La mairie de Toulouse interdit une exposition de Médecins Sans Frontières sur Gaza

Collectif Palestine Vaincra, 7 janvier 2025. Du 6 au 26 janvier 2025, la 18ème édition du Festival Cinéma et des Droits de l’Homme a lieu à Toulouse et sa région à l’initiative de l’ACATAmnesty International, le CCFD Terre Solidaire, l’École des Droits Humains et de la Terre, les Amis du Monde diplomatiqueMédecins du Monde et Médecins Sans Frontières. Au programme, la projection de dix-huit documentaires sur de nombreux sujets parmi lesquels l’Ukraine, la Palestine, la Kanaky ou encore le Yémen.

Dans ce cadre, l’exposition « We Did what we could » devait se tenir durant toute la période du festival à l’Espace Diversités Laïcité. Présentée par Médecins Sans Frontières (MSF), celle-ci visait à « raconter le siège, les bombardements et l’horreur du quotidien à Gaza à travers l’expérience de ses soignants, en première ligne du conflit » selon l’association médicale humanitaire internationale. Mais un tel objectif n’est pas du goût de la municipalité toulousaine. En ce début de l’année 2025, nous apprenons que celle-ci a décidé de l’interdire deux semaines avant le début du festival. Une décision jugée « consternante » par la présidence de MSF dans une lettre ouverte à l’attention du maire de Toulouse publiée le 6 janvier 2025.

Alors que le génocide se poursuit à Gaza depuis plus d’un an, comme le documentent un nombre croissant d’experts juridiques et d’organisations internationales, le choix fait par le maire Jean-Luc Moudenc et son équipe municipale participe à une stratégie de silenciation des personnes qui s’opposent à cette opération génocidaire qui a déjà fait au moins 45 000 morts, dont environ 15 000 enfants selon l’ONU.

Pire encore, les éléments de communication de la mairie qu’elle a adressée à la presse affirme que sa décision est motivée par le fait que « le contexte local demeure également tendu » en évoquant des « manifestations liées au conflit israélo-palestinien par la préfecture et dont la radicalité posait un problème de trouble à l’ordre public ou encore le ciblage récent de plusieurs commerces toulousains au motif de leur prétendu soutien à Israël, sur le seul motif de la judéité présumée de leur propriétaire ». Dans un premier temps, rappelons que depuis novembre 2023 aucune manifestation de soutien à la Palestine n’a été interdite à Toulouse par la préfecture.

Mais le plus grave est sans aucun doute les accusations de « ciblages » de magasins en raison de « la judéité présumée » des gérants. Cette fake news a été initiée par un article mensonger d’Actu Toulouse publié le 9 octobre 2024 à propos d’actions contre des magasins qui sont la cible d’une campagne de boycott en raison de leur soutien (direct ou indirect) à la politique israélienne. Celle-ci a été démentie par un communiqué signé par une trentaine d’organisations politiques, syndicales et associatives revenant dans le détail sur ces accusations mensongères. En particulier, elles soulignent que « ces propos [sont] non seulement mensongers, infamants mais plus grave encore ils entretiennent une confusion extrêmement délétère, en particulier dans le climat actuel qui devrait inviter chacun d’entre nous à la responsabilité et au sérieux. […] Alors que l’antisémitisme est en recrudescence, l’amalgame opéré par le journaliste dans cet article entre juifs, israéliens et Israël est extrêmement dangereux. »

Cette instrumentalisation scandaleuse de la nécessaire lutte contre l’antisémitisme par la mairie de Toulouse pour censurer une exposition de photos sur la situation dramatique à Gaza est particulièrement abjecte, mais elle n’est malheureusement pas un cas isolé. Depuis de nombreuses années, Jean-Luc Moudenc est un fervent opposant aux soutiens du peuple palestinien sur la ville. De l’adoption d’un vœu anti-BDS en 2016 à la signature d’une tribune contre un rapport d’Amnesty International sur l’apartheid israélien en passant par des campagnes diffamatoires contre le Collectif Palestine Vaincra, la majorité municipale de droite démontre année après année son aveuglement politique en soutien à l’indéfendable. Le symbole de ce soutien est bien sûr la défense acharnée du jumelage de Toulouse avec Tel Aviv, véritable outil de softpower visant à blanchir les crimes et l’image de cet État criminel.

Plus que jamais, le Collectif Palestine Vaincra dénonce l’interdiction de cette exposition, nouvelle attaque liberticide de Jean-Luc Moudenc, et affirme son entière solidarité avec l’ensemble des organisateurs du Festival Cinéma et des Droits de l’Homme qui annoncent vouloir la présenter au public toulousain dans les prochaines semaines. Alors que le génocide à Gaza se poursuit grâce à la complicité des gouvernements occidentaux, nous avons la responsabilité et le devoir de continuer de soutenir la résistance du peuple palestinien qui se bat pour sa survie et pour un avenir débarrassé du colonialisme. Aucune censure ne nous arrêtera.

Source : Palestine Vaincra