Partager la publication "29 janvier 2025 : Un an après l’assassinat de Hind Raja – Hommage à la mémoire de Hind Rajab, de sa famille et des innombrables victimes du génocide à Gaza"
Fondation Hind Rajab, 29 janvier 2025. L’année dernière, à cette même date, le 29 janvier 2024, Hind Rajab, âgée de cinq ans, était assassinée, avec sa famille, dans un acte brutal de violence génocidaire perpétré par l’armée israélienne. Hind a survécu à l’attaque initiale mais s’est retrouvée piégée dans les décombres, entourée des corps des membres de sa famille. Ses appels à l’aide, captés lors d’un appel en direct aux services d’urgence, ont été diffusés dans le monde entier. L’inhumanité de cet acte calculé a retenti partout, révélant le ciblage systématique et indiscriminé des civils à Gaza par Israël.
Un an plus tard, nous nous souvenons de Hind bien plus que comme une victime de la campagne génocidaire d’Israël : elle est un symbole de résistance, une enfant dont la vie et l’histoire exigent que justice soit faite. Un cessez-le-feu a été conclu à Gaza, près d’un an après le meurtre de Hind Rajab, et les responsables n’ont toujours pas été traduits en justice. Avec notre travail à la Fondation Hind Rajab (HRF), nous visons à briser le cycle de l’impunité israélienne et la poursuite de la justice et de la responsabilité pour les soldats israéliens qui ont commis des crimes de guerre et des violations des droits humains contre les Palestiniens.
L’assassinat de Hind Rajab
En ce jour effroyable, il y a un an, Hind, ses quatre cousins, sa tante et son oncle tentent d’évacuer le quartier de Tel al-Hawa, dans la ville de Gaza, tandis que les forces israéliennes envahissent la ville. Alors qu’ils tentent de s’enfuir à bord de leur Kia Picanto, une unité de l’armé israélienne commence à tirer sur leur voiture. La cousine de Hind, Layan Hamada, âgée de 15 ans, émet un appel urgent au Croissant-Rouge palestinien (PRCS), déclarant qu’ils sont pris pour cible, qu’un char d’assaut se rapproche et que toutes les personnes présentes dans la voiture, à l’exception de Hind et elle-même, ont été tuées. Quelques secondes plus tard, on entend à nouveau des coups de feu et les cris de Layan s’arrêtent brusquement. Hind est désormais la seule survivante, gravement blessée et toute seule, piégée dans la voiture. Le Croissant-Rouge palestinien reste en contact avec Hind, tout en essayant d’obtenir l’autorisation de l’armée israélienne d’envoyer des secouristes sur place pour la sauver.
Une enquête de Forensic Architecture a par la suite révélé qu’autotal, 335 balles ont été tirées sur la voiture et que les opérateurs du char avaient une vue dégagée sur les deux enfants à l’intérieur du véhicule. Cette enquête a aussi montré que le char était situé à une distance de 13 à 23 mètres de la voiture de la famille de Hind. En seulement 6 secondes, 64 coups de feu ont été tirés sur Layan, la cousine de Hind âgée de 15 ans, alors qu’elle était en communication avec le Croissant-Rouge palestinien.
Vers 18 heures, Yusuf al-Zeino et Ahmed al-Madhoun, membres du personnel paramédical du Croissant-Rouge palestinien, ont quitté l’hôpital Al-Ahli à bord d’une ambulance pour porter secours à Hind. Une fois arrivés sur les lieux, ils n’ont plus jamais donné signe de vie. La dernière chose enregistrée lors d’un appel entre les deux ambulanciers et l’équipe de communication du Croissant-Rouge palestinien est une explosion.
Salle de contrôle : Pouvez-vous voir la voiture ?
L’ambulance : Je ne vois rien du tout.
Salle de contrôle : Avez-vous votre sirène et vos gyrophares allumés ?
L’ambulance : Juste les lumières, pas la sirène.
Ambulance : … oh la voilà !
[explosion]
Deux semaines après l’attaque, lorsque la zone a été finalement accessible, les corps en décomposition de Hind, Layan et des membres de leur famille ont été découverts. À quelques mètres de là, l’ambulance incendiée a été retrouvée avec les restes des ambulanciers Yusuf et Ahmed.
Pourquoi Hind Rajab est-elle devenue un symbole ?
L’histoire de Hind Rajab résonne bien au-delà de sa propre tragédie, car elle symbolise la cruauté et l’humiliation systémiques auxquelles sont confrontés les Palestiniens sous occupation. À l’instar de celle de milliers d’enfants tués avant et après elle, l’histoire de Hind Rajab témoigne de la punition collective et intentionnelle qu’Israël inflige aux civils, en particulier aux enfants, ainsi que du ciblage délibéré du personnel de santé. Le 29 janvier 2024, l’intention génocidaire de l’armée israélienne de tuer des enfants a été confirmée par l’assassinat de Hind Rajab.
« Selon les Conventions de Genève et le Statut de Rome, Hind Rajab, âgée de cinq ans, sa famille et les deux ambulanciers qui ont tenté de la sauver ont tous été victimes d’un crime grave et complexe avec de multiples violations et crimes de guerre. » (Euro-Med Monitor)
La Fondation Hind Rajab a délibérément choisi le nom de Hind pour combattre et démonter les récits occultant la réalité de ces atrocités, et veiller à ce que les voix des victimes soient entendues et ne soient pas oubliées. Lors d’actions de solidarité à travers le monde en 2024, plusieurs campus universitaires ont été rebaptisés en référence à l’histoire de Hind Rajab et sa famille. Le cas le plus célèbre est celui de l’université de Columbia, où le « Hamilton Hall » a été rebaptisé « Hind’s Hall ». « Hind’s Hall » est aussi le titre d’un single de Macklemore, qui a suscité l’attention du monde entier et s’est hissé dans les classements de diffusion en continu. Macklemore a annoncé qu’il reverserait toutes les recettes de la chanson à l’UNRWA (source).
