Partager la publication "‘Israël’ a définitivement perdu le débat dans la culture populaire occidentale"
Robert Inlakesh, 10 avril 2024. Alors que le régime israélien poursuit une politique de famine massive dans la bande de Gaza, après avoir échoué à vaincre aucune des factions de la Résistance palestinienne au combat, on peut désormais affirmer avec certitude qu’il a perdu la bataille de l’opinion publique de manière décisive.
Au début de l’attaque génocidaire ‘israélienne’ contre la population de la bande de Gaza, une grande partie de l’opinion publique occidentale était d’une manière ou d’une autre convaincue par la propagande israélienne. L’entité sioniste a fait des heures supplémentaires pour s’assurer que tout le contexte nécessaire pour comprendre pourquoi le Hamas a lancé son opération offensive, le 7 octobre, n’était pas pertinent et que l’histoire commençait ce jour-là. Alors que la contre-attaque israélienne commençait à infliger un nombre de morts civils bien plus important à Gaza, par rapport à l’affirmation initiale des sionistes selon laquelle quelque 1.400 Israéliens avaient été tués le 7 octobre [réduite plus tard à un peu moins de 1.200], ils ont rapidement réalisé que la réalité de ce qui s’était passé ce jour là serait faible en comparaison de ce que l’armée israélienne était sur le point d’infliger à Gaza.
Ainsi, lorsque les porte-parole israéliens et les responsables gouvernementaux occidentaux ont parlé du 7 octobre, ils ont même refusé de reconnaître le fait que l’armée israélienne dans le sud de la Palestine occupée s’était effondrée. Les médias occidentaux ont également tenté de présenter l’opération Déluge d’Al-Aqsa comme une attaque « terroriste » visant uniquement les civils, sans aucune mention d’objectifs militaires. Jusqu’à présent, les grands médias occidentaux et les responsables gouvernementaux qualifient le génocide en cours de guerre entre le Hamas et ‘Israël’, refusant de reconnaître que toutes les factions palestiniennes de tout l’éventail politique sont en guerre contre l’occupation, pas seulement le Hamas.
La fausse propagande israélienne sur les atrocités, comme celle de « 40 bébés décapités » qui auraient été impitoyablement assassinés par les combattants du Hamas, a été diffusée par le président américain Joe Biden lui-même. D’autres mensonges horribles, qui ont été rapidement démystifiés, ont également été répandus, la propagande israélienne tentant d’affirmer que le 7 octobre était « le 11 septembre en Israël ». Finalement, avec l’aide d’activistes et de journalistes sur les réseaux sociaux, il s’est avéré que ces mensonges pernicieux faisaient partie d’une campagne de désinformation. En fait, le grand nombre de mensonges qui continuent d’être répandus à propos du 7 octobre n’ont fait qu’exaspérer davantage le grand public et l’ont incité à redoubler d’efforts pour tenter de lutter contre ce que beaucoup considèrent comme de la pure manipulation mentale.
Qu’il s’agisse de l’affirmation du président israélien Isaac Herzog selon laquelle le Hamas détenait des documents de Daesh/Al-Qaïda ou que l’hôpital Al-Shifa était un « QG du Hamas », les mensonges étaient inefficaces et, dans certains cas, ont conduit à des mèmes populaires sur Internet se moquant de la propagande sioniste. Dans le cas du porte-parole militaire israélien, Daniel Hagari, il a été transformé en « il y a une liste », après avoir tenté de dire qu’une liste écrite en arabe, nommant les jours de la semaine, était en réalité le nom de « terroristes du khamas ».
Après que La Cour internationale de Justice (CIJ) a statué en faveur de l’Afrique du Sud et a reconnu que l’entité sioniste commet de manière plausible un génocide à Gaza et avec les niveaux insensés de morts et de destructions qui ont été causés dans le territoire assiégé, le grand public en Occident est maintenant clairement consterné. Les gens voient quotidiennement des crimes de guerre horribles commis principalement contre des femmes et des enfants, ainsi que des images les plus horribles d’enfants, de personnes âgées, de femmes et d’autres groupes vulnérables assassinés. Le flux de vidéos, de photos et de rapports sur les crimes israéliens émanant de groupes de défense des droits de l’homme circule 24 heures sur 24 et ne peut être ignoré.
Cela dit, les applications sociales comme TikTok ont joué un rôle crucial dans la diffusion d’informations auprès des jeunes partout en Occident. D’innombrables jeunes influenceurs ont réussi à diffuser les faits entourant l’oppression du peuple palestinien, ce qui a conduit Jonathan Greenblatt, Directeur de l’Anti-Defamation League, à déclarer qu’« il ne s’agit pas d’un fossé gauche-droite » en faveur d’’Israël’, « c’est un fossé jeune-vieux. » Il a également ajouté : « Nous avons un problème majeur avec Tiktok ».
