Brique par brique, l’expansion de la Ligne jaune engloutit Gaza

Mahmoud Sharqawi, 9 décembre 2025. – Le 20 octobre 2025, l’armée d’occupation a commencé à installer la « ligne jaune » à travers la bande de Gaza, conformément à l’accord de cessez-le-feu entré en vigueur le 9 octobre 2025. Des blocs de béton peints en jaune vif ont été placés le long du tracé défini dans l’accord.

Les forces d’occupation israéliennes ont déplacé les b;ocks de béton jaune plus loin dans Bani Suhaila, à l’est de Khan Younis, plaçant soudainement des familles palestiniennes déplacées à l’intérieur de la soi-disant « zone de la ligne jaune » alors qu’elles étaient réfugiées à l’école Malak gérée par l’UNRWA. (source avec d’autres photos Quds News Network).

Dans le calme relatif qui a suivi le cessez-le-feu, de nombreux Palestiniens déplacés, qui avaient fui vers le centre et le sud de Gaza, ont commencé à regagner leurs foyers, rassurés par le fait que leurs maisons se situaient à l’ouest de la ligne jaune, selon la classification de l’armée d’occupation.

Mais Israël n’a pas respecté l’accord. Les personnes de retour chez elles ou tentant de se réinstaller près de la ligne jaune ont été la cible de tirs – un message clair signifiant que leur retour était indésirable. Rapidement, et en violation des termes du cessez-le-feu, Israël a commencé à repousser progressivement la ligne jaune vers l’ouest, s’emparant de nouvelles zones et les ajoutant à la zone située derrière elle. Cette expansion fut brutale et rapide. Durant toute la nuit, les quartiers proches de la ligne furent pilonnés par des barrages de missiles et des bombardements, faisant des victimes tandis que les véhicules militaires avançaient et déplaçaient les blocs de béton plus à l’ouest. Au matin, les habitants se réveillaient et se retrouvaient soudainement du mauvais côté de la ligne jaune. Cela déclencha une nouvelle vague de déplacements massifs de population.

Salah al-Sawwaf raconta à Al-Akhbar qu’à son retour chez lui à Shujaiiyya, à l’est de la ville de Gaza et près de la ligne jaune, il se retrouva pris dans une attaque inattendue. Sa première nuit de retour fut un véritable enfer : l’armée israélienne lança d’intenses frappes aériennes, dont l’une toucha sa maison. Cette frappe tua un membre de sa famille et blessa plusieurs autres personnes. À l’aube, Salah découvrit que sa maison, auparavant à l’ouest de la ligne, se trouvait désormais derrière elle. Les forces israéliennes avaient profité de la nuit pour repousser la ligne plus à l’ouest. Sans autre choix, Salah et sa famille furent contraints de fuir une fois de plus, cette fois-ci vers al-Mawasi, à Khan Younis. Cela marqua un nouveau chapitre dans un périple sans fin de déplacements forcés.

Entre une ligne jaune qui ne cesse de s’étendre et des vagues terrifiantes de frappes aériennes, les Gazaouis se retrouvent pris au piège entre un accord qu’Israël refuse d’honorer et une réalité qui se transforme violemment, au prix de leurs maisons et de leurs vies. Le déplacement forcé n’est plus une urgence, mais un mode de vie, contraignant les gens à rassembler ce qui leur reste de souvenirs et à fuir vers des zones qu’ils espèrent sûres, au moins pour un temps.

Alors qu’Israël continue de s’emparer de terres et de cibler les habitants qui rentrent chez eux, la recherche d’un abri ressemble de plus en plus à une course-poursuite après un horizon lointain, qui s’éloigne toujours plus à mesure qu’il se rapproche.

Article original en anglais sur Al-Akhbar / Traduction MR