Dimanche matin : un jour glorieux d’héroïsme, de sacrifice et de résilience

Muhammad Jamil, 19 janvier 2025. Alors que le cessez-le-feu entre en vigueur aujourd’hui, dimanche, la population de Gaza va enfin reprendre son souffle et commencer à panser ses blessures après avoir enduré plus de 15 mois du génocide le plus horrible de l’ère moderne. Le monde va se rendre compte que les chiffres publiés et les scènes diffusées pendant le massacre ne reflètent pas vraiment l’ampleur de la catastrophe ; elle est bien plus grande et plus horrible que quiconque peut l’imaginer.

La population de Gaza, qui a vécu les horreurs de la guerre, a vu ses maisons détruites au-dessus de ses têtes, a perdu des êtres chers, a été déplacée, blessée, déracinée et affamée, s’est déversée dans les rues – jeunes et vieux – dansant de joie lorsque la nouvelle de l’accord de cessez-le-feu a été annoncée. Cette célébration de la vie témoigne de leur moral, malgré les massacres et les destructions incessantes qu’elle a endurés.

La population de Gaza a tout à fait le droit de célébrer et de se réjouir. Les horreurs auxquelles elle a été confrontée sont un fardeau trop lourd pour des montagnes. Elle a résisté aux tonnes de bombes qui l’a ciblés par terre, par mer et par air, dans le but d’éradiquer tous les aspects de la vie au sens le plus vrai du terme. Les histoires et les images partagées par les médias ne représentent qu’une fraction de ce que les Gazaouis eux-mêmes – et le monde – découvriront lorsque la poussière de la guerre retombera.

L’occupation a lancé une campagne de bombardements aveugles immédiatement après l’annonce du cessez-le-feu, démontrant la brutalité de ses actes et son mépris total pour le caractère sacré de la vie. Les frappes ont visé les abris hébergeant les personnes déplacées et tous les lieux où la vie battait encore son plein, faisant des dizaines de martyrs et des centaines de blessés. Cette fois, l’objectif n’était pas seulement de continuer à tuer, mais aussi d’éteindre la joie du peuple de Gaza.

L’ampleur réelle de la catastrophe qui s’est abattue sur les habitants, les arbres et les pierres de Gaza deviendra évidente lorsque des dizaines de milliers de personnes déplacées retourneront dans leurs villes et leurs quartiers, entamant le douloureux voyage de recherche de leurs maisons détruites et de leurs proches perdus sous les décombres, de ceux qui ont été séparés pendant leur fuite ou de ceux qui ont été enlevés par l’occupation et dont le sort reste inconnu.

Un nouveau chapitre de l’histoire du génocide va se dérouler, intitulé « Les conséquences catastrophiques du génocide », qui ravivera de manière saisissante ses horribles détails comme s’ils se produisaient à nouveau. Le monde, qui a regardé sans vergogne, apprendra des vérités horribles sur une tragédie qu’il n’a pas su gérer ni même atténuer. Beaucoup se demanderont : comment le peuple de Gaza a-t-il pu endurer et persévérer dans ce pays inondé de milliers de tonnes de bombes ?

Le matin du cessez-le-feu marque une renaissance pour les habitants de Gaza, semblable à la vie qui émerge contre toute attente. C’est une journée magnifique qui témoigne de la patience, de la résilience et du défi. Ils ont affronté la mort qui les entourait de toutes parts – sur terre, sur mer et dans les airs. Ils n’ont pas capitulé mais se sont accrochés à la vie, sans se laisser décourager par la trahison de leurs alliés et de ceux qui auraient dû les soutenir.

La matinée de dimanche restera dans l’histoire comme un témoignage d’héroïsme, de sacrifice et de résilience face à la machine de guerre la plus féroce de l’ère moderne. Soutenue par une meute de prédateurs rassemblant leurs forces pour anéantir 2,5 millions de personnes sous le couvert d’une soi-disant « victoire ». Mais ils ont échoué. Le sang versé a vaincu leurs épées, révélant leur barbarie. Le peuple de Gaza est devenu un symbole de sacrifice, de dévouement et de fidélité à sa terre ancestrale.

Certains sont réticents à l’idée de parler de la victoire de Gaza après 15 mois de massacres, et ne mesurent le succès qu’à l’échelle des pertes humaines et matérielles. Oui, les pertes sont immenses et chaque goutte de sang versée est précieuse. Si les habitants de Gaza avaient un moyen d’empêcher l’effusion de sang, ils l’auraient pris, car ils considèrent la vie comme sacrée. Mais l’occupation, qui glorifie la mort des autres et se complaît dans la ruine et la destruction, ne leur a laissé d’autre choix que de supporter et de résister pour remporter la victoire.

Netanyahou, son armée et toutes les forces qui les soutiennent – ​​de l’Occident colonial, dirigé par les États-Unis, aux normalisateurs arabes – ont été vaincus. Leurs rêves et leurs objectifs déclarés au début de l’agression ont été enterrés dans les sables de Gaza. Ceux qui ont soutenu Netanyahou parmi les normalisateurs arabes ont également été déçus. Gaza reste la braise inébranlable de la révolution, perturbant leur sommeil et inspirant aux peuples de la région l’essence de la vie dans la liberté et la dignité.

