Un État terroriste à travers le temps : de Ben Gourion à Netanyahou

Khalil Harb, 24 septembre 2024. Le 31 mai 1948, un homme né en Pologne du nom de David Ben Gourion transformait les groupes terroristes sionistes – Haganah, Stern, Irgun et Palmach – en ce qu’on appelerait les « Forces de défense israéliennes » (FDI). Cet homme allait devenir le premier Premier ministre d’Israël et ses actions ont jeté les bases de ce que beaucoup décrivent comme un État colonial de peuplement en Palestine.

Ce fait résume l’essence même de l’État d’occupation aujourd’hui, offrant une illustration frappante des racines de violence aveugle sur lesquelles l’État et son armée ont été construits. Aujourd’hui, les opérations militaires israéliennes se poursuivent à Gaza et en Cisjordanie occupée, où les chars écrasent les corps des morts et des blessés et où les habitants sont jetés des toits ou abattus dans leurs maisons.

« Provoquer la mort ou des blessures graves à des civils dans le but d’intimider une population » est la définition même du terrorisme, selon les termes de l’Assemblée générale des Nations Unies.

Des immeubles résidentiels entiers sont réduits en ruines au nom de l’« assassinat » de combattants de la résistance, que ce soit à Gaza, en Cisjordanie ou même à Beyrouth. Le gouvernement israélien a normalisé les attaques sanglantes contre les hôpitaux, les églises et les mosquées et a militarisé les technologies de communication pour anéantir en masse les gens dans les maisons, les bureaux et les rues – pour semer la terreur parmi les civils et les forcer à se soumettre.

L’État des gangs

S’il existe un mot qui définit le mieux le modus operandi d’Israël, c’est bien celui de terrorisme. Depuis sa création en tant qu’entité politique, en passant par ses premières campagnes de nettoyage ethnique et son oppression militaire continu à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, en Syrie, en Irak, en Iran et au Yémen – sans parler de ses actions précédentes en Égypte, en Jordanie, en Tunisie et au Soudan – l’histoire d’Israël est marquée par un mépris flagrant du droit international et des principes moraux.

Le terrorisme est l’arme la plus puissante d’Israël, de l’« État des gangs » que l’on surnomme désormais « la bande de Netanyahou », et de ses appareils sécuritaires et militaires. Cette mentalité de gang fait depuis longtemps partie de l’idéologie sioniste, qui dissimule ses objectifs sous une rhétorique religieuse noble tout en déclenchant simultanément des actes de violence et de domination vicieux.

Près d’un siècle plus tard, Israël lutte toujours pour obtenir une légitimité, son existence étant perpétuellement entachée par sa naissance violente et l’oppression continue des Palestiniens.

Oubliez toutes les tromperies occidentales utilisées pour convaincre l’opinion publique que l’État d’occupation est la « seule démocratie au Moyen-Orient ». Comme le dit le proverbe arabe : « Ce qui est construit sur le mensonge est un mensonge. »

Le « père fondateur » polonais de cet État, Ben Gourion, était lui-même plongé dans des campagnes criminelles de nettoyage ethnique et de déplacement, tout comme les gangs terroristes sionistes qui ont fondé l’État d’occupation sur la base des idées de l’Ukrainien Ze’ev Jabotinsky. Ce dernier a été le premier à appeler à la militarisation du sionisme pour affronter les Palestiniens autochtones et établir le projet colonial au Levant.

Un héritage de terrorisme

Les premiers sionistes qui ont combattu aux côtés des forces britanniques pendant la Première Guerre mondiale au sein de ce qu’on appelait la Légion juive, cofondée par Jabotinsky, ont fortement contribué à la formation progressive de l’État sioniste. De nombreux historiens pensent qu’en échange des services de cette légion, ces juifs occidentaux ont reçu la déclaration britannique Balfour, qui s’engageait à établir pour eux un État en Palestine.

Israël est donc le produit d’un mariage illégitime entre une puissance coloniale en déclin et une puissance occupante émergente. Il est naturel que le « mauvais garçon » illégitime né de ce mariage douteux porte de nombreuses caractéristiques des colons, des occupants, des voyous et des bandes terroristes.