Au début de la guerre, divers acteurs, chanteurs et rappeurs de premier plan se sont prononcés en faveur d’un cessez-le-feu et ont prêché pour qu’il y ait une Palestine libre. Nous avons vu des personnalités comme le chanteur Kehlani et le rappeur Macklemore exprimer clairement leurs sentiments pro-palestiniens. Au fil du temps, il est devenu tout à fait clair que les podcasteurs grand public, les animateurs d’émissions d’information et les personnalités des médias indépendants se tournaient tous contre les Israéliens (1). Alors que la plupart des personnalités publiques de gauche se sont rapidement ralliées aux souffrances de la population de Gaza, nous avons récemment vu des alliés sionistes traditionnels et des commentateurs de droite bien connus se retourner contre les Israéliens et leur récit du 7 octobre. Nous en sommes au point où Candace Owens et Alex Jones se sont retournés contre la propagande du régime israélien.
Le podcasteur le plus populaire au monde, Joe Rogan, a également récemment fait un certain nombre de remarques sur Gaza et a qualifié l’attaque de l’armée israélienne de génocide, en la comparant à l’Holocauste, et s’est demandé comment un peuple qui a souffert historiquement de la même manière pourrait faire la même chose à d’autres.
Ce n’est pas seulement le fait que l’entité sioniste ait infligé un si grand nombre de morts d’enfants à Gaza, par exemple, qui a rendu intenable pour pratiquement tout le monde de soutenir la défense de ses actions [israéliennes], c’est plutôt l’ampleur avec laquelle elle a commis des crimes impensables. Qu’il s’agisse du nombre d’hôpitaux détruits, de professionnels de la santé et d’employés de l’ONU tués, de l’ampleur des destructions d’infrastructures civiles ou de la vitesse à laquelle une famine massive a été fabriquée, il n’y a aucun conflit dans l’histoire moderne qui soit comparable. Viols, tortures, tirs délibérés sur des enfants, meurtres de femmes et d’enfants devant leurs familles, enfouissement des corps de civils dans des sacs poubelles, explosions de maisons pour le plaisir, destruction de mosquées, massacres d’hôpitaux, massacres d’écoles, massacres commis contre des gens affamés qui essaient de se procurer une aide alimentaire, diffusion de « snuff movies » réalisés par des soldats israéliens qui se filment portant des vêtements de femme dans des maisons envahies, pour s’amuser ou pour humilier des civils, à peu près tous les crimes que l’on peut imaginer ont été commis.
C’est dans cette optique que, bien que les grands médias occidentaux aient été de fervents partisans du récit sioniste, même des médias comme CNN et MSNBC ont commencé à changer le style de leur couverture médiatique et à publier des articles ouvertement critiques sur le régime israélien. Même les responsables des gouvernements occidentaux ont actuellement du mal à défendre l’entité sioniste, alors que plusieurs pays européens suspendent leurs ventes d’armes et disent vouloir reconnaître l’État de Palestine aux Nations Unies. Même les alliés les plus fidèles des Israéliens, comme les gouvernements allemand, britannique et américain, doivent lentement modifier leur langage sur la question et feindre l’ignorance des atrocités bien connues afin de limiter les critiques, à cause d’une demande écrasante de l’opinion publique de forcer les sionistes à mettre fin à leur génocide.
Le mouvement anti-guerre pro-palestinien est peut-être la plus grande cause au monde, avec des manifestations de masse qui ont lieu chaque semaine, tandis que les boycotts des entreprises pro-israéliennes n’ont pas cessé. La résilience de la population de Gaza a même suscité un nouvel intérêt pour la foi islamique. Pour protester contre la politique de son gouvernement concernant la guerre à Gaza, Aaron Bushnell, un militaire en service actif de l’armée de l’air, s’est immolé par le feu en criant « Palestine libre » jusqu’à son dernier souffle.
Que ce soit à gauche ou à droite, dans les médias indépendants ou dans les médias grand public, le régime israélien a complètement perdu la guerre des relations publiques. Le public occidental, en particulier les jeunes, est plus instruit, plus indigné et moins effrayé à l’idée de s’exprimer en faveur de la libération palestinienne. ‘Israël’ a perdu la guerre médiatique et le monde voit désormais ce régime d’apartheid tel qu’il est réellement.
Article original en anglais sur Al-Mayadeen / Traduction MR
(1) L’auteur décrit la situation aux Etats-Unis. En France, la situation est inversée, ce qui a contribué à exacerber la colère des jeunes choqués par l’ampleur du génocide et le parti-pris « pro-israël » d’une grande partie de la classe politique et des médias.