Les scènes de bombes détruisant des quartiers entiers, les flammes consumant les corps des victimes – enfants, femmes et hommes –, les corps brisés, les têtes coupées et les cris des femmes et des enfants sous les décombres pendant 15 mois n’ont pas suffi à l’administration sioniste de Biden et aux gouvernements occidentaux pour prendre fermement position contre le fascisme de Netanyahou et mettre fin au génocide. Au contraire, ils ont continué à le soutenir, à justifier ses crimes et à jeter le doute sur ces atrocités.

Ces scènes n’ont pas non plus suffi à contraindre ceux qui partagent la religion, la langue et l’identité arabe avec le peuple de Gaza à rompre ou à geler les relations diplomatiques avec l’entité. Au lieu de cela, ils ont intensifié leurs relations et leurs efforts de normalisation. Des rapports crédibles ont parlé d’un corridor terrestre pour le transport de marchandises vers l’entité pendant que les habitants de Gaza mouraient de faim. En privé, ils ont soutenu le génocide et ont conseillé à Netanyahou d’être patient pour obtenir sa « victoire ».

Les tueurs et leurs soutiens ont prévu de continuer jusqu’à ce que Gaza soit complètement éradiquée. Mais la résilience de Gaza, conjuguée à l’investiture imminente de Trump et à ses menaces, a bouleversé tous ces calculs. Cet homme d’affaires, un samedi, les a tous piétinés et a forcé Netanyahou à accepter un accord qui était sur la table depuis mai de l’année dernière. Avec son esprit commercial agressif, Trump a réussi ce que Biden, un politicien chevronné et soumis aux menaces du lobby sioniste, n’a pas pu faire.

Les médias occidentaux, complices du récit sioniste, ont joué un rôle important dans la perpétuation du génocide. Dès le début, ils ont fait écho à la version sioniste pour justifier les massacres, puis ont jeté le doute sur l’ampleur et la nature des crimes de l’occupation. Ils ont lancé avec empressement des accusations d’antisémitisme pour diaboliser quiconque exprimait sa solidarité avec le peuple de Gaza, que ce soit dans la rue ou sur Internet.

Il ne fait aucun doute que la propagande malveillante des médias occidentaux, rappelant les tactiques de Goebbels à l’époque nazie, a enhardi l’occupation et donné le feu vert à ses crimes, en particulier la destruction et l’incendie d’hôpitaux, sous prétexte qu’ils servaient de bases militantes ou qu’ils étaient détenus en otages. L’occupation n’aurait pas pu commettre la plupart de ces crimes si ces médias avaient adhéré aux principes d’intégrité journalistique, qui ont complètement disparu pendant le génocide.

Les personnes irritées par l’accord de cessez-le-feu incluent Abbas et sa faction à Ramallah, qui l’ont rejeté comme « ridicule et sans valeur », car il ne leur a apporté aucun avantage malgré les services substantiels qu’ils ont rendus à l’occupation pendant le génocide. Il s’agissait notamment de poursuivre les militants, de protéger les colons et même d’assiéger le camp de réfugiés de Jénine comme le fait l’occupation, tout en maintenant la neutralité de la Cisjordanie tout au long du génocide.

Il est remarquable qu’Abbas, qui a minimisé l’accord, ait déclaré que « l’autorité est prête à imposer son contrôle sur Gaza ». Cette affirmation absurde est sans équivalent, car personne à Gaza ne permettrait à ces gens de poser le pied sur un sol imprégné du sang de dizaines de milliers de personnes qui ont sacrifié leur vie pour empêcher le contrôle de l’occupation. Comment pourraient-ils laisser ses collaborateurs réaliser ce pour quoi ils se sont battus ?

Abbas devrait se préoccuper de son sort et de celui de son autorité après le cessez-le-feu. Il devrait laisser Gaza à son peuple, qui sait mieux que quiconque ce qu’il fait. Les nouveaux décideurs américains et le gouvernement de Netanyahou sont déterminés à se débarrasser de cette autorité maintenant qu’elle a rempli sa fonction, permettant à l’occupation de dévorer la Cisjordanie par le biais des colonies. Tel est le sort des traîtres : abandonnés par leur peuple et rejetés par leurs maîtres, leur destin fait écho à celui d’innombrables autres à travers l’histoire.

Nous sommes convaincus que les habitants de Gaza, avec les quelques soutiens sincères qui les entourent, pourront reconstruire leur vie. Gaza vibrera à nouveau de vie. Le chemin sera long et ardu, mais avec la volonté inébranlable dont nous avons fait preuve tout au long des mois de génocide, tous les obstacles pourront être surmontés. Il est de notre devoir de leur apporter tout le soutien dont nous sommes capables, de continuer à les aider sur tous les fronts et de poursuivre sans relâche les auteurs et complices de ce génocide.

Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR