Un débat entre un gâteux et un fou

Amira Abo el-Fetouh, 1er juillet 2024. Le monde entier a assisté au premier débat entre deux présidents américains, l’actuel président Joe Biden et l’ancien président Donald Trump. Ils ont abordé des questions intérieures étatsuniennes, telles que l’économie, les immigrants et l’avortement et la politique étrangère américaine, qui se concentrait bien entendu sur la guerre à Gaza et la guerre russe contre l’Ukraine. Les deux hommes se sont affrontés pour flatter l’ennemi sioniste afin de montrer qui est le plus aimant et loyal envers l’entité et qui est plus sioniste que l’autre.

Joe Biden, candidate for a second term – Chappatte (Suisse / Switzerland) (source : Cartooning for peace)

Joe Biden s’est vanté que son administration continue d’envoyer des agents de renseignement à Gaza pour trouver les chefs militaires du Hamas afin de les éliminer, comme elle l’a fait avec Ben Laden, le chef d’Al-Qaïda, qu’elle a tué au Pakistan en 2011. Il a comparé le mouvement de résistance Hamas à Al-Qaïda, s’alignant ainsi sur la position de l’État sioniste à l’égard du Hamas.

Biden a souligné que son pays est la plus grande source de soutien à Israël dans le monde, affirmant que le Hamas est le seul parti qui souhaite que la guerre se poursuive et que son plan de cessez-le-feu a été approuvé par tout le monde, y compris le Conseil de sécurité, les pays du G7, les Israéliens et Netanyahu lui-même, même si c’est un mensonge et une calomnie qui va à l’encontre de la vérité. Le Hamas n’a pas rejeté complètement le projet, mais a émis quelques réserves sur certaines de ses dispositions et a exigé qu’elles soient modifiées, tandis que celui qui l’a complètement rejeté était le Premier ministre de l’État sioniste, Benjamin Netanyahu. Ce qu’a confirmé l’ancien président Donald Trump, qui a révélé les mensonges et les erreurs de Biden, affirmant qu’Israël est le seul parti à vouloir que la guerre se poursuive et que Netanyahu n’a pas accepté ce plan. Bien sûr, il ne s’agit pas ici de défendre le Hamas, à Dieu ne plaise ! Il a clairement exprimé son objectif : « En fait, c’est Israël (qui veut continuer), et vous devriez les laisser faire et les laisser terminer le travail. Il (Biden) ne veut pas le faire. » Cela ne signifie pas seulement qu’Israël ne veut pas arrêter la guerre, mais cela signifie également que le président américain tente de freiner le gouvernement israélien.

Pour courtiser les sionistes, Trump est allé jusqu’à dire que Biden « est devenu comme un Palestinien, mais ils ne l’aiment pas parce que c’est un très mauvais Palestinien. C’est un faible. »

Quant à Biden, qui a toujours été fier d’être sioniste depuis qu’il est membre du Sénat et « si l’État d’Israël n’existait pas, les États-Unis l’auraient créé », il est également fier de son rôle dans la protection et le sauvetage d’Israël de l’Iran et d’avoir repoussé l’attaque iranienne contre Israël. Il a déclaré : « Je suis celui qui a organisé le monde contre l’Iran lorsqu’ils ont mené une véritable attaque de missiles balistiques contre Israël. Personne n’a été blessé. Non, un Israélien a été tué accidentellement. Et ça s’est arrêté. Nous avons sauvé Israël. »

Nous avons assisté à un débat sur l’amour et la flatterie envers l’État sioniste, et sur qui est le plus sioniste et le plus favorable à l’entité usurpatrice. Ce débat qui fut un scandale retentissant pour l’Amérique plus que pour les deux hommes, car les deux candidats en lice pour la présidence du plus grand pays du monde censé diriger les affaires mondiales se vantaient d’avoir déclaré leur loyauté à un petit pays étranger dont le gouvernement commet un génocide ; un État raciste qui commet un nettoyage ethnique contre les Palestiniens. C’est la preuve de la décadence et de la misère dans lesquelles se trouvent les États-Unis d’Amérique, le pays le plus puissant du monde.

Personne ne conteste que le débat a démontré la faiblesse et le manque de concentration mentale de Biden, ce qui a choqué le personnel de la Maison Blanche. CNN a cité un responsable de la Maison Blanche disant que le personnel avait échangé des textos après le débat, où il se disait que ce n’était « pas bon » et que tout le monde était démoralisé et pessimiste.

Quant à Biden, il est apparu quelques heures après le débat avec Trump, confirmant son intention de remporter les élections américaines de novembre prochain et soulignant son intention de se présenter à la présidentielle, malgré ses mauvaises performances. Il a déclaré lors d’un rassemblement en Caroline du Nord : « Je sais que je ne suis pas un jeune homme. Je ne marche plus aussi facilement qu’avant. Je ne parle plus aussi facilement qu’avant. Je ne débats plus aussi bien qu’avant, mais je sais ce que je sais : je sais dire la vérité. Je distingue le bien du mal. Et je sais comment faire ce travail ; je sais comment faire avancer les choses. Et je sais ce que des millions d’Américains savent : quand on est à terre, on se relève. »

Malgré la mauvaise performance de Biden dans le débat, son manque de concentration et sa confusion dans de nombreuses situations, Trump n’était guère meilleur que lui. Tous deux ont touché le fond, et tous deux montrent la stagnation et la misère dans laquelle se trouve l’état de la classe politique aux États-Unis, la superpuissance mondiale et le seul pôle au monde à gérer les affaires de la planète. Je me demande si les Etats-Unis, avec une population de 341.801.048 habitants, a stérilisé les jeunes les plus prometteurs pour diriger ce grand empire et n’a donc trouvé personne d’autre que ce gâteux qui oublie les noms des présidents et des pays, ou cet imbécile poursuivi devant les tribunaux, et tous deux ont presque 80 ans.

Si les deux principaux partis américains, le Parti démocrate et le Parti républicain, ne présentent pas d’autres candidats que Biden et Trump, alors l’Amérique creusera sa propre tombe et disparaîtra. Le compte à rebours pour devenir le plus grand empire de l’ère moderne a commencé, et c’est ainsi que le soleil des empires se couche et que leur étoile s’efface et disparaît. Telle est la leçon de l’histoire.

Article original en anglais sur Middle East Monitor / Traduction MR