La position des dirigeants mondiaux face au génocide

Ramona Wadi, 5 juin 2025. Les dirigeants mondiaux souhaitent-ils vraiment la fin du génocide à Gaza ? Le record des ventes d’armes israéliennes pour 2024 illustre mieux la loyauté de la communauté internationale.

Rassemblement de manifestants, brandissant des banderoles et des pancartes, pour exiger l’arrêt des exportations de charbon vers Israël, arguant que les livraisons en provenance d’Afrique du Sud contribuent aux pertes civiles et aux violations des droits humains à Gaza, le 28 mai 2025 à Johannesburg, en Afrique du Sud. [Ihsaan Haffejee – Agence Anadolu]

Pour la quatrième année consécutive, Israël a battu son record de ventes d’armes, totalisant 14,8 milliards de dollars en 2024. Les médias israéliens rapportent que les pays européens ont été les plus gros acheteurs d’armes exportées, avec 54 %, dépassant l’Asie-Pacifique, qui a représenté 23 % des ventes totales, en baisse de 2 % en 2024. Notons que que les pays signataires des accords d’Abraham et ayant normalisé leurs relations avec Israël ont augmenté leurs achats d’armes, passant de 3 % en 2023 à 12 % en 2024.

Selon Yair Kulas, directeur de la Direction de la coopération internationale en matière de défense d’Israël, des pressions politiques s’exercent sur les pays pour qu’ils s’abstiennent d’acheter des armes israéliennes. « Les militaires veulent nos produits haut de gamme, mais les forces politiques les bloquent. J’espère que la nécessité l’emportera sur la politique. »

À en juger par les ventes record, la politique du génocide profite à Israël et sème l’instabilité dans le reste du monde. Entre ces dangers imminents, les Palestiniens subissent de plein fouet la puissance des armes israéliennes. Et que fait le monde ? Encourager de nouveaux génocides en achetant davantage d’armes à Israël.

Sur le plan diplomatique, Israël est loin d’être isolé. Israël participera à la réunion ministérielle UE-Voisinage Sud, au cours de laquelle seront abordés la gouvernance, le changement climatique, les migrations, le développement économique et l’énergie. Un responsable européen anonyme a déjà déclaré que « la guerre en cours à Gaza » ne serait pas abordée lors de la réunion. Aucune date n’a non plus été fixée pour la révision de l’accord d’association UE-Israël.

L’UE ne peut même pas prétendre qu’il existe une rupture dans les relations diplomatiques entre le bloc et Israël. Il ne s’agit que de gagner du temps, même si le génocide est désormais acceptable dans les cercles diplomatiques qui ont tourné en dérision le droit international. Les mêmes gouvernements qui feignent de s’inquiéter de l’aide humanitaire à Gaza soutiennent le cadre génocidaire qui interdit l’aide humanitaire et provoque une dévastation humanitaire à Gaza. La communauté internationale pourrait-elle préciser à quel aspect du génocide elle s’oppose spécifiquement ? Certainement pas aux bombes.

Ce n’est pas la nécessité qui l’emportera sur la politique, pour reprendre les mots de Kulas. La nécessité est créée par la politique, en l’occurrence la politique du colonialisme et du génocide.

Alors qu’Israël jubile dans ses discours terroristes successifs, l’Allemagne, par exemple, a réitéré son engagement à lui livrer des armes. « L’Allemagne doit savoir où elle se situe et le dire clairement : aux côtés d’Israël », a déclaré le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul. Mais que se passerait-il si l’Allemagne expliquait clairement le sens de ce jargon diplomatique : qu’elle soutient le génocide israélien à Gaza ? Depuis octobre 2003, l’Allemagne a approuvé plus de 550 millions de dollars d’exportations d’armes vers Israël.

Il y a quelques semaines seulement, l’UE a tenté de donner l’impression que le vent tournait. Bien sûr, personne n’a cru ces déclarations. Depuis, le Fonds humanitaire pour Gaza entrave l’aide en tuant des Palestiniens et en fermant ses plateformes. D’autres Palestiniens ont été brûlés vifs. D’autres Palestiniens sont morts de faim. Il y a quelques heures à peine, les États-Unis ont opposé leur veto à une résolution pour un cessez-le-feu inconditionnel et permanent, car le texte est inacceptable, selon l’ambassadrice des États-Unis à l’ONU, Dorothy Shea (photo ci-dessus).

Il ne manque qu’une chose dans les discours des dirigeants mondiaux : une déclaration sans équivoque de leur soutien au génocide.

Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR