Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 64 / 23 avril

Brigitte Challande, 24 avril 2024. Ces propos de « rêve » de Marsel utilisent un temps qui est celui du conditionnel…

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« Est-ce que nous Ibn Sina, l’UJFP et le mouvement de solidarité français, faisons des miracles ? Ou est-ce que ce sont ces enfants qui font des miracles ? Je suis sûr que si les dirigeants de l’occupation avaient compris, d’un point de vue militaire, le degré de détente et de bonheur de cet enfant, ils auraient immédiatement déclaré leur échec. S’ils voyaient la situation d’un point de vue familial en tant que parents et considéraient les enfants du camp comme leurs enfants, loin de la sale politique de discrimination ethnique et raciale, ils auraient jeté de leurs mains les outils de meurtre et auraient immédiatement arrêté le génocide… »

Message de Marsel : Bonsoir mes amis, voilà une partie des activités d’aujourd’hui, 23 avril

Marsel situe le contexte d’une petite vidéo prise de nuit

« L’état de calme apparent témoigne de la peur dont le camp était témoin avant le début de nos activités. D’ailleurs les lumières sur place proviennent d’un bâtiment voisin où se trouvent des étrangers qui travaillent dans des organisations internationales. Nous leur avons demandé d’éclairer le mur du bâtiment et ils ont accepté notre demande. »

Une série de photos et de vidéo rendent compte de l’animation proposée par le centre Ibn Sina avec le soutien de l’UJFP. Il s’agit ici d’une documentation de notre travail actuel dans le cadre du programme de cinéma mobile.

Par téléphone, Abu Amir nous donne des informations de la dégradation importante à Gaza

« La situation dans la bande de Gaza se détériore. À Nuseirat, l’armée a rasé des quartiers entiers. Ce matin encore nous venons d’apprendre la destruction d’un immeuble où vivent des gens que nous connaissons. Nous attendons avec anxiété des informations.

Dans le camp des paysans et de leurs familles

Depuis le retrait de WCK (World Central Kitchen), le camp est affamé. Nous nous efforçons de trouver d’autres sources de nourriture. Comme équipe UJFP, nous sommes membres de l’organisation du camp, nous en assurons même la présidence. On attend de nous que nous réglions tous les problèmes.

Un problème essentiel est celui de l’eau. La pompe du forage qui nous alimentait est grillée, et on a de sérieux problèmes avec le gaz qui permet d’actionner le générateur.

La solution serait une batterie solaire, qu’un voisin du camp accepterait d’utiliser sur son forage pour nous donner de l’eau, mais une batterie solaire, c’est très, très cher.

Il faut voir suivant la puissance, mais pour 600 watts, le prix qui était auparavant de 800 shekels (pour une batterie neuve) est maintenant de 2.500 shekels pour une batterie d’occasion. Tout le monde en cherche dans toute la bande de Gaza.

Cela fait une semaine que nous n’avons pas d’eau, j’ai pu me débrouiller pour deux jours d’eau potable, j’espère arriver à faire venir un camion la semaine prochaine pour 2 autres jours d’eau potable.

Mais le problème reste entier pour les autres besoins en eau, hygiène en particulier.

Il y a d’énormes problèmes avec l’argent : grâce à la solidarité française transmise par l’UJFP, il a de l’argent sur le compte mais il n’y a plus de cash à Gaza. Je me débrouille parce qu’on me connaît et que mes interlocuteurs me font confiance. Les distributeurs automatiques de billets sont assaillis par des milliers de personnes voulant retirer de l’argent.

La pénurie a provoqué l’apparition de voleurs armés qui essaient de s’emparer de l’argent liquide qu’ils peuvent trouver. Les commerçants qui peuvent accéder au cash à partir des cartes bancaires demandent un pourcentage indigne, 25 %.

Western Union prélève aussi des sommes importantes sur les virements, ce qui n’existait pas autrefois.

Il faut dire qu’il y a vraiment pénurie de cash. Partout aux carrefours, on voit des milliers de petits vendeurs, qui vendent tout et n’importe quoi, et gardent leur monnaie sur eux en cash, sans rien ré-injecter dans le système financier.

Pour l’instant je fais face, avec l’aide de personnes du camp et du Mokhtar Abu Jamal (resté au Caire depuis octobre). »


Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :

*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.

*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se concacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.

Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.


Pour participer à la collecte "Urgence Guerre à Gaza" : HelloAsso.com

Les témoignages sont également publiés sur UJFP; Altermidi.org