Honorer la mémoire de Hind
Dans un monde qui, souvent, cherche à normaliser ou occulter la souffrance des Palestiniens, nous refusons que l’histoire de Hind soit effacée ou discréditée. Préserver la mémoire de Hind est un acte de résistance puissant. Elle nous rappelle que ces actes ne sont pas isolés, mais qu’ils s’inscrivent dans une campagne de violence délibérée et continue. En honorant sa mémoire, nous nous engageons à ne pas laisser son assassinat, et celui de tant d’autres, tomber dans l’oubli.
Depuis l’assassinat de Hind Rajab, il y a un an, la situation à Gaza est devenue insupportable : le bilan officiel est estimé à 46.600 Palestiniens tués et au moins 10.000 personnes ensevelies sous les décombres.
Ce nombre est probablement beaucoup plus élevé, car le secteur de la santé à Gaza a été détruit par les attaques israéliennes, laissant de nombreux blessés dans l’incapacité de recevoir des soins. Depuis, des enfants sont morts à Gaza, non seulement à cause de l’agression directe de l’armée israélienne, mais aussi à cause de maladies, de famine et de froid, car l’aide humanitaire ne parvient pas en quantité suffisante. Les soldats et les colons israéliens ont bloqué toutes les voies d’acheminement de l’aide. Seulement maintenant, avec un cessez-le-feu incertain et fragile, les Palestiniens peuvent retourner chez eux et rassembler des images de la destruction.
Un an après l’assassinat de Hind Rajab, le monde n’est pas parvenu à empêcher Israël de cibler des civils, des enfants et des professionnels de la santé. L’intention génocidaire est tout aussi évidente dans l’agression d’Israël au cours de l’année suivant l’assassinat de Hind que dans cet assassinat lui-même. La communauté internationale a échoué à transformer l’indignation suscitée par le cas de Hind en actions internationales significatives contre Israël, sous la forme de sanctions, de boycotts ou de cessation des relations avec Israël et ses partenaires.
Notre mission : recours en justice et sensibilisation à l’échelle mondiale
La Fondation Hind Rajab, créée pendant le génocide en cours à Gaza, vise à mener activement des actions en justice contre les responsables de ces atrocités, y compris les auteurs, les complices et les incitateurs à la violence contre les Palestiniens. Notre fondation honore la mémoire de Hind Rajab et de tous ceux qui ont péri ou souffert de la campagne génocidaire d’Israël. Nous nous engageons à mettre fin à l’impunité israélienne, à obtenir justice et à veiller à ce que l’héritage de ceux qui ont perdu la vie soit honoré et qu’aucune vie ne soit oubliée.
À ce jour, nous avons déposé un millier de dossiers auprès de la CPI et des dizaines d’autres à travers le monde, dans diverses juridictions, certains ayant fait l’objet d’une communication, d’autres pas. Parmi les affaires récentes, une plainte pénale déposée au Brésil contre Yuval Vagdani a conduit le tribunal fédéral brésilien à ordonner à la police fédérale de diligenter une enquête contre le soldat. Cette affaire représente un développement juridique historique en droit international ; les soldats de l’armée israélienne qui ont agi en toute impunité à Gaza ne pourront plus voyager sans risquer de devoir répondre de leurs actes. Certaines des plaintes les plus récentes ont été déposées en Espagne, en Autriche et Allemagne, ainsi qu’en Thaïlande.
En plaçant ces affaires sous les feux de la rampe, les actions de la Fondation Hind Rajab permettent de sensibiliser l’opinion. En tant que citoyens plaidant pour la justice, nous ne sommes pas des forces de l’ordre et n’agissons pas dans le secret. La transparence est notre outil le plus efficace. Souvent, ces pays n’auraient jamais pris de mesures ou ne se seraient pas sentis obligés de le faire sans la pression de l’opinion publique internationale et nationale. Ces coups de projecteur les obligent non seulement à réagir, mais aussi à démasquer les agissements illégaux d’Israël pour échapper à la justice. L’exposition de ces violations est aussi importante que le recours en justice lui-même, car elle remet en question les systèmes qui favorisent l’impunité et garantit que l’obligation de rendre des comptes devienne inéluctable.
C’est pourquoi nous avons besoin de votre soutien pour faire connaître notre mission au monde entier. Ensemble, notre action collective mondiale peut être le catalyseur qui empêchera les criminels de guerre israéliens d’échapper aux conséquences de leurs actes.
Appel à l’action
L’histoire de Hind, et celles d’innombrables autres personnes, doit être racontée et préservée dans le cadre de la lutte contre l’effacement de la souffrance palestinienne. Aujourd’hui, nous appelons la communauté internationale à se tenir à nos côtés, à partager l’histoire de Hind, à amplifier sa voix et à soutenir la Fondation Hind Rajab dans son engagement dans la lutte pour la justice et la responsabilité.
Vous pouvez faire la différence et nous aider à sensibiliser le public en partageant nos affaires criminelles, en veillant à ce que ces injustices soient mises en lumière et en maintenant la pression du public là où c’est nécessaire. Pour ceux qui souhaitent soutenir notre travail, nous acceptons aussi les bénévoles et les dons. Ensemble, nous nous efforçons de parvenir à ce que justice soit rendue aux victimes de ce génocide et que les crimes de guerre commis par l’armée israélienne ne restent pas impunis.
Article en anglais sur Hind Rajab Foudation / Traduction Chris & Dine