L’immeuble Al-Wa’ad à Silwan : D’un abri pour 13 familles à un champ de ruines… Des maisons s’effondrent et des espoirs sont brisés

Centre d’information de Wadi Hilweh, 23 décembre 2025. – À 5 h du matin, les familles de l’immeuble Al-Wa’ad, situé dans le quartier de Wadi Qaddoum à Silwan (Al-Qods), n’ont pas été réveillées par les alarmes pour l’école et le travail, mais par le bruit de portes soufflées, les cris d’enfants et un raid violent qui a anéanti le peu de sécurité qui subsistait dans leurs maisons.

En seulement douze heures, un immeuble résidentiel qui se dressait depuis plus de dix ans a été réduit en ruines, laissant plus de quatre-vingts personnes sans abri, sans vêtements et sans même avoir pu dire adieu.

À Wadi Qaddoum, la démolition n’était pas une simple décision administrative, mais une véritable opération de déplacement forcé, menée le jour même où une réunion était prévue entre le conseiller juridique de l’immeuble et la municipalité de Jérusalem pour poursuivre les négociations concernant son statut.

Au lieu de cela, le raid a été mené sans avertissement préalable, accompagné de violences physiques, de fouilles humiliantes, de la terreur infligée aux enfants et de l’expulsion forcée des femmes, des personnes âgées et des malades.

Les bulldozers ont alors commencé les travaux en plein jour et ne se sont arrêtés qu’au coucher du soleil.

Ainsi, l’immeuble Al-Wa’ad, un bâtiment de quatre niveaux comprenant 13 appartements, dont les habitants avaient passé des années à obtenir un permis de construire, a été démoli lors de l’une des démolitions les plus brutales et les plus importantes qu’ait connues Jérusalem en 2025.

Présence de colons parmi les équipes municipales : participation directe à la démolition et aux agressions

Selon les témoignages des habitants, la municipalité d’occupation ne s’est pas contentée d’accompagner les forces de l’ordre, mais a également fait appel à des équipes de colons pour aider à vider les appartements et à expulser les familles de leurs logements. Les colons ont agressé les habitants, les ont battus, leur ont jeté des pierres, les ont insultés et les ont bousculés, le tout sous les yeux de la police, qui leur assurait sa protection sans intervenir. Cette scène témoignait d’une collusion manifeste et d’une action concertée entre la municipalité, les forces d’occupation et les colons.

Les habitants de l’immeuble… douleur, chagrin et absence de logement

Samar Iskafi, une habitante de Jérusalem, raconte : « Ils ont pris d’assaut notre maison violemment, agressé mon mari malgré son cancer, terrorisé nos enfants, nous ont soumis à une fouille au corps, nous ont forcés à nous changer devant eux et nous ont empêchés d’emporter nos biens les plus essentiels avant de nous expulser de force de la maison, réduite en ruines.»

De son côté, Umm Amir Bader, une Jérusalémite âgée, a exprimé son choc : « Tout ça pour rien », en référence à la démolition de sa maison, où elle vivait depuis onze ans. Elle avait payé son appartement avec quinze années d’économies, ce qui lui permettait d’en être propriétaire et d’y vivre avec son fils.

Elle ajoute que les forces d’occupation l’ont agressée pendant le raid, l’empêchant d’utiliser les toilettes et de prendre ses médicaments. Ils l’ont expulsée de force de son domicile sans tenir compte de son âge ni de son état de santé, malgré son handicap, la laissant sans abri et sans logement par ce froid glacial.

Une autre habitante de Jérusalem, Nadera Abu Hatab, a déclaré : « Les forces de l’ordre ont pris d’assaut notre maison et m’ont agressée, ainsi que mes enfants. Ils ont forcé mes enfants à s’asseoir avec les chiens devant eux, alors même que ma fille souffre de problèmes respiratoires et n’a pas le droit d’approcher les animaux. Ils nous ont agressés à plusieurs reprises, nous expulsant de force de la maison. Ils ont arrêté mon fils et mon frère et agressé ma sœur et ma fille

À 8 h, trois heures après le raid et l’expulsion des habitants de leurs logements, la démolition a commencé. Les bulldozers ont entamé le processus, qui s’est poursuivi pendant des heures, réduisant finalement le bâtiment en ruines et laissant les familles sans abri et sans solution de relogement.

Le lendemain, les habitants de l’immeuble sont venus fouiller les décombres pour essayer de récupérer des affaires leur appartenant et qu’ils n’avaient pas eu le temps d’emmener.

Les habitants ont confirmé que la démolition a eu lieu quelques heures seulement avant une réunion prévue entre le conseiller juridique des familles et la municipalité de Jérusalem. Cette réunion s’inscrivait dans le cadre de négociations en cours depuis des années pour régler le statut du bâtiment, suite à des tentatives répétées d’obtention d’un permis qui se sont heurtées à des retards et des obstructions.

Article original en anglais sur Silwanic / Traduction MR