Sayid Marcos Tenório, 23 janvier 2022. Le Mouvement de la résistance islamique (Hamas) a adopté un nouveau programme en mai 2017, dans lequel il se déclare mouvement national, islamique, de libération et de résistance palestinien dont l’objectif stratégique est de libérer la Palestine et d’affronter le projet colonial sioniste du nommé « État juif ».
Selon la définition programmatique du mouvement, la Palestine est la terre et le foyer du peuple palestinien, une terre arabe islamique sainte et bénie qui occupe une place spéciale au cœur de ce que l’on entend par Oumma (Nation) islamique, formée par le territoire qui s’étend du Jourdain à l’est à la Méditerranée à l’ouest et de Ras Al-Naqurah au nord à Umm Al-Rashrash au sud.
Le mouvement déclare que l’occupation coloniale de la Palestine historique, ainsi que l’expulsion et le bannissement du peuple palestinien, qui a commencé avec la Nakba (tragédie) en 1948, n’annule pas le droit du peuple palestinien à l’intégralité de la terre, tout en ne reconnaissant aucun droit de l’État juif sur celle-ci.
Ces formulations programmatiques seraient-elles contraires au droit à l’existence d' »Israël » ?
Pour le Hamas, quelles que soient les catastrophes qui ont frappé le peuple palestinien depuis 1948, en raison de la partition, de l’occupation et de la politique sioniste de déplacement et de nettoyage ethnique, l’identité palestinienne ne sera pas effacée ou niée. Un Palestinien, homme ou femme, ne perdra jamais son identité nationale et ses droits, même après avoir acquis une seconde nationalité.
Le programme du mouvement indique clairement que le conflit en Palestine occupée est basé sur la lutte contre le projet colonial sioniste, et non contre les juifs. La résistance comprend que sans que soient éliminées les causes sous-jacentes de l’injustice et de la tyrannie, il n’y aura pas de paix et de sécurité, car « Israël » est une entité colonialiste qui impose une occupation illégale de la Palestine et soumet le peuple palestinien à l’oppression, au siège, à l’humiliation quotidienne et aux violations systématiques des droits de l’homme. Et contre cela, le Hamas promet de se battre avec acharnement.
Dans la nouvelle formulation du programme, le Hamas soutient qu’Israël n’est pas un État normal, mais une occupation de colons juifs ashkénazes, khazars et séfarades venus d’Europe, qui a été créée au cours du processus d’expulsion et d’expropriation massive du peuple palestinien. Depuis 1948, des millions de Palestiniens continuent d’être victimes de l’occupation, de l’exil et de la dispersion. Dans ce cas, le Hamas estime que reconnaître « Israël » reviendrait à légitimer toutes les revendications et les mythes sionistes sur lesquels repose la création de l' »État d’Israël ».
La relation entre le peuple palestinien et Israël n’est pas une relation entre États souverains. C’est une relation déterminée par le colonialisme, l’expropriation militaire et l’occupation israéliens, et par la lutte des Palestiniens pour la liberté et l’autodétermination. C’est la réalité, et elle est incontournable. Demander aux Palestiniens de reconnaître l’occupation israélienne reviendrait à demander aux Sud-Africains noirs de reconnaître la légitimité du régime d’apartheid sud-africain blanc ; ou à espérer que les Algériens reconnaissent l’occupation française pendant leur guerre de libération nationale.
Pour les Palestiniens, accepter la réalité de leur occupant et de leur oppresseur revient à abandonner le rêve de liberté et de libération et à trahir ceux qui ont lutté longtemps et durement pour leur liberté, leur autodétermination et leur dignité, ainsi que le principe même de la lutte universelle pour la justice et la liberté – des prémisses inscrites dans les dispositions divines, dans le droit international et dans la Charte des Nations unies.
Les dirigeants du mouvement affirment qu’il est possible de reconnaître ses amis, mais qu’il est plutôt absurde d’accepter la légitimité de ses ennemis. Ils considèrent qu’il est absurde d’utiliser la reconnaissance d' »Israël » comme une condition préalable à l’entrée en vigueur d' »accords de paix » ou de « normalisations », alors que l’on sait qu' »Israël » poursuit ses actions systématiques d’injustice et d’oppression à l’encontre des Palestiniens, tout en continuant à étendre l’occupation.
L’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) a reconnu l' »Etat d’Israël » en 1988 et a réitéré cette reconnaissance dans le processus des négociations d’Oslo en 1993, en plus de promouvoir diverses initiatives de paix avec « Israël » depuis la Conférence de Madrid en 1991. Il faut se demander ce que ces négociations et cette reconnaissance ont apporté aux Palestiniens.
Les gouvernements israéliens n’ont jamais respecté les termes de ces accords. « Israël » n’a jamais reconnu les droits historiques et politiques légitimes du peuple palestinien à la terre et au retour, ni sa responsabilité morale, politique et juridique dans l’expropriation des terres et l’expulsion des Palestiniens.
Au contraire, Israël continue d’attaquer militairement les Palestiniens par des agressions massives et en s’emparant de terres, de construire de nouvelles colonies juives illégales et de les agrandir, d’assiéger Gaza et de violer systématiquement les droits de l’homme des Palestiniens, accumulant le nombre stupéfiant de plus de 4.600 prisonniers politiques, parmi lesquels environ 160 enfants, 34 femmes, 547 Palestiniens condamnés à la prison à vie et 9 membres du Conseil législatif palestinien, légitimement élu en 2006. On estime que depuis la Nakba, plus d’un million de Palestiniens de tous âges sont passés par les prisons sionistes.
Sur la base de l’expérience de ces « accords de paix » et d’autres négociations avec l’occupant sioniste, il est plus qu’évident que ces initiatives n’ont pas réussi à restaurer les droits des Palestiniens, pas plus qu’elles n’ont garanti l’efficacité des diverses résolutions des Nations unies (ONU) qui pourraient restaurer ces droits. Le problème principal n’est pas les négociations, mais le fait qu' »Israël » ne reconnaît aucun des droits des Palestiniens. Israël ne respecte tout simplement pas les accords, continue de transgresser ce qui a été convenu et va encore plus loin dans sa politique colonialiste agressive dans les territoires palestiniens.
Du point de vue de la résistance palestinienne, il serait impensable, immoral et injuste d’attendre des Palestiniens, qui sont continuellement opprimés et assujettis par l’occupation militaire israélienne, qu’ils capitulent devant les conditions humiliantes d’Israël. Il n’existe aucun précédent dans l’histoire moderne où un peuple a consenti au vol de sa patrie sans résister, et le peuple de Palestine a définitivement démontré au cours de ces 73 années qu’il ne fera pas exception.
Article envoyé par l’auteur / Traduction de l’anglais MR
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