Partager la publication "Témoignages de Gazaouis : La survie qui s’organise au jour le jour dans l’enfer de Gaza – partie 240 / 4 décembre – Gaza une tâche sur la conscience mondiale"
Brigitte Challande, 4 décembre 2024. Dans la matinée du 3 décembre, Abu Amir nous envoie ce texte de réflexion après un an de guerre à Gaza : une souffrance sans fin et une lueur d’espoir perdue
« Après plus d’un an de guerre acharnée, la population de Gaza reste prisonnière d’un état de désespoir et d’obscurité absolus. Plus de 427 jours se sont écoulés et les habitants de Gaza continuent d’attendre désespérément la fin du cauchemar. Pourtant, le monde semble déterminé à prolonger cette épreuve, en prenant une vie innocente après l’autre et en détruisant tout ce qui a été construit au fil des décennies. Sous leurs yeux, leurs biens disparaissent, leurs proches périssent, leur histoire s’efface et leurs souvenirs se transforment en fragments épars.
Destruction totale et souffrances incessantes
Cette guerre brutale n’a rien épargné à Gaza. Les maisons qui offraient autrefois la sécurité sont aujourd’hui en ruines. Les écoles qui étaient des centres d’éducation sont des ruines désertes. Les hôpitaux destinés à soigner les malades et les blessés sont débordés et à peine opérationnels. L’infrastructure a été décimée, laissant la majeure partie de Gaza sans électricité ni eau potable. La population est confrontée à des conditions humanitaires désastreuses alors que la communauté internationale reste paralysée.
Depuis plus d’un an, Gaza subit des bombardements incessants, entraînant des déplacements forcés et des destructions massives. Des milliers de familles sont désormais sans abri, entassées dans des camps de fortune dépourvus des conditions de vie les plus élémentaires. Dans ces camps, les familles se débattent dans des tentes usées, affrontant des hivers glacials et des étés brûlants, tandis que la nourriture et les médicaments se font de plus en plus rares, faisant de la survie un défi quotidien.
Négociations vaines et silence mondial
Au milieu de cette dévastation, aucune perspective réelle de résolution n’est apparue. Les négociations entre les parties concernées restent vaines, marquées par l’indifférence à l’égard de l’immense catastrophe humanitaire. Les négociateurs sont motivés par des intérêts politiques personnels et ne se soucient guère des souffrances de la population de Gaza. Pendant ce temps, la communauté internationale et la communauté arabe restent silencieuses, tandis qu’Israël continue de bénéficier d’un soutien sans faille, lui accordant de fait l’impunité pour perpétuer ses actions.
Le Hamas, quant à lui, insiste sur le maintien de son pouvoir comme condition à tout accord, ce qui complique encore la situation. Cette insistance a exacerbé les souffrances des habitants de Gaza, qui se retrouvent pris entre le marteau de la guerre et l’enclume de la politique. Dans ces conditions, les habitants de Gaza ont l’impression d’attendre la mort, sans espoir de soulagement à l’horizon.
Un peuple épuisé s’accroche à tout espoir
Après 427 jours de déplacement, de faim et de perte de leurs proches, les habitants de Gaza sont désormais prêts à accepter n’importe quel prix pour mettre fin à la guerre. Cet état d’épuisement et de désespoir découle de la trahison continue de la communauté internationale, qui s’est révélée n’être que des paroles en l’air et pas d’action. Les habitants de Gaza ont compris que les nobles slogans sur les droits de l’homme et la justice ne sont rien d’autre que de l’encre sur du papier. Ils ont vu que les lois internationales sont appliquées de manière sélective, qu’elles sont créées non pas pour garantir la justice, mais pour soumettre les faibles et contrôler leur destin.
Cette guerre sans merci a détruit tout semblant de beauté et de vie à Gaza, laissant derrière elle une obscurité écrasante. La vie à Gaza ressemble désormais à des étoiles disparaissant derrière d’épais nuages, laissant le pays dans l’ombre, dans l’attente d’une lumière qui ne viendra peut-être jamais.
Une tache sur la conscience mondiale
Ce qui se passe à Gaza est une tache honteuse sur la conscience de l’humanité. Le monde, qui prétend défendre les droits de l’homme et la paix, s’est rendu complice de cette tragédie, soit par son silence, soit par son soutien indéfectible à l’agression. La population de Gaza, qui a tout perdu, n’attend plus rien de ce monde, ayant vu le vrai visage d’un système international qui discrimine entre les puissants et les faibles, laissant les innocents supporter les coûts des rivalités géopolitiques.
Gaza attend le salut
Malgré tout, les habitants de Gaza s’accrochent à l’espoir, aussi faible soit-il. Ils espèrent que leur voix sera entendue, que la guerre prendra fin, que les personnes déplacées rentreront chez elles et qu’elles auront une chance de vivre dans la dignité et la paix. Mais pour que cela se produise, le monde doit agir de manière décisive, non pas par des mots, mais par des actions qui garantissent la cessation de la guerre et l’allègement des souffrances de la population de Gaza, qui est devenue un symbole de l’endurance humaine face à l’injustice et à l’agression. »
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Ce même 3 décembre, Marsel nous envoie la photo d’un tract largué par les quadricoptères de l’armée israélienne sur le nord de Gaza à Betlaïa.« Des quadricoptères larguent des tracts à Beit Lahia, au nord de la bande de Gaza…
Contenu des messages : Effondrement de Jabalia. Toute personne se trouvant dans la zone doit se déplacer vers la rue Salah al-Din depuis la rue principale de Beit Lahia vers le sud. Tout autre mouvement vous expose au danger.
L’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme a déclaré dans un communiqué que 70.000 Palestiniens sont assiégés dans le gouvernorat du nord de la bande de Gaza, ils sont affamés et exterminés dans la plus grande campagne d’éradication des temps modernes.
Des bombardements d’artillerie ont ciblé des ambulances et des équipes de défense civile à proximité du carrefour Al-Mashrou’ dans la ville de Rafah, alors qu’elles travaillaient et transportaient des blessés, et les blessés sont arrivés à l’hôpital européen. »
Marsel envoie également une vidéo terrible d’un père en béquilles portant sur son dos, dans les gravats, son enfant amputé de ses deux jambes… une tâche sur la conscience mondiale !
Retrouvez l’ensemble des témoignages d’Abu Amir et Marsel :
*Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix.
*Marsel Alledawi est responsable du Centre Ibn Sina du nord de la bande de Gaza, centre qui se concacre au suivi éducatif et psychologique de l’enfance.
Tous les deux sont soutenus par l’UJFP en France.
228ème partie : 21 novembre. 229ème partie : 22 novembre. 230ème partie : 23 novembre. 231ème partie : 24 novembre. 232ème partie : 25 novembre. 233ème partie : 27 novembre. 234ème partie : 28 novembre. 235ème partie : 29 novembre. 236ème partie : 30 novembre. 237ème partie : 1er décembre. 238ème partie : 2 décembre. 239ème partie : 3 décembre.
Un an de Témoignages de Gaza du 20.11.2023 au 20.11.2024, de la 1ère à la 227ème partie.
Pour participer à la collecte « Urgence Guerre à Gaza » : HelloAsso.com
Les témoignages sont également publiés sur UJFP, Altermidi et sur Le Poing.