Partager la publication "« A nos proches qui nous ont quittés et qui sont toujours dans nos cœurs »"
Abu Amir Mutasem Eleïwa, 16 août 2024. Depuis le déclenchement de la guerre du 7 octobre 2023, de très nombreuses personnes ont souffert de la perte d’êtres chers, une douleur qu’il est difficile de décrire avec des mots. La guerre a entraîné des souffrances immenses et de nombreuses familles ont pleuré la perte de leurs proches, qu’il s’agisse de pères, de mères, d’enfants, d’amis ou de parents.
Perdre des êtres chers dans n’importe quelle circonstance est une expérience douloureuse, mais les perdre à cause de la guerre rend la blessure plus profonde. Lorsque des vies innocentes disparaissent soudainement et sans avertissement, le choc est plus grand et la douleur plus profonde. Nombreux sont ceux qui se retrouvent face à une réalité terrifiante : leurs proches ne sont plus parmi eux, laissant un vide qui ne peut être comblé.
La guerre ne tue pas seulement des corps, elle tue aussi le mental et laisse derrière elle des cœurs accablés de tristesse et des souvenirs inoubliables. Les sentiments liés à la perte deviennent complexes, car le chagrin se mêle à la colère et à un sentiment d’impuissance face à la violence et à la destruction qui frappent chacun d’entre nous.
La perte d’un être cher en temps de guerre n’est pas seulement une expérience personnelle, mais un deuil collectif qui s’étend aux communautés et aux familles. Chaque foyer de Gaza a été affecté d’une manière ou d’une autre par la perte d’un être cher ou d’un ami. Les funérailles, qui se déroulaient autrefois dans le calme et la paix, font désormais partie de la vie quotidienne, les familles se réunissant pour faire leurs adieux à des êtres chers disparus trop tôt. La guerre inscrit le deuil dans la vie quotidienne et place les gens dans une confrontation constante avec la mort. Cette confrontation quotidienne avec la perte collective montre la force et la cohésion des communautés confrontées à cette douleur, car tout le monde se rassemble pour faire face à ces pertes dévastatrices.
Lors de la disparition d’êtres chers, leurs souvenirs et leurs traces restent une partie intégrante de la vie. Les photos, les lettres et les lieux où ils étaient présents restent les témoins de leur présence, devenant des symboles du souvenir et du chagrin. Les souvenirs deviennent un refuge pour ceux qui souffrent de la perte, portant une partie de l’âme de ceux qui sont décédés et les gardant présents dans la vie de ceux qu’ils aimaient. Mais les souvenirs sont aussi porteurs d’une profonde douleur, surtout lorsqu’ils sont liés à une guerre qui a laissé derrière elle destruction et dévastation. Chaque souvenir nous rappelle ce que nous avons perdu et ce qui ne reviendra jamais, rendant encore plus difficile l’adaptation à la nouvelle réalité.
Malgré l’immense douleur, la perte d’êtres chers incite de nombreuses personnes à s’accrocher à l’espoir d’un avenir meilleur. Les familles qui ont perdu des êtres chers espèrent que leurs sacrifices n’ont pas été vains et qu’un jour la paix et la stabilité s’installeront, afin que les générations futures n’aient pas à affronter la même douleur et les mêmes souffrances. L’espoir d’un avenir meilleur est ce qui permet aux gens de continuer à vivre, ce qui les pousse à travailler pour reconstruire leur vie et leur communauté. Malgré la profonde tristesse, la force et la volonté humaines peuvent surmonter les moments les plus sombres.
La perte d’êtres chers, du début de la guerre du 7 octobre jusqu’à aujourd’hui, est une blessure profonde dans le cœur de beaucoup. Cette perte laisse derrière elle un vide impossible à combler et des souvenirs qui font souffrir en permanence. Mais au milieu de cette souffrance, l’espoir d’un avenir meilleur reste la force motrice qui aide les gens à continuer et à surmonter ces moments difficiles. C’est l’amour et la mémoire qui font que les êtres chers disparus restent présents dans nos cœurs et nos esprits.
Chaque jour, nous sommes endeuillés par la perte d’un parent ou d’un ami. Nous sommes devenus le carburant de cette guerre qui emporte un à un les êtres qui nous sont chers. Combien de temps le monde restera-t-il le témoin silencieux de cette injustice ?
Abu Amir Mutasem Eleïwa est coordinateur des Projets paysans depuis 2016 au sud de la bande de Gaza et correspondant de l’Union Juive Française pour la Paix
Texte communiqué par Brigitte Challande.