La politique délibérée de déplacement forcé des Palestiniens des camps en Cisjordanie occupée

Diana Khwael, 13 septembre 2024. Depuis le début de l’opération militaire du 28 août, que l’occupation israélienne a appelée « Opération Camps d’été », ciblant trois villes du nord de la Cisjordanie – Tulkarem, Jénine et Tubas – les forces d’occupation israéliennes se sont retirées une semaine après l’opération dans le camp de Tulkarem et 10 jours après l’invasion à Jénine, plus précisément dans le camp de réfugiés.

Dans la ville de Tulkarem, en particulier dans le camp de réfugiés de Tulkarem, un important bataillon des forces d’occupation israéliennes a participé, avec notamment des bulldozers et des jeeps militaires, dans le but de détruire les infrastructures du camp. Ce n’est pas la première fois que l’occupation israélienne cible les infrastructures du camp.

Les Palestiniens craignent que l’histoire ne se répète

Après le retrait des forces d’occupation israéliennes des camps palestiniens, les citoyens palestiniens ont découvert une dévastation sans précédent, jamais vue depuis 2002. Un habitant du camp de Tulkarem a noté qu’il n’y avait pas eu une telle destruction depuis 1967. L’armée d’occupation a détruit ou incendié des centaines de maisons, démoli des centaines de magasins avec ses bulldozers, ainsi que des rues et des infrastructures vitales. L’électricité, Internet et les conduites d’eau ont été coupées dès le premier jour de l’invasion des camps du nord de la Cisjordanie.

Des dizaines de maisons palestiniennes manquaient de produits de base, notamment de pain, de lait pour les enfants et d’eau.

Poursuite des opérations militaires dans les camps

Mardi 10, les forces d’occupation israéliennes ont pris d’assaut la ville de Tulkarem après que les forces spéciales ont attaqué le complexe commercial de Dabbas vers 14 heures. Un état de panique s’est emparé des habitants, en particulier dans les camps, alors que les renforts militaires entraient dans la ville et que les magasins étaient fermés. Tulkarem s’est à nouveau transformée en ville fantôme.

Les habitants des camps de Tulkarem et de Nur Shams ne se sont pas encore remis de la récente incursion. L’occupation n’a mis que trois jours pour prendre d’assaut la ville et ses camps, en plein jour. La vie à Tulkarem, en particulier dans les camps, est devenue dangereuse et instable, car des dizaines de familles palestiniennes ont commencé à fuir, craignant une nouvelle invasion.

Les Palestiniens touchés dans les camps de Tulkarem et de Nur Shams ont décrit leurs quartiers comme complètement détruits, comme à Gaza. De nombreuses maisons ont été détruites au-delà de toute possibilité de réparation ou, pour certaines, il faudra beaucoup de temps pour les reconstruire.

D’autres ont déclaré : « Nous ne nous sentons plus en sécurité ; nous avons peur pour nos enfants. » Cela montre les tactiques qu’Israël utilise pour déplacer les Palestiniens des camps du nord de la Cisjordanie, en particulier ceux de Tulkarem.

Le soir du jeudi 12, les forces d’occupation israéliennes ont bombardé une voiture, assassinant trois combattants de la résistance palestinienne à l’intérieur. Les combattants du camp de réfugiés de Nur Shams, ont été retrouvés carbonisés au point d’être méconnaissables. Le bilan des morts à Tulkarem au cours de la récente opération militaire, qui a duré plus de 72 heures, s’élève à cinq martyrs. Trois d’entre eux sont originaires du camp de Nur Shams, dont un jeune homme d’une vingtaine d’années et une jeune fille de vingt ans qui ont été pris pour cible par un sniper israélien alors qu’ils se trouvaient chez eux dans le camp de Tulkarem.

Selon l’Organisation palestinienne de la santé, le nombre total de martyrs en Cisjordanie depuis le 7 octobre a atteint 702, avec 5.700 blessés. Selon la Commission des affaires des prisonniers et des libérateurs, plus de 10.400 Palestiniens sont actuellement détenus dans les prisons israéliennes.

Article original en anglais sur Palsolidarity.org / Traduction MR