Le gouvernement israélien n’est ni de gauche, ni du centre, ni de droite

Ahmad Karakira, 20 janvier 2023. Avec chaque gouvernement d’occupation israélien qui prend ses fonctions, commencent à émerger des spéculations sur ce que le nouveau cabinet signifierait pour les Palestiniens.


La réponse est simple : les Palestiniens continueront à être tués et détenus, leurs maisons seront démolies et leurs terres seront volées, et par qui ? Par nul autre qu’une entité établie sur le sang et les ruines du peuple et des villes palestiniennes, « Israël ».

Cela continuera à être le cas quoi qu’il arrive, jusqu’à ce que la Palestine soit libérée.

Après sa victoire électorale du 1er novembre, Benjamin Netanyahu a pris ses fonctions à la fin du mois dernier à la tête d’une coalition avec les partis d’extrême-droite et sionistes, dont certains responsables dirigent désormais des ministères clés.

Il s’agit du sixième mandat de M. Netanyahou, qui a été chassé du pouvoir en juin de l’année dernière, mettant ainsi fin à un mandat de 12 ans en tant que premier ministre, ce qui fait de lui le premier ministre ayant exercé le mandat le plus long depuis le début de l’occupation israélienne de la Palestine.

Quels sont les projets de ce gouvernement ?

Avant même d’entrer en fonction, le gouvernement Netanyahu a placé la poursuite de l’expansion des implantations illégales en Cisjordanie en tête de ses priorités et s’est engagé à légaliser un certain nombre d’avant-postes illégaux dans le cadre de son accord de coalition avec les partis d’extrême-droite et sionistes.

L’accord de coalition s’est engagé à « faire avancer et développer les colonies dans toutes les parties » de la Palestine occupée, y compris la Cisjordanie occupée, sachant que la majorité de la communauté internationale considère l’occupation israélienne de la Cisjordanie comme illégale.

Netanyahu a promis d’annexer entièrement la Cisjordanie « tout en choisissant le moment et en tenant compte des intérêts nationaux et internationaux d’Israël ».

L’accord comprenait également des soi-disant « réformes judiciaires », accordant aux députés plus de pouvoirs en termes de nomination des juges et qui leur permettraient d’annuler les décisions de la Cour suprême à la majorité simple de 61 députés.

Il comprend un engagement à étendre et à augmenter considérablement le financement du gouvernement pour les colonies israéliennes dans la ville d’Al-Khalil-Hébron en Cisjordanie occupée.

L’accord de coalition comprend une clause s’engageant à modifier les soi-disant « lois anti-discrimination », permettant aux entreprises israéliennes de refuser de fournir un service aux personnes « en raison d’une croyance religieuse ».

Maintenant, le gouvernement de Netanyahu est sous surveillance et fait face à des critiques sur ses projets controversés. Samedi, quelques 20.000 colons israéliens illégaux sont descendus dans les rues de « Tel Aviv » contre le gouvernement.

Selon l’accord, Itamar Ben-Gvir, chef d’Otzma Yehudit et ministre de la Police d’occupation, et Bezalel Smotrich, chef du sionisme religieux et ministre des Finances – tous deux connus pour leur extrémisme – se verront accorder le pouvoir d’influencer l’expansion illégale des implantations en Cisjordanie.

Récemment, Ben-Gvir a demandé aux forces d’occupation de retirer les drapeaux palestiniens des espaces publics.

Dans un communiqué, Ben-Gvir, bien connu pour avoir appelé au meurtre de Palestiniens, a affirmé que brandir le drapeau palestinien est un acte de « soutien au terrorisme ».

« Il est impossible que des contrevenants agitent des drapeaux terroristes, incitent et encouragent le terrorisme, j’ai donc ordonné le retrait des drapeaux soutenant le terrorisme de l’espace public et l’arrêt de l’incitation contre Israël », a-t-il déclaré.

La décision de Ben-Gvir n’est pas nouvelle. En fait, sous le mandat de premier ministre de Levi Eshkol, qui appartenait au soi-disant « alignement travailliste », l’occupation israélienne a interdit les drapeaux palestiniens en 1967 immédiatement après la guerre des Six jours qui a abouti à l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza.

Par quelles décisions ce gouvernement a-t-il commencé ?

À titre de mesure punitive, le gouvernement d’occupation israélien a annoncé le 7 janvier qu’il saisirait certains revenus de l’Autorité palestinienne (AP) et révoquerait le permis de voyage spécial du ministre des Affaires étrangères de l’AP.

Parmi les mesures de représailles figurent la saisie de 39 millions de dollars de recettes fiscales perçues au nom de l’AP et leur transfert aux Israéliens, la déduction des paiements que l’AP accorde aux familles des martyrs et prisonniers palestiniens et le gel des constructions palestiniennes en Cisjordanie occupée.

Le gouvernement de Netanyahu a également déclaré qu’il prendrait des mesures contre les organisations en Cisjordanie occupée qui auraient « encouragé l’activité terroriste ou toute activité hostile », y compris les groupes qui auraient mené « une action politique et juridique contre Israël sous couvert de travail humanitaire ».

À la demande de l’Autorité palestinienne, l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU) a adopté à la fin du mois dernier une résolution sollicitant un avis de la Cour internationale de justice (CIJ) sur les implications juridiques de l’occupation illégale de la Palestine par « Israël » et ses « pratiques et activités de colonisation affectant les droits du peuple palestinien », au lendemain de l’entrée en fonction du gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

L’Assemblée générale a voté à 87-26 avec 53 abstentions sur la résolution. La CIJ est la plus haute juridiction de l’ONU traitant des questions internationales. Ses décisions sont contraignantes, mais elle n’a pas le pouvoir de les faire appliquer.

Avant le vote, l’occupation israélienne a tenté de déployer des efforts considérables pour inciter et leurrer plusieurs pays afin d’empêcher l’adoption de la résolution.

Le bureau de Netanyahu a affirmé que le cabinet agissait en « réponse à la décision de l’Autorité palestinienne de mener une guerre politique et juridique » contre « Israël ».

Commentant la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies, Netanyahu a déclaré dimanche qu' »Israël » n’était pas lié par ce qu’il a appelé la « décision ignoble ».

« Le gouvernement actuel ne restera pas les bras croisés face à cette guerre et répondra si nécessaire », a déclaré le bureau de Netanyahu.

Est-ce vraiment important que le gouvernement soit centriste, de droite ou de gauche ?

De manière significative, l’année 2022 a été « l’année la plus meurtrière pour les Palestiniens de Cisjordanie en près de deux décennies », le Washington Post a indiqué dans un rapport. La bande de Gaza a également été témoin d’une attaque israélienne de trois jours en août.

Il est à noter que ces crimes ont été commis sous un gouvernement d’occupation israélien dit « centriste », ce qui prouve qu’il n’y a en fait aucune différence entre les politiques adoptées par les différents gouvernements envers les Palestiniens, qu’ils soient de gauche, centristes ou de droite.

Pour les Palestiniens, on ne peut que s’attendre à ce que les politiques planifiées du gouvernement de Netanyahu et de ses ministres sionistes extrémistes contre les Palestiniens – y compris les prisonniers – conduisent à davantage de tensions, provoquant ainsi des confrontations plus violentes avec la Résistance palestinienne.

Par exemple, début janvier, Ben-Gvir a pris d’assaut l’enceinte de la mosquée Al-Aqsa, protégée par un grand nombre de forces d’occupation israéliennes dans un geste provocateur qui a été condamné par la communauté internationale.

Le nouveau gouvernement d’occupation israélien met tout en œuvre pour réprimer les groupes de résistance palestiniens émergents en Cisjordanie occupée, en particulier à Naplouse et à Jénine.

Une simple recherche sur Internet révèle que les massacres contre les Palestiniens avant et après la Nakba de 1948 ont été commis par des gangs sionistes qui se définissaient comme socialistes/travaillistes sionistes.

En fait, Tikva Honig-Parnass, l’ancienne secrétaire du soi-disant « Parti ouvrier uni » israélien, a estimé dans une interview pour l’International Socialist Review que le parti qui se définissait comme marxiste « appelait au socialisme d’une part, et participer au grand vol des terres des Palestiniens », d’autre part.

Honig-Parnass a également révélé que le soi-disant mouvement travailliste sioniste, dirigé par le Parti des travailleurs d' »Israël », « a dirigé le projet colonial sioniste en Palestine pendant la période d’avant 1948 ».

Après la Nakba palestinienne, 17 gouvernements d’occupation israéliens étaient dirigés par des soi-disant socialistes/travaillistes sionistes tels que David Ben Gourion, Levi Eshkol, Golda Meir et Yitzhak Rabin. Ce sont les mêmes gouvernements sous lesquels « Israël » a occupé les terres arabes, comme le Sinaï égyptien et les hauts du Golan syrien en 1967.

Un autre criminel de guerre israélien qui s’est défini comme socialiste était l’ancien Premier ministre d’occupation israélien Shimon Peres. Sous son mandat de premier ministre, les forces d’occupation israéliennes ont bombardé le 18 avril 1996 un complexe des Nations Unies à Cana, au Liban, tuant plus de 100 civils et blessant de nombreux autres, dont la plupart étaient des femmes, des enfants et des personnes âgées.

En conclusion, peu importe qui dirige un nouveau gouvernement israélien et quelle est l’idéologie de ce gouvernement, l’occupation israélienne sera toujours basée sur un système de colonisation qui s’appuie sur le génocide et le colonialisme pour expulser de force les Palestiniens et faire venir à leur place des colons israéliens illégaux. Jamais un gouvernement israélien mettra simplement fin à son occupation de la Palestine et d’autres terres arabes dans une initiative de bonne volonté.

Par conséquent, spéculer sur les plans de ce dernier gouvernement ne mène à rien, car les résultats ces plans sont toujours les mêmes ; l’attention devrait plutôt être dirigée vers la libération de chaque centimètre carré des terres arabes occupées par « Israël ». Il est temps de cesser de décrire les Israéliens comme étant de gauche ou de droite, étant donné que tous les gouvernements israéliens ont massacré des Palestiniens et volé leur terre dans le cadre de leur projet sioniste.

De gauche, centriste ou de droite, la brutalité israélienne ne cessera jamais d’exister, et « Israël » continuera à verser le sang palestinien.

Article original en anglais sur Al-Mayadeen / Traduction MR

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