Partager la publication "Les Palestiniens de Masafer Yatta pris de court par le plan militaire visant à les déplacer pendant que l’UE réfléchit en terme de réparations"
Nadeen Alshaer, 17 janvier 2023. Des officiers supérieurs de l’armée israélienne ont commencé il y a plus de deux mois les préparatifs de l’évacuation de plus de 1.000 Palestiniens de huit villages de Masafer Yatta, dans les collines du sud d’Hébron, a rapporté Hareetz le 11 janvier.
Le journal a ajouté que la planification avait commencé de manière indépendante sans discussions préalables avec des responsables politiques.Les hauts responsables ont déclaré que le plan avait été présenté pour la première fois au cabinet il y a deux semaines, après l’entrée en fonction du nouveau gouvernement d’extrême-droite, et coïncidait avec une notification officielle du Bureau de coordination et de liaison du district israélien (DCO) à leurs homologues palestiniens, selon laquelle les habitants recevraient des notifications de leur déplacement forcé « dans les prochains jours ».
On ne sait pas si les deux événements sont liés.
La « zone de tir », une menace pour les Palestiniens, mais pas pour les colons israéliens
Les terres sur lesquelles les communautés de Masafer Yatta vivent depuis avant la création d’Israël ont été désignées « zone de tir 918 » dans les années 1980, et les autorités israéliennes ont utilisé ce prétexte – tout en affirmant que les habitants de Masafer Yatta ne sont pas « des habitants permanents » de leurs villages – pour essayer de les déplacer de force depuis.
Une décision de la Cour suprême israélienne du 4 mai 2022 a finalement ouvert la voie à leur expulsion massive.Le journaliste, activiste et résident de Masafer Yatta, Basel Adra, a déjà déclaré à Jérusalem24 que les colons israéliens vivant dans la zone de tir dans trois avant-postes ne sont pas eux-mêmes menacés d’expulsion.
Pris de court
Haaretz a rapporté que le sujet du déplacement forcé imminent a été soulevé lors d’une réunion fin décembre entre Salim Sa’ad, représentant de l’administration civile (l’organisme israélien qui s’occupe des affaires civiles en Cisjordanie occupée militairement) dans la région d’Hébron, et des représentants de l’Autorité palestinienne, selon les habitants.
À la fin de la réunion, un des représentants de l’AP a déclaré aux résidents palestiniens que Sa’ad pensait que le déplacement aurait lieu « dans une autre année » et qu’il lui avait dit que deux « alternatives pour reloger » les résidents leur seraient présentées dans les semaines à venir.
La réunion avait initialement été prévue pour discuter d’une demande d’approbation du labourage agricole des terres de la région et les habitants ont été surpris par les déclarations du représentant de l’AP. Les habitants ont également été informés que Sa’ad avait parlé de l’expulsion de 12 villages – et pas seulement des huit villages dont il était question dans la dernière requête de la Haute Cour de justice.
Nidal Younis, chef du conseil du village de Masafer Yatta, a déclaré à Jérusalem24 qu’il était censé assister à une « réunion ordinaire ». « J’étais là pour soulever la question du labourage des terres pendant cette saison, avant qu’il ne soit trop tard pour les agriculteurs et leurs cultures. Au cours de la réunion, nous avons compris qu’un plan pour nous déplacer de 12 villages était en cours. »
Plus de 2.000 Palestiniens vivent dans 12 villages et communautés de Masafer Yatta, sur 35.000 dunums de terre [35 ha], selon Younis.L’UE envisage d’exiger des « réparations » pour la démolition de ses projets
Tout en évitant la mention de la notification du DCO israélien du 2 janvier concernant l’expulsion forcée imminente des résidents de Masafer Yatta, le porte-parole de l’Union européenne Shadi Othman a publié une déclaration à la presse, le 11 janvier, dénonçant la politique de colonisation d’Israël et « les mesures illégales prises concernant la démolition de projets financés par l’UE ».
« Elle [l’UE] a rappelé à plusieurs reprises à Israël la nécessité de respecter ses obligations en vertu du droit international, et en particulier du droit international humanitaire, envers la population palestinienne en Cisjordanie occupée, y compris dans la zone C et à Jérusalem-Est. »
Younis a déclaré à Jérusalem24 que la plupart des maisons de Masafer Yatta ainsi que le système de réseau d’eau, les panneaux solaires, cinq écoles et un certain nombre de routes goudronnées financées par l’UE ont été soit complètement détruites soit vandalisées par l’armée israélienne.
« La Commission suit toutes les démolitions et confiscations de structures financées par des donateurs, y compris les actifs financés par l’UE et les dommages financiers qui en découlent », indique le communiqué.
Cependant, la déclaration n’a pas tardé à préciser qu’aucune option d’exécution n’était sur la table : « A ce stade, une liste d’options possibles pour obtenir une compensation d’Israël pour le financement des actifs financés par l’UE perdus dans les démolitions n’a pas été discutée ».
Article original en anglais sur Jerusalem24 / Traduction MR
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