Un an après le Déluge d’Al-Aqsa

David Miller, 5 octobre 2024. Avant le 7 octobre 2023 et le lancement du Déluge d’Al-Aqsa par les forces de la Résistance palestinienne, les choses semblaient bien différentes. Après un an de poursuite de l’objectif présumé de vaincre le Hamas, que peut-on dire du gouvernement de la colonie ?

Illustration Batoul Chamas pour Al Mayadeen English.

Tout d’abord, l’économie est en crise

En 2023, le FMI a estimé le PIB d'”Israël” à 564 milliards de dollars et son PIB par habitant à 58.270 dollars (13e plus élevé au monde), un chiffre comparable à celui d’autres pays très développés.

Mais au dernier trimestre 2023, selon les chiffres du Bureau central des statistiques du régime lui-même, le PIB s’est contracté de 19,4 % par an.

Le secteur de la construction, par exemple, a ralenti de près d’un tiers au cours des deux premiers mois de la guerre. L’agriculture a également souffert, avec une production en baisse d’un quart dans certaines régions.

Une description de la situation près de Gaza dans le journal espagnol El Pais explique :

« Des milliers de travailleurs étrangers (principalement des Thaïlandais, mais aussi des Népalais et des Tanzaniens) sont rentrés dans leur pays après le meurtre et l’enlèvement de dizaines de leurs compatriotes. Les journaliers palestiniens – l’autre main-d’œuvre clé – ont vu leur permis d’entrée révoqué (les résidents de Gaza) ou suspendu (ceux de Cisjordanie). De plus, de nombreux Israéliens qui travaillaient dans l’agriculture ont été évacués vers d’autres régions du pays ou appelés comme réservistes. 

On estime que jusqu’à 60.000 entreprises israéliennes pourraient devoir fermer en 2024 en raison de pénuries de personnel, de perturbations de la chaîne d’approvisionnement et de la baisse de confiance des entreprises. »

Le port d’Eilat, au sud de l’entité d’occupation sioniste, a été déclaré en faillite en juillet en raison d’une baisse de 85 % de son activité, conséquence directe du blocus d’Ansar Allah sur la navigation en mer Rouge. Si le front nord est complètement ouvert avec le Hezbollah, tous les ports « d’Israël » seront inopérants, notamment Haïfa. La seule exception est Ashdod, au centre de la colonie, bien qu’il soit facilement accessible par missiles depuis le Liban, l’Irak, le Yémen et bien sûr l’Iran.

La normalisation de l’entité sioniste avec ses voisins a été inversée. En décembre, on disait que la normalisation était désormais dans une situation de « réinitialisation », et en septembre de cette année, même le dirigeant de facto de l’Arabie saoudite a déclaré que le royaume n’établirait pas de liens avec « Israël » tant qu’un État palestinien n’aurait pas été créé.

L’accord négocié par la Chine entre l’Arabie saoudite et l’Iran a également retiré le régime saoudien du Yémen, permettant à Ansar Allah de lancer son blocus étonnamment réussi sur la mer Rouge.

Le plus notable est peut-être que l’image du régime et de son armée en tant que stratèges militaires sophistiqués a été complètement minée par le lancement du déluge d’Al-Aqsa lui-même, et par le fait évident qu’après un an, la Résistance palestinienne à Gaza n’est pas vaincue. Le 19 juin, le porte-parole des forces d’occupation israéliennes, le contre-amiral Daniel Hagari, a déclaré à Channel 13 News que l’objectif d’éradiquer les dirigeants de Gaza était inatteignable.

« Cette entreprise de destruction du Hamas, de disparition du Hamas – c’est tout simplement jeter de la poudre aux yeux de l’opinion publique… quiconque pense que nous pouvons éliminer le Hamas a tort. »

En fait, le sionisme est confronté à la défaite dans tous les domaines. C’est même déclaré dans la presse de la colonie de peuplement.

Le changement le plus visible et le plus tangible en Occident a été l’érosion du soutien à l’entité déclinante.

Cela s’est manifesté tout d’abord par une polarisation considérable. La masse de l’opinion publique mondiale est devenue plus pro-palestinienne et plus loquace. Mais il existe également une petite tendance contraire des sionistes à devenir de plus en plus extrêmistes dans leur glorification du meurtre de femmes et d’enfants et à attaquer avec violence les manifestants pro-palestiniens, partout dans le monde, de l’Australie aux États-Unis.

Les Israéliens sont devenus de plus en plus génocidaires, puisque seuls 19 % d’entre eux sont même prêts à dire que le génocide sioniste est « allé trop loin ».

À Gaza et en Cisjordanie, le soutien au Hamas a augmenté tandis que l’Autorité palestinienne est devenue encore moins populaire.

L’opinion publique aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans le monde s’est tournée vers les Palestiniens.

Nous pouvons également constater ce changement dans la manière dont la crédibilité des principaux arguments sionistes s’est effondrée.

Le prétendu droit d’« Israël » à l’autodéfense a été matraqué, en particulier par des personnalités comme la rapporteure de l’ONU Francesca Albanese.

L’idée selon laquelle « Israël » a le droit d’exister ou devrait exister est également remise en cause. Un sondage d’opinion britannique a récemment montré que 54 % des 18-24 ans étaient d’accord avec l’affirmation selon laquelle « l’État d’Israël ne devrait pas exister ». Seuls 21 % étaient en désaccord.

Il est remarquable de constater que la puissance de l’arme principale utilisée par les sionistes se dissipe. L’accusation d’« antisémitisme » a moins de force et est désormais ouvertement moquée.

Il est clair que les sionistes tentent de minimiser les effets du génocide en essayant de saper les chiffres officiels palestiniens des morts et des blessés. Il est également régulièrement suggéré que les forces d’occupation minimisent leur propre nombre de victimes.

L’une des principales différences est que la crédibilité du régime et du sionisme a été gravement détériorée. Tout d’abord, le monde entier a pris conscience que la propagande israélienne, la hasbara, n’est pas véridique. Mais ce qui est encore plus dommageable, c’est la cruauté et la brutalité gratuites du génocide, et surtout la glorification dont tant de gens font preuve. Israël se révèle être une société profondément malade, voire en phase terminale. Le sionisme, dans le monde entier, est tout aussi souillé.

Les bébés décapités, les 1.200 victimes civiles, les viols – tout cela s’est avéré être des inventions sans fondement.

Mais, pire encore, ce n’était qu’une fraction de la brutalité perpétrée dans une apparente joie et une excitation frémissante par les forces d’occupation.

Beaucoup ont été surpris de voir des éléments de la population sioniste des États-Unis et du Royaume-Uni se joindre aux manifestations de protestation.

Le sionisme est aujourd’hui plus vilipendé qu’il ne l’a jamais été. Après un an de génocide, le sionisme est confronté à la défaite. Sa fin ne saurait tarder.

Article original en anglais sur Al Mayadeen / Traduction MR

L’auteur : David Miller est journaliste d’investigation et universitaire. Il est le fondateur et le codirecteur de l’organisme de surveillance du lobbying Spinwatch et rédacteur en chef de Powerbase.info. Son compte X : @Tracking_Power