Netanyahu compte sur la normalisation du génocide

Ramona Wadi, 9 juillet 2024. L’ONU déclare que nulle part n’est sûr à Gaza. Les Palestiniens ont crié la même chose, avant les déclarations officielles inutiles. Ceux qui restent ont été déplacés à plusieurs reprises, dans un spectacle macabre qui laisse se demander qui est le prochain dans le bilan du génocide israélien.

9 juillet : l’occupation bombarde un camp de déplacés à Khan Younis, et assassine au moins 29 Palestiniens, essentiellement des femmes et des enfants, portant à au moins 60 le nombre de Palestiniens tués au cours des dernières 48h (source Quds News Network)

« Compter les morts à Gaza : difficile mais essentiel » est le rapport du Lancet sur le bilan plus élevé de personnes tués à Gaza par Israël. Notant que le ministère de la Santé de Gaza a estimé le nombre de Palestiniens tués entre le 7 octobre 2023 et le 19 juin 2024 à 37.396, le rapport note qu’il est très probable qu’Israël ait tué 7,9 pour cent de la population de Gaza et peut-être plus, ce qui porte ce nombre à 186.000 Palestiniens.

« Il est crucial de documenter l’ampleur réelle de la guerre pour garantir la responsabilité historique et reconnaître le coût total de la guerre. C’est également une exigence légale », indique en partie le rapport du Lancet. Même si le rapport se trompe en qualifiant le génocide de conflit, il met davantage en lumière la force des armes israéliennes et la destruction de Gaza, d’autant plus que les grands médias brouillent avec compétence les responsabilités en se conformant au discours sécuritaire d’Israël.

Pendant ce temps, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu cherche à avoir l’assurance que si un accord était conclu, Israël serait autorisé à continuer « à se battre jusqu’à ce que tous les objectifs de la guerre soient atteints ». Le Times of Israel cite le bureau de Netanyahu déclarant : « Le plan qui a été accepté par Israël et qui a été salué par le président Biden permettra à Israël de ramener des otages sans enfreindre les autres objectifs de la guerre. »

En juin, le porte-parole militaire israélien, Daniel Hagari, a qualifié l’élimination du Hamas de Gaza de tâche impossible. « Le Hamas est une idée, le Hamas est un parti. C’est enraciné dans le cœur des gens : quiconque pense que nous pouvons éliminer le Hamas a tort. » Netanyahu ne pense pas pouvoir éliminer le Hamas de Gaza, mais dans le discours israélien, le Hamas est une excellente propagande pour justifier le génocide. Hier, Hagari a réitéré l’impossibilité d’éradiquer le Hamas et a déclaré que le mouvement de Résistance existerait toujours à Gaza dans les cinq prochaines années. Ce qui est non seulement plausible, mais réel. Les idées ne peuvent pas être détruites et il ne peut y avoir de dissolution du Hamas sans décolonisation.

Compte tenu des affirmations manifestes selon lesquelles le Hamas ne peut pas être éliminé de Gaza et du fait que Netanyahu utilise le Hamas comme raison du génocide en cours, il est clair que l’intention du Premier ministre israélien n’est pas d’éliminer le Hamas mais d’anéantir les Palestiniens. Des familles entières ont été effacées à Gaza, et le rapport du Lancet consolide les rapports précédents de plusieurs organisations de défense des droits humains issus de leurs recherches. Les intentions et les actions génocidaires d’Israël n’ont pas diminué, et leur normalisation par la communauté internationale ne fait que permettre à Netanyahu de terminer ce qu’il a commencé. S’il n’y a toujours pas de moyen de dissuader Israël – en effet, un cessez-le-feu est désormais lié non seulement à la libération des otages israéliens que Netanyahu lui-même exploite, mais aussi à l’assurance de poursuivre l’éradication de Gaza – quelles statistiques de bilan examinerons-nous dans les prochaines mois, compte tenu de la normalisation par la communauté internationale du génocide israélien à Gaza ?

Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR