Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 243 / 6 décembre – Education, Soutien psychologique et Activités : Construire l’avenir

Brigitte Challande, 7 décembre 2024. Le 6 décembre, Abu Amir envoie un rapport sur l’importance du soutien psychologique pour les enfants dans les camps de déplacés

« Les enfants vivant dans les camps de déplacés subissent des impacts psychologiques et sociaux sévères en raison des crises et des conflits qu’ils ont traversés. Il y a environ deux semaines, les spécialistes du soutien psychologique qui organisent des ateliers de soutien psychologique pour les femmes ont décidé de lancer une initiative d’un mois ciblant les enfants des camps voisins, et d’organiser des ateliers de soutien psychologique et de loisirs pour les enfants. Dans la région de Deir Al-Balah, des ateliers de soutien psychologique ont été mis en place, ciblant deux groupes d’enfants : le premier groupe, composé de 30 enfants, dans le camp des Amis, et le deuxième groupe, également de 30 enfants, dans le camp d’Ascalon. L’objectif principal de ces ateliers était de fournir un soutien psychologique aux enfants pour les aider à gérer leurs émotions et à réduire les effets négatifs qu’ils subissent en raison de leur situation de déplacement.

Un environnement plein d’espoir et d’optimisme

Les ateliers se sont distingués par la création d’un environnement sûr et rempli d’espoir pour les enfants. Les activités ont été soigneusement conçues pour répondre à leurs besoins psychologiques. Elles incluaient des jeux collectifs, des activités artistiques et des spectacles interactifs. Ces activités ne se limitaient pas à un simple divertissement, mais constituaient un outil efficace pour renforcer la confiance en soi et améliorer les compétences sociales des enfants. À travers le dessin et la peinture, les enfants ont pu exprimer leurs émotions librement, brisant ainsi la barrière de la peur et de l’isolement associés à l’expérience du déplacement. Ils ont également eu l’opportunité de tisser des liens positifs avec leurs pairs et les animateurs, ce qui a contribué à renforcer leurs relations sociales.

Diversité des activités et leurs effets positifs

Environ 60 enfants ont bénéficié de ces ateliers, qui comprenaient des activités variées telles que :

  • Le dessin et la peinture : Ces activités ont permis aux enfants de s’exprimer de manière créative, suscitant une grande interaction de leur part.
  • Les jeux physiques : Ces activités ont aidé les enfants à libérer leur stress et à augmenter leur activité physique, renforçant ainsi leur sentiment de bonheur et de bien-être.
  • Les exercices de relaxation et de respiration profonde : Ces techniques ont grandement contribué à réduire le stress et l’anxiété des enfants.
  • Les chants joyeux et les spectacles théâtraux : Ces activités ont créé une ambiance de gaieté et redonné aux enfants une part de la joie qu’ils avaient perdue à cause de leur situation.

Un environnement sûr pour les enfants

Ce qui a rendu ces ateliers uniques, c’est l’environnement sûr qu’ils ont offert aux enfants. Cet environnement leur a permis de participer librement, sans peur ni hésitation, et les a encouragés à interagir positivement avec les différentes activités. Le changement était évident dans leurs expressions faciales, où des sourires ont commencé à se dessiner, leur rendant une partie de la joie perdue à cause des crises.

L’importance des ateliers pour améliorer la santé mentale des enfants

Ces ateliers représentent une étape clé dans le soutien de la santé mentale des enfants ayant vécu des expériences difficiles. Ils ne se limitent pas au divertissement, mais visent à renforcer la résilience psychologique des enfants et à leur fournir des outils pratiques pour affronter les défis futurs. À travers des activités interactives et créatives, les enfants ont acquis confiance en eux et ont montré une amélioration notable dans leur capacité à s’adapter à leur nouvel environnement.