Prenons, par exemple, un incident qui a eu lieu avant la création de l’État d’occupation. En juillet 1938, la bande terroriste Irgun a fait exploser deux voitures piégées sur le marché de Haïfa, faisant 70 martyrs et blessés parmi les Palestiniens.

L’influence violente de l’Irgoun s’est étendue au-delà de la Palestine, comme en 1946, lorsque des terroristes juifs ont bombardé l’ambassade britannique à Rome, frustrés par ce qu’ils considéraient comme une hésitation britannique à accélérer l’immigration juive en Palestine.

Cette attaque a contribué à attiser le sentiment antijuif en Grande-Bretagne et a encouragé une nouvelle immigration juive en Palestine, une tactique rappelant les complots sionistes en Égypte, en Irak et en Syrie pour cibler et terroriser les minorités juives, incitant à la violence et aux conflits sociaux qui finiraient par les forcer à fuir vers la Palestine.

Le terme « terrorisme sioniste » était courant dans le discours officiel britannique, y compris dans la rhétorique et la correspondance de l’autorité mandataire en Palestine. Ce fut particulièrement le cas dans les années 1930, avant la Seconde Guerre mondiale, et après le déclenchement de la Grande Révolte palestinienne de 1936-1939, lorsque la population arabe autochtone s’est soulevée contre les autorités d’occupation britanniques et l’afflux incontrôlé de colons juifs étrangers.

Prenons par exemple le gang sioniste Lehi, également connu sous le nom de Stern, qui a assassiné le ministre britannique Lord Moyne au Caire en 1944. Le gang Irgun, dirigé par le militant Menachem Begin – un autre futur Premier ministre israélien – a fait exploser l’hôtel King David à Jérusalem en 1946, alors qu’il abritait le siège du gouvernement du mandat britannique, tuant et blessant environ 150 personnes, dont des dizaines de Britanniques, de Palestiniens et même de juifs.

Après le retrait britannique de Palestine, les gangs terroristes sionistes ont tourné leur attention vers les Nations Unies. En septembre 1948, le gang Lehi a assassiné le médiateur de l’ONU, le comte Folke Bernadotte, accusé de soutenir les Arabes.

Mais la cible principale des terroristes sionistes est restée la population arabe indigène de Palestine, composée de musulmans, de chrétiens et de juifs. Leurs campagnes violentes ont ciblé des marchés, des mosquées, des espaces publics et des villages entiers, notamment des attaques horribles contre des lieux comme Haïfa, Deir Yassin et Tantura, où les habitants ont été brutalement assassinés, violés et torturés.

Du gang terroriste à l’armée « conventionnelle »

La création d’Israël en 1948 n’a pas fait grand-chose pour mettre fin à cette mentalité de gang. Au contraire, elle s’est institutionnalisée au sein de l’« armée israélienne » nouvellement formée, que Ben Gourion a contribué à façonner. Les massacres et l’oppression ont continué, désormais à une échelle plus grande et plus systématique.

En 1953, 200 Palestiniens ont été tués à Qibya, 70 à Qalqilya en 1956 et 49 autres à Kafr Qasim la même année. Ce ne sont là que quelques exemples des atrocités qui ont continué à s’étendre au fil du temps.

L’État des gangs opérait en Asie occidentale sous l’immunité internationale et est rapidement passé du tutorat britannique à celui des États-Unis. Les Britanniques ont ouvert la voie en promettant d’établir l’État sioniste et ont facilité l’immigration juive, tandis que les États-Unis ont été les premiers à reconnaître Israël comme un « État indépendant » le 14 mai 1948.

Les partis démocrate et républicain ont convenu de ne pas toucher aux relations avec l’État dès ses débuts. En 1972, Washington a utilisé pour la première fois son droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU en faveur d’Israël pour bloquer une plainte libanaise, un droit de veto que Washington a utilisé plus de 50 fois depuis.

