Je résisterai, de Sami al-Qasim (1939-2014)

JE RESISTERAI

Je perdrai peut-être – si tu le désires – ma subsistance

Je vendrai peut-être mes habits et mon matelas

Aid Abu Amr, 22 ans, lors d’une manifestation exigeant la levée du blocus israélien de la bande de Gaza, en 2018. Il a été plus tard blessé à la jambe. (Photo Mustafa Hassona/Agence Anadolu)

Je travaillerai peut-être à la carrière comme portefaix, balayeur des rues

Je chercherai peut-être dans le crottin des grains

Je resterai peut-être nu et affamé

Mais je ne marchanderai pas

O ennemi du soleil

Et jusqu’à la dernière pulsation de mes veines

JE RESISTERAI

Tu me dépouilleras peut-être du dernier pouce de ma terre

Tu jetteras peut-être ma jeunesse en prison

Tu pilleras peut-être l’héritage de mes ancêtres.

Tu brûleras peut-être mes poèmes et mes livres

Tu jetteras peut-être mon corps aux chiens

Tu dresseras peut-être sur notre village l’épouvantail de la terreur

Mais je ne marchanderai pas

O ennemi du soleil

Et jusqu’à la dernière pulsation de mes veines

JE RESISTERAI

Tu éteindras peut-être toute lumière dans ma vie

Tu me priveras peut-être de toute tendresse de ma mère

Tu falsifieras peut-être mon histoire

Tu mettras peut-être des masques pour tromper mes amis

Tu élèveras peut-être autour de moi des murs et des murs

Tu me crucifieras peut-être un jour devant des spectacles indignes

O ennemi du soleil

Je jure que je ne marchanderai pas

Et jusqu’à la dernière pulsation de mes veines

JE RESISTERAI.

Manifestation près de la frontière avec Israël dans la bande de Gaza le 30 mars 2018. | Mohamed Abed/AFP