Impact du soutien psychologique sur la vie des enfants

Ces ateliers ont contribué à plusieurs résultats positifs pour les enfants :

  1. Amélioration des compétences d’expression personnelle : Les enfants ont appris à exprimer leurs émotions de manière plus ouverte et claire.
  2. Renforcement de l’interaction sociale : Les activités collectives ont encouragé les enfants à établir des relations positives avec leurs pairs.
  3. Réduction du stress psychologique : Les activités créatives et physiques ont aidé à diminuer les sentiments de tension et d’anxiété.
  4. Restitution de l’espoir et de la joie : Les ateliers ont été une fenêtre d’espoir pour les enfants, les aidant à retrouver une partie de leur enfance perdue.

Conclusion

Ces ateliers sont une pierre angulaire dans les efforts de reconstruction du monde des enfants affectés par le déplacement. En leur offrant un environnement sûr et réconfortant, les enfants ont la possibilité de récupérer leur enfance volée par les crises et de développer leurs compétences émotionnelles et sociales pour faire face aux défis quotidiens. La poursuite de ces efforts représente une étape essentielle pour améliorer la santé mentale des enfants et construire un avenir meilleur pour eux. »

Photos et vidéos ICI.

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« L’importance de l’éducation dans la bande de Gaza et le rôle des centres éducatifs dans la compensation des pertes scolaires

Dans la bande de Gaza, l’éducation représente une fenêtre d’espoir pour une population confrontée à des conditions difficiles dues au blocus et aux conflits persistants. L’éducation est un moyen essentiel permettant aux enfants de construire un avenir meilleur, en leur fournissant les connaissances et les compétences nécessaires pour améliorer leur vie et apporter un changement positif à leurs communautés. L’éducation n’est pas seulement un outil pour la réussite personnelle, mais aussi un pilier fondamental pour le développement de la société dans son ensemble. Elle contribue à renforcer la conscience sociale, à accroître les opportunités d’emploi et à favoriser la stabilité sociale. Malgré les défis économiques et les conditions de vie difficiles, les parents de la bande de Gaza accordent une grande importance à l’éducation de leurs enfants. Ils la considèrent comme un moyen de protéger leurs enfants des effets négatifs des conflits et de leur garantir un avenir plus prometteur. Cet engagement se manifeste par leur volonté d’inscrire leurs enfants dans des centres éducatifs, de suivre leurs progrès scolaires et de les encourager à poursuivre leurs études malgré les obstacles.

Le rôle des centres éducatifs créés par l’UJFP

Face aux défis rencontrés par le système éducatif dans la bande de Gaza, l’UJFP (Union Juive Française pour la Paix) a établi des centres éducatifs dans différentes zones, notamment à Khan Younès et Deir al-Balah. Ces centres visent à aider les enfants à combler les lacunes éducatives causées par les interruptions prolongées de leur scolarité en raison des conflits.

Caractéristiques des centres éducatifs :

  • Compensation des pertes scolaires : Les centres proposent des programmes éducatifs intensifs pour combler les lacunes des enfants, avec un focus particulier sur les matières fondamentales telles que l’arabe, les mathématiques et l’anglais.
  • Activités éducatives innovantes : Les centres utilisent des méthodes d’enseignement modernes pour capter l’intérêt des enfants et les motiver, comme les jeux éducatifs et les cartes colorées.
  • Soutien psychologique : Les centres offrent un environnement sûr et bienveillant pour réduire les pressions psychologiques subies par les enfants et renforcer leur confiance en eux.
  • Activités récréatives : Les programmes incluent des activités ludiques comme le dessin, les jeux collectifs et les chants, créant une atmosphère agréable qui encourage la participation et stimule l’apprentissage.

Relocalisation du centre éducatif de Deir al-Balah

Le centre éducatif de l’UJFP à Deir al-Balah était initialement situé dans le camp d’Al-Wafaa. Ce centre desservait quatre camps voisins. Cependant, avec la création d’un centre éducatif par la Fondation Al-Qattan dans le camp voisin d’Abu Al-Ata, la proximité immédiate de deux écoles dans la même zone posait un problème d’utilisation pertinente des ressources professionnelles.Un accord a donc été conclu avec l’administration des camps pour transférer les élèves du camp d’Al-Wafaa au centre éducatif Al-Qattan dans le camp d’Abu Al-Ata. En conséquence, le centre éducatif de l’UJFP a été déplacé vers le camp des Amis, une zone dépourvue de services éducatifs, pour combler cette lacune et offrir des opportunités d’apprentissage aux enfants privés d’éducation.