Selon les données de l’Agence américaine pour le développement international, Israël est le plus grand bénéficiaire de l’aide américaine, avec plus de 260 milliards de dollars entre 1948 et 2023, passant à 310 milliards de dollars en mars 2024. Les deux tiers de cette aide sont de nature militaire, simplement pour lui permettre de tuer à sa guise.

Mais la machine de guerre sioniste est en ébullition depuis les années 1930 jusqu’à aujourd’hui, quand elle a essayé de tuer 4.000 personnes en une minute en bombardant des appareils sans fil et des bipers à Beyrouth et en poursuivant les Palestiniens jusqu’à les tuer dans des zones censées être des « zones sûres ». Si la brutalité était une tactique pour démontrer la puissance et la supériorité d’Israël, elle n’a pas réussi à apporter à l’État la paix ou la stabilité.

Aujourd’hui, un sentiment croissant d’impuissance s’insinue dans le discours israélien. Le lancement de l’opération Déluge d’Al-Aqsa et les affrontements qui ont suivi avec toutes les parties de l’Axe de résistance d’Asie occidentale ont ébranlé l’État israélien. Lorsque le Hezbollah a bombardé le nord de la Palestine occupée, atteignant jusqu’à Haïfa, les médias israéliens ont rapporté que plus d’un million de citoyens se trouvaient désormais à portée des missiles du Hezbollah.

L’instabilité d’Israël et la résistance de la région

Même les généraux et analystes israéliens ont reconnu la précarité de la situation à Tel-Aviv. Le général de réserve Itzhak Brik déclare : « Les réalisations tactiques d’Israël sont des capacités sans précédent, mais elles ne changent pas la dangereuse réalité qui l’entoure. »

Uri Misgav écrit dans le journal israélien Haaretz que « c’est une guerre sans fin, sans objectifs, sans plan ni avantage. Le seul objectif, plan et avantage est de continuer la guerre afin de préserver le règne de Netanyahou. Nous ne devons pas aller comme un troupeau à l’abattoir. »

L’expert militaire et sécuritaire israélien Yossi Melman dit à propos de ce « scénario effrayant » :

« La guerre contre le Hezbollah n’est pas seulement une frappe, mais nous avons besoin d’une large présence militaire au Liban. Cela signifie une guerre d’usure comme celle que l’armée a subie dans le sud jusqu’au retrait en 2000. Si nous partons du principe que l’armée et le front intérieur résisteront à une guerre sur deux fronts, rien ne garantit que la guerre ne se déplacera pas vers la Cisjordanie en ébullition. Une guerre sur plusieurs fronts signifie également le lancement de missiles depuis les fronts du Yémen, du Golan et de l’Irak. »

Les récentes invasions par Israël de villages palestiniens et de camps de réfugiés à Jénine, Qabatiya, Tulkarem et Gaza ont été marquées par une brutalité choquante, avec des rapports de soldats maltraitant des civils blessés, profanant les corps de martyrs et ciblant des travailleurs humanitaires.

Ces actes, filmés par des caméras, révèlent la même mentalité de gang terroriste qui perdure depuis les jours de la fondation d’Israël. De l’exécution de prisonniers blessés et du viol de détenus à la destruction de routes, de maisons et de magasins sans motif, le comportement des forces israéliennes ressemble à celui des syndicats du crime plutôt qu’à celui d’un État moderne. Le journaliste palestinien Hilmi Musa écrit depuis les ruines de Gaza après que la résistance libanaise a riposté en bombardant Haïfa :

« Il est clair que la joie de l’ennemi face à ce qui a été accompli ces derniers jours n’a pas duré longtemps, et il y a un grand espoir qu’il connaisse sa déception bien plus tôt qu’il ne l’espérait. L’agression sera vaincue et l’occupation prendra fin. »

Mais malgré tous les signes avant-coureurs, Israël, comme les bandes terroristes qui l’ont construit, semble incapable de comprendre les leçons de l’histoire. Son cycle de violence continue, aveugle aux conséquences inévitables de ses actes.

Article original sur The Cradle / Traduction MR