Le parcours de résistance d’Ismail Haniyeh : De l’exil au martyre

Al-Mayadeen, 31 juillet 2024. Le mouvement de résistance Hamas a déploré ce mercredi le martyre du chef de son bureau politique et dirigeant, Ismail Haniyeh, dans une « attaque sioniste perfide » et un assassinat visant son lieu de résidence à Téhéran, en Iran. M. Haniyeh se trouvait dans le pays pour participer à la cérémonie de prestation de serment du président iranien nouvellement élu.

Ismail Haniyeh est né le 23 mai 1963 dans le camp de réfugiés d’al-Shati, à Gaza, après que ses parents eurent été déplacés d’Asqalan lors de la Nakba de 1948.

Il a obtenu son diplôme de littérature arabe en 1987 à l’Université islamique, puis son doctorat en 2009.

Activisme politique

L’activisme politique de Haniyeh a commencé au sein du Bloc islamique, la branche étudiante des Frères musulmans dans la bande de Gaza, d’où est né le mouvement de résistance Hamas.

Il est membre du conseil étudiant de son université entre 1983 et 1984, puis en est le président l’année suivante.

En 1989, Ismail Haniyeh est arrêté par les forces d’occupation israéliennes (FOI) pendant trois ans, puis exilé dans la ville de Marj al-Zuhur, à la frontière libano-palestinienne, avec un groupe de dirigeants du Hamas.

Après un an d’exil, Haniyeh est revenu à Gaza et a été nommé doyen de l’université islamique.

En 1997, il a été nommé chef du bureau du fondateur du Hamas, le cheikh Ahmad Yassine, après sa libération de prison par Israël. Il a ensuite été élu chef du mouvement à Gaza, après le martyre de son précédent chef, le Dr Abdul Aziz Al-Rantisi, en 2004.

En décembre 2005, il est à la tête de la liste « Changement et réforme », qui remporte les deuxièmes élections législatives palestiniennes de 2006, avec une majorité de voix. Peu après, le 16 février 2006, il est désigné pour occuper le poste de Premier ministre en Palestine et est officiellement investi le 20 du même mois.

En mai 2017, il a succédé à Khaled Mashal à la tête du bureau politique du Hamas.

Ismail Haniyeh a été la cible de multiples tentatives d’assassinat politique, la dernière en date remontant à 2003, lorsque l’occupation israélienne a lancé une frappe aérienne contre un groupe de dirigeants de la Résistance à la suite d’une opération martyre menée par les Brigades al-Qassam.

Opération Al-Aqsa Flood

Lorsque le Hamas a lancé l’opération « Déluge d’Al-Aqsa » le 7 octobre, un Haniyeh enjoué est apparu dans une vidéo diffusée, aux côtés de plusieurs dirigeants du mouvement, depuis son bureau de Doha. Il avait suivi les informations selon lesquelles les combattants du Martyr Izz al-Din al-Qassam, la branche militaire du Hamas, s’étaient emparés de véhicules militaires israéliens, avant de diriger une prière pour « remercier Dieu de cette victoire ».

Le 10 avril, six membres de la famille de Haniyeh, dont trois de ses fils et plusieurs de ses petits-enfants, ont été tués lors d’une frappe aérienne israélienne visant leur voiture, après qu’ils l’aient prise pour faire le tour du camp de réfugiés d’al-Shati et célébrer avec ses habitants l’esprit de l’Aïd al-Fitr.

Le 24 juin, 10 membres de sa famille, dont sa sœur, ont été tués lors d’une attaque israélienne qui a délibérément visé leur maison dans le camp de réfugiés d’al-Shati.
Près de 60 membres de ma famille reposent en martyrs, comme les enfants de Palestine, ils ne sont pas différents », a déclaré M. Haniyeh, ajoutant que l’occupation pensait que cibler les fils des dirigeants de la Résistance briserait la volonté du peuple de Palestine.

Ismail Haniyeh et ses trois fils martyrs, Hazem, Amir et Mohammad.

« Nous déclarons la victoire »

« Le sang de mes fils et petits-enfants n’est pas plus précieux que celui des enfants du peuple palestinien », a déclaré Haniyeh lorsque les membres de sa famille ont été assassinés par “Israël”, remerciant Dieu pour “l’honneur” qui lui a été généreusement accordé lors de leur martyre.

Dans un discours qu’il a prononcé en 2014, dénonçant le siège actuel de la bande de Gaza, le leader martyr a déclaré : « Nous sommes un peuple qui se déclare vainqueur si vous nous imposez un siège. Si vous souhaitez briser la volonté de Gaza et de son peuple, alors [sachez que] nous ne faisons que nous agenouiller devant Dieu. Tout décideur, à l’intérieur comme à l’extérieur de la Palestine, devrait saisir le message de notre peuple : Nous sommes un peuple qui chérit la mort comme nos ennemis chérissent la vie, nous chérissons le martyre sur le chemin de nos dirigeants comme d’autres chérissent les fonctions politiques. Prenez tous les postes que vous voulez et donnez-nous notre nation ».

Article original en anglais sur Al-Mayadeen / Traduction MR