Création du centre dans le camp des Amis

Depuis la création du centre dans le camp des Amis, les enfants ont été répartis en groupes selon leurs tranches d’âge pour garantir un enseignement adapté à leur niveau scolaire. Les éducatrices ont commencé par enseigner aux enfants des compétences de base, notamment :

  • Révision des lettres de l’alphabet pour les plus jeunes, avec un accent sur l’amélioration des compétences en lecture et en écriture.
  • Enseignement des règles grammaticales et du vocabulaire pour les plus âgés, afin de renforcer leurs compétences en arabe.
  • Initiation aux concepts mathématiques de base comme le comptage, l’addition, la soustraction et les symboles mathématiques.

En plus de l’enseignement académique, diverses activités récréatives sont proposées, telles que le dessin et la peinture, les jeux collectifs et la narration d’histoires. Ces activités contribuent à créer un environnement d’apprentissage stimulant et agréable pour les enfants.

Impact des centres éducatifs

Les centres éducatifs ont eu des effets positifs significatifs, notamment :

  • Amélioration des performances académiques : Les enfants ont pu progresser sur le plan scolaire et retrouver confiance en leurs capacités.
  • Renforcement de la santé mentale : Les centres ont offert un environnement sûr où les enfants pouvaient exprimer leurs émotions librement, réduisant ainsi le stress et l’anxiété.
  • Augmentation de l’interaction sociale : Les activités collectives ont favorisé les interactions entre les enfants et permis de créer de nouvelles amitiés.

Conclusion

Dans la bande de Gaza, l’éducation n’est pas seulement un droit fondamental pour les enfants, mais aussi un outil pour construire un avenir plus stable et porteur d’espoir. Grâce aux centres éducatifs établis par l’UJFP, les enfants ont la possibilité de rattraper leur retard scolaire et d’évoluer dans un environnement sûr qui les aide à grandir et à se développer. Ces efforts représentent une lueur d’espoir face à des conditions difficiles et soulignent l’importance d’un travail continu pour soutenir les enfants et leurs familles dans la bande de Gaza. »

Photos et vidéos ICI.

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Ce même 6 décembre, Marsel ne cesse d’envoyer des informations sur les crimes de grande ampleur commis à Beit Lahia dans le nord de Gaza.

« Les forces d’occupation israéliennes ont assiégé l’hôpital Kamal Adwan avec des tirs nourris, et ont bombardé les zones résidentielles à proximité de celui-ci depuis les côtés ouest et nord. Ensuite, elles ont forcé le personnel médical et les accompagnateurs des patients à quitter l’hôpital et le gouvernorat en se dirigeant vers la route principale de Beit Lahia, puis la station Hamouda, puis le poste de contrôle de l’administration civile, où elles ont arrêté un certain nombre d’entre eux, tandis que les autres se dirigeaient vers la ville de Gaza. (Vidéo de tirs israéliens sur une ambulance)

A la tête de ceux qui ont été forcés de partir se trouvait la délégation médicale indonésienne (photo ci-dessus) qui était arrivée à l’hôpital la semaine dernière pour aider à soigner les blessés. Selon des témoins oculaires, il y a des dizaines de corps de martyrs dans les rues autour de l’hôpital, qui semblent avoir été tués pendant le siège de l’hôpital. L’hôpital fonctionne toujours avec des capacités limitées, un personnel très réduit et des conditions difficiles. »


Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :

*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.

*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se concacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.

Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.


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Un an de Témoignages de Gaza du 20.11.2023 au 20.11.2024, de la 1ère à la 227ème partie.
Pour participer à la collecte « Urgence Guerre à Gaza » : HelloAsso.com
Les témoignages sont également publiés sur UJFPAltermidi et sur Le Poing.