L’Égypte coupera ses liens avec ‘Israël’ si il force les Palestiniens à entrer dans le Sinaï

Al Mayadeen, 5 février 2024. Le Caire a menacé de suspendre ou d’annuler son accord de normalisation avec ‘Israël’ si ce dernier déplaçait de force un seul Palestinien vers le Sinaï égyptien, au sud de la bande de Gaza, ont déclaré des sources égyptiennes anonymes au journal israélien Israel Hayom.

Les forces israéliennes sont entrées dans le couloir Philadelphi ce matin malgré la désapprobation de l’Egypte. Des chars sont désormais positionnés dans les sections nord et centrale du couloir – qui sépare la bande de Gaza de l’Égypte – et ont encerclé le côté palestinien de Rafah. (source)

Selon le journal israélien, ces menaces ont été véhiculées lors d’une série de contacts entre de hauts responsables égyptiens et israéliens et ont ensuite été communiquées à « l’ensemble de l’élite politique et sécuritaire en Israël ».

Le premier responsable anonyme a déclaré à Israël Hayom que « si un réfugié palestinien passe (sur le territoire égyptien), l’accord de paix (entre les deux gouvernements) sera annulé ».

Une autre source n’a pas mentionné l’annulation de l’accord, mais a indiqué que Le Caire « suspendrait » l’accord dans les mêmes circonstances.

Le complot ‘israélien’ de nettoyage ethnique de la Palestine

Peu après qu »Israël’ a lancé sa guerre contre Gaza, un complot visant à déplacer de force les Palestiniens vers le sud du territoire a commencé à se matérialiser. Sous prétexte qu’il s’agit d’une « mesure de sécurité », le commandement militaire israélien a ordonné aux Palestiniens du nord de la bande de Gaza de se déplacer vers le sud, affirmant que les zones du sud de la bande de Gaza seraient « sûres ».

Cependant, contredisant ces déclarations, l’armée de l’occupation a attaqué des convois de personnes déplacées de force et lancé des obus d’artillerie et des frappes sur les zones désignées pour finalement lancer une invasion à grande échelle du sud de la bande de Gaza le 1er décembre 2023.

Des milliers de Palestiniens ont été poussés vers la frontière palestino-égyptienne au sud, où des structures temporaires ont été érigées pour abriter des familles entières.

Cela survient alors que les partis politiques israéliens ont même récemment lancé une conférence pour discuter de la réinstallation de la bande de Gaza, tandis que de multiples déclarations de responsables israéliens et des fuites de responsables israéliens confirment la poursuite des complots expansionnistes de l’occupation israélienne.

L’Egypte en colère

De telles actions auraient provoqué la colère des responsables égyptiens, qui ont communiqué les menaces susmentionnées « avec un mélange de colère et d’inquiétude ».

Illustration montrant l’axe Philadelphi qui s’étend du sud-est du passage de Karam Abu Salem jusqu’à la mer Méditerranée au bord de la bande de Gaza (Al Mayadeen anglais – illustré par Zeinab ElHajj)

Le Caire a déclaré qu’il n’était pas prêt à accueillir des centaines de milliers de réfugiés palestiniens, affirmant que leur déplacement marquerait la fin de la cause palestinienne.

Ces Palestiniens deviendront « un problème égyptien permanent », selon un responsable égyptien cité par Israel Hayom.

Les projets israéliens d’occuper l’Axe de Philadelphie, visibles sur la photo ci-dessous, ont également suscité l’inquiétude des responsables égyptiens. L’Axe est la bande de terre située à l’intérieur du côté palestinien de la frontière palestino-égyptienne, qui s’étend du point de passage de Karam Abu Salem sous contrôle israélien jusqu’à la mer Méditerranée.

‘Israël’ avait maintenu une forte présence militaire dans cette région jusqu’à ce qu’il soit contraint de se retirer de la bande de Gaza en 2005.

Une éventuelle prise de contrôle de l’Axe par l’occupation israélienne s’est heurtée à une « ferme opposition » de la part de l’Égypte. Un contrôle militaire direct ferait progresser le nettoyage ethnique des Palestiniens par ‘Israël’, car il accorderait à leur commandement militaire le contrôle total de chaque passage entrant et sortant de la bande de Gaza.

Essentiellement, les autorités israéliennes cherchent à isoler complètement la bande de Gaza du reste du monde, en déployant des forces sur le seul terrain reliant le territoire palestinien à un autre pays. En plus d’un siège strict qui a coupé toutes les marchandises de la bande de Gaza depuis le 7 octobre, à l’exclusion d’une maigre quantité d’aide entrant par le poste frontière de Rafah, les hauts responsables de l’occupation veulent interdire tout approvisionnement dans la bande.

Article original en anglais sur Al-Mayadeen / Traduction MR