Al-Mayadeen, 19 décembre 2025.- Le département d’État américain a salué l’accord d’exportation de gaz récemment conclu entre le régime israélien et l’Égypte, y voyant une victoire importante pour les intérêts commerciaux américains, notamment pour le géant énergétique Chevron, chef de file du consortium impliqué.

« L’approbation par Israël de l’accord gazier Chevron-Égypte, d’une valeur de 35 milliards de dollars, constitue une victoire majeure pour les entreprises américaines et la coopération régionale », a déclaré le département d’État dans un communiqué officiel publié jeudi.

Les États-Unis, qui ont joué un rôle majeur dans le génocide de Gaza par le biais de ventes d’armes, d’un soutien militaire et d’une couverture politique pour « Israël », ont affirmé que cet accord devrait renforcer la sécurité énergétique et soutenir les initiatives plus larges visant à stabiliser et à reconstruire la bande de Gaza.

Aucun détail supplémentaire n’a été fourni sur la manière dont l’accord contribuerait directement à la reconstruction du territoire palestinien assiégé.

L’Égypte perdante

Malgré les affirmations selon lesquelles cet accord pourrait garantir la stabilité, on remarque qu’il comporte des risques stratégiques importants pour l’Égypte. En effet, sa dépendance croissante aux approvisionnements gaziers israéliens pourrait être exploitée politiquement par Tel-Aviv. Cette dépendance à une source d’énergie unique rend Le Caire vulnérable aux pressions diplomatiques et sécuritaires, offrant ainsi au régime israélien une influence potentielle sur les décisions politiques et le positionnement régional de l’Égypte.

La production de gaz naturel égyptienne a commencé à décliner en 2022, contraignant le pays à abandonner ses ambitions de devenir un hub énergétique régional. Depuis lors, l’Égypte dépend de plus en plus des importations de gaz en provenance d’Israël pour compenser le déficit et stabiliser son approvisionnement énergétique.

En s’appuyant sur un fournisseur unique et extérieur dont les intérêts sont étroitement liés à ses propres ambitions expansionnistes régionales, Le Caire offre au régime israélien un puissant outil d’influence, susceptible d’affecter les décisions politiques de l’Égypte et de limiter sa marge de manœuvre lors des négociations. Cette dépendance expose également l’Égypte à des ruptures d’approvisionnement et à des manipulations de prix, compromet sa sécurité énergétique et affaiblit sa crédibilité régionale en liant sa stabilité économique à un État qui affirme activement sa domination par le génocide dans la région.

Bien que l’accord apporte un soulagement à court terme, il restreint l’autonomie de l’Égypte, réduit ses options de diversification et accroît sa vulnérabilité aux pressions politiques extérieures.

Les États-Unis et « Israël » dictent leurs conditions

Selon Ynet, du point de vue de l’occupation israélienne, on ignore encore si l’Égypte s’est engagée à lutter contre le transfert d’équipements militaires vers la bande de Gaza ou à prendre des mesures supplémentaires en matière de coordination sécuritaire avec « Israël ».

Le rapport ajoute qu’« Israël » a formulé des exigences concernant de prétendues violations de l’accord égyptien, notamment en ce qui concerne le déploiement de forces, d’armes et d’infrastructures dans la péninsule du Sinaï.

Le média note également que, du point de vue américain, Washington souhaitait vivement qu’« Israël » approuve l’accord, car il est conforme aux intérêts américains. Ynet indique que Chevron devrait tirer des profits substantiels de cet accord, tandis que les liens entre le régime israélien et l’Égypte devraient se renforcer.

Cet accord gazier est également perçu comme un moyen de consolider l’influence régionale des États-Unis.

Article original en anglais sur Al-Mayadeen / Traduction MR