertain.

À Deir al-Balah et Khan Younès, où les centres d’accueil débordent de déplacés, les hôpitaux peinent à fournir des soins de base à la population. Par exemple, l’hôpital des Martyrs d’al-Aqsa à Deir al-Balah manque cruellement d’équipements, entraînant des décès évitables, tandis que les morgues sont quotidiennement surchargées de cadavres.

Des rapports signalent une augmentation alarmante des maladies infectieuses due à la surpopulation et au mauvais assainissement, avec plus de 550.000 cas signalés de maladies telles que l’hépatite et les infections respiratoires. Les décès d’enfants augmentent en raison du manque de couveuses et de fournitures médicales essentielles.

Le dépeuplement des zones du nord par l’armée israélienne : Depuis le début des opérations militaires, l’armée israélienne a forcé les civils à fuir les zones du nord de Gaza dans le cadre d’une stratégie visant à vider ces régions de leurs habitants. On estime que des centaines de milliers de personnes ont été déplacées sous des bombardements incessants, mettant leurs vies en danger tout au long de leur exode. Les observateurs estiment que cette stratégie fait partie d’un plan visant à redessiner la démographie et la géographie de la bande de Gaza, aggravant ainsi la crise humanitaire et les souffrances de la population.

Souffrances continues depuis octobre 2023 : Depuis le début de la guerre, les habitants de Gaza vivent dans un état de souffrance quotidienne. L’eau potable et l’électricité sont coupées dans tout le territoire, rendant la vie quasi impossible sous des bombardements constants et l’absence de services de base.

La majorité de la population dépend de l’aide humanitaire, qui arrive rarement en raison du blocus. Les taux de pauvreté et de faim ont atteint des niveaux sans précédent, poussant de nombreuses familles à chercher de la nourriture dans des conditions désespérées.

Déplacements forcés et dangers associés : Les déplacements forcés sont devenus une réalité quotidienne pour la population. De nombreuses familles ont dû fuir plusieurs fois, seulement pour se retrouver exposées à de nouveaux dangers dans les zones de refuge. Les témoignages décrivent des voyages éprouvants marqués par la perte de leurs maisons et la mort de proches en cours de route. Les bombardements ne font aucune distinction entre civils et cibles militaires, rendant chaque endroit dangereux.

Négociations en cours entre le Hamas et Israël : Malgré les efforts internationaux pour parvenir à une trêve, les négociations entre le Hamas et Israël sont entravées par de nombreux désaccords, notamment sur les conditions du cessez-le-feu, la reconstruction de Gaza et la libération des prisonniers et otages des deux côtés. Bien que des progrès aient été signalés récemment dans les médiations internationales, les habitants de Gaza estiment que les deux parties ne sont pas sérieuses dans leur volonté de mettre fin à la guerre et poursuivent des intérêts politiques au détriment de leurs peuples.

Conclusion : La situation dans la bande de Gaza reste catastrophique. La destruction des infrastructures, l’effondrement du système de santé, et les déplacements incessants ont plongé Gaza dans une crise humanitaire sans précédent. Alors que les efforts internationaux pour résoudre la crise progressent lentement, les habitants de Gaza continuent de payer le prix fort, sans perspective claire de fin de la guerre et des souffrances. Une réponse internationale urgente est nécessaire pour aller au-delà de l’aide temporaire et se concentrer sur la fin du conflit et la justice pour les habitants de Gaza qui subissent cette tragédie humanitaire. »


Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :

*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.

*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se consacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.

Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.

Cliquez ici pour consulter les Témoignages du 20 novembre 2023 au 5 janvier 2025.

Partie 270 / 6 janvier ; Partie 271 / 7 janvier ; Partie 272 : 8 janvier ; Partie 273 : 10 janvier ; Partie 274 / 11 janvier ;


Pour participer à la collecte « Urgence Guerre à Gaza » : HelloAsso.com
Les témoignages sont également publiés sur UJFPAltermidi et sur Le